Après sept années passées à entraîner Granville, Johan Gallon a envie "de voir plus haut". Son départ est annoncé au moment même où son club de coeur, le Stade Malherbe Caen, se sépare de son entraîneur. "Si on me demande, je pense que je peux être l'homme de la situation".
C'est un hasard du calendrier, une pure coïncidence, mais elle interpelle forcément. Johan Gallon avait prévu depuis plusieurs jours d'annoncer sont départ ce mercredi 24 mars, à l'occasion de l'entraînement. Il n'avait évidemment pas imaginé que le Stade Malherbe aurait viré son coach la veille au soir...
Sur le terrain d'entraînement, Johan Gallon rassemble ses joueurs. la voix étranglée par l'émotion, il leur annonce : "j'ai pris la décision d'arrêter avec Granville. Ce fut une aventure incroyable, mais j'ai envie d'aller voir plus haut. Je n'oublierai jamais ce que j'ai vécu. Je ne vous oublierai jamais".
Au rayon souvenir, l'étagère est bien garnie. Johan Gallon a pris l'équipe en Division d'Honneur. Il l'a hissée en Nationale 2. Mais c'est la Coupe de France qui a marqué les esprits. "Je ne pensais pas vivre tout ça. C'est au plus profond de mon coeur." En 2016, Granville ne tombe qu'en quart de finale face à l'Olympique de Marseille (0-1). En 2018, les Granvillais sont éliminés en huitième de finale après avoir sorti Bordeaux. Et en 2020, l'US Granville tombe encore face à Marseille (0-3) en seizième de finale.
L'homme des aventures en Coupe de France
"Ce que je retiendrai en dehors des matches, c'est la communion avec le public. À travers le foot, notre passion, on fait vivre des émotions". Les supporters gardent en mémoire l'ambiance surchauffées dans les gradins du stade d'Ornano, à Caen, lors des réceptions de l'OM. Or, cette enceinte est depuis longtemps sevrée de ces grands moments de frissons, et pas seulement à cause du huis-clos qu'impose la pandémie...
Le Stade Malherbe ne va pas bien. Le club se morfond en Ligue 2. Son maintien n'est même pas assuré. Pascal Dupraz vient d'être viré sans grand ménagement. Un tandem constitué de Fabrice Vandeputte et Cédric Hengbart le remplace au pied levé jusqu'à la fin de la saison. Johan Gallon observe à distance. Il a défendu les couleurs de ce club lorsqu'il était joueur professionnel. "Je dis souvent que lorsqu'on me fait une prise de sang, j'ai le sang rouge et bleu".
Johan Gallon veut "aller voir plus haut, en National ou en Ligue 2". S'agit-il d'une offre de service ?
Dans la situation que connaît le Stade Malherbe, il faut des gens qui aiment le club et qui ont l'intime conviction qu'il y a un potentiel. Si on me demande, je pense que je peux être l'homme de la situation. C'est un rêve. J'espère que ce sera un jour la réalité.
Johan Gallon ajoute à l'intention de ceux qui jugeront son appel du pied indélicat : "quand on a envie de quelque chose, il faut aussi le faire savoir. Je n'ai pas envie de faire ma publicité, mais je veux qu'on pense à moi". Dans le petit monde du ballon rond où l'hypocrise règne, ce genre de proposition se chuchotte plutôt en coulisse, à demi-mots. Johan Gallon parle franchement. Ce n'est pas si courant. L'homme est ambitieux et entier. Ce n'est pas la moindre de ses qualités.