Le 7 janvier 2015, les frères Saïd et Chérif Kouachi faisaient irruption dans les locaux de Charlie Hebdo et assassinaient 12 personnes. Cette tragédie suscitait une grande émotion dans tout le pays. Dés le soir même, les Normands descendaient dans la rue. Un après, que reste-t-il de cet élan ?
Dés 18 heures, le 7 janvier 2015, des centaines de personnes se retrouvaient dans les rues de Caen, Vire, Lisieux, Bayeux ou Cherbourg. A 19 heures, on dénombraient près de 7000 personnes réunies en silence sur la place du théâtre de l'ancienne capitale bas-normande. Quelques heures plus tôt dans la journée à Paris, les frères Saïd et Chérif Kouachi avaient fait irruption, armes de guerre à la main, dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo et assassiné froidement les personnes présentes à ce moment là. Parmi elles, certains des plus grands noms du dessin de presse français comme Cabu ou Wolinski. Les jours suivant, des rassemblements citoyens s'étaient multipliés dans toute la région pour défendre la liberté d'expression.
Le 10 janvier, ce sont 7000 personnes qui avaient répondu à l'appel du collectif d'artistes "Art contre la terreur" au Memorial de Caen. Un an près, Béatrice Hovnanian, membre de ce collectif, estime que cet élan "n'est pas retombé" mais "il n'y a pas eu d'exutoire: on a envie de faire quelque chose mais cet élan de faire n'existe pas en ce moment". Cet "élan de faire" existe à Saint-Lô. Dans cette ville, 1500 lycées avaient manifesté pour dire leur soutien à Charlie Hebdo. Deux d'entre eux ont proposé à leur établissement le projet d'une grande fresque. "On s'est rendu compte que Charlie avait créé un élan de liberté et de patriotisme mais qui s'est essoufflé au fil du temps", explique Lara Kadjaiev, élève de terminale, "A la suite des attentats du 13 novembre, on a voulu que cet élan ne s'essouffle pas et perdure dans le temps".
Pour le dessinateur normand Emmanuel Chaunu, ces tragiques événements ont au moins contribué à changer le regard de beaucoup de gens sur le dessin de presse. "Ceux qui connaissaient déjà le dessin de presse le perçoivent plus comme une bulle de liberté. Avant, c'était banalisé. Ceux qui ne lisaient pas forcément la presse, se sont aperçus que depuis des années le dessin de presse fait partie de notre environnement et notre démocratie". Ce regard, il faut toutefois l'éduquer, estime Chaunu, pour comprendre et décrypter le dessin de presse. C'est la raison pour laquelle depuis ce tragique 7 janvier 2014, le dessinateur intervient régulièrement dans les établissements scolaires pour parler de son métier.
Reportage de Hélène Jacques et Franck Bodereau
Intervenants:
- Emmanuel Chaunu, dessinateur de presse
- Béatrice Hovnanian, collectif "Art contre terreur"
- Lara Kadjaiev, élève de Terminale au Lycée Le Verrier