Dans plusieurs départements, des dizaines de maires ont signé une lettre adressée au président de la République pour alerter sur la situation dans les quartiers défavorisés.
Ils ont écrit à Emmanuel Macron (le 13 novembre 2020) pour lancer un appel au secours. Un "SOS" pour alerter sur la situation des quartiers devenus des "territoires en décrochage" où la "détresse sociale et économique" des habitants a été accentuée par la crise sanitaire.
150 élus locaux, de différents bords politiques (représentant les 5 millions d'habitants de 1500 quartiers) demandent une aide d'urgence pour mettre fin au "décrochage à la République" qui se développe "dans nos quartiers et même au-delà", ajoutent les signataires de cette lettre ouverte, pour qui "il serait irresponsable de nier que la haine et le repli sur soi prospèrent à mesure que la rupture sociale et la pauvreté augmentent".
"Un cri d'alerte"
Parmi les élus locaux signataires de cette lettre il y a Nicolas Langlois, le maire de Dieppe, très attentif à la situation difficile vécue par de nombreux habitants de sa commune de Seine-Maritime :"Le confinement, il n'est pas le même pour tout le monde. La crise sanitaire elle a des conséquences humaines et économiques très fortes qui aggravent les inégalités et encore plus fortement dans les quartiers populaires."
Le cri d'alarme, le cri d'alerte de plus de 100 maires de toutes les régions de France, de toutes sensibilités, il vise à dire au président de la République : "écoutez-nous, on a les deux pieds dans la réalité !
On sait ce que les gens vivent !"
"La situation est en train de s'aggraver"
Près de Caen, le maire d'Hérouville-Saint-Clair est lui aussi un des signataires de ce SOS :"Ne serait-ce qu'à d'Hérouville-Saint-Clair, commune de 23.000 habitants, c'est 20% de demandes d'aide sociale (…) Nous devons être le plus réactif possible, mais seuls, les maires ne pourront pas le faire".
"Il faut être très vigilant sur le repli communautaire qui s'aggrave, voire qui s'amplifie sur notre territoire et c'est pour ça que les maires sont, comme on dit, les "hussards de la République" : il faut qu'on soit entendus, reconnus…"
Il y a une recrudescence d'insécurité, une recrudescence de délinquance, une recrudescence de trafic de stupéfiant (et de plus en plus jeunes). Nous, les maires, nous sommes confrontés à cette augmentation de délinquance ; c'est pour cela qu'on doit impérativement prendre la mesure de ce qui se passe depuis 6 mois.
Ce plan d'urgence, ce plan de relance devrait pouvoir être un début de réponse à la situation. Nous souhaitons une participation du président de la République pour faire en sorte d'agir vite, fort et intelligemment en direction des familles les plus précaires."
Un milliard d'euros
Pour financer cette aide d'urgence, les maires signataires de cette pétition adressée au président de la République demandent qu'1% des 100 milliards d'euros du plan de relance soit sanctuarisé pour ces territoires en grande difficulté.Ce "1% solidarité" sur les 100 milliards d'euros censés aider, de 2020 à 2022, la France à rebondir face à la récession, permettra d'abonder prioritairement, selon les signataires, plusieurs fonds :
- pour "les associations œuvrant pour la jeunesse et les publics en difficulté"
- pour "la création de comités locaux de solidarité"
- pour la création de "maisons médicales et de centres de santé" dans les villes les plus pauvres
- pour "la mobilisation des acteurs de l'emploi".
La réponse d'Emmanuel Macron
Le lendemain de l'envoi de cette lettre ouverte, Emmanuel Macron a demandé au gouvernement de recevoir les élus inquiets pour les quartiers défavorisés durant la crise et qui lui avaient lancé vendredi un "appel au secours", a-t-on appris ce samedi (14 novembre) auprès de l'Elysée.Selon l'AFP "le président a bien reçu la lettre. Il partage les inquiétudes et les objectifs des signataires" et "demande au gouvernement de recevoir ces élus et de travailler avec eux", a indiqué l'Elysée, sans préciser de date à ce stade.
De plus, M. Macron "tient à ce que France Relance soit au rendez-vous pour les quartiers populaires comme pour la ruralité".