Krisha: le vilain petit canard

Collaborateur de Terrence Mallick, Trey Edward Shults a présenté ce jeudi à Deauville son premier long-métrage, un film déplaisant qui s'inspire de l'histoire de sa famille.

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Tu as un trauma ? Fais donc du cinéma ! Comme on a pu le voir depuis le début de cette 41 édition du festival du cinéma américain, il est courant qu'une première oeuvre puise , plus ou moins abondamment, dans le vécu de son auteur. C'est Michael Thelin qui part d'un simple souvenir d'enfance pour construire un thriller. Dans un genre complètement différent, c'est Josh Mond qui confronte son héros, James White, à une épreuve qu'il a vécue quelques années auparavant, le cancer en phase terminale de sa mère. Si on a plus de chance de toucher le spectateur en plein coeur quand on y met du sien, la frontière est parfois mince entre sincérité et obscénité.

Krisha, une femme d'une soixantaine d'années, retrouve sa famille qu'elle n'a pas vue depuis longtemps pour fêter thanksgiving. Elle espère renouer les liens qui ont été brisés par ses errements du passé. Mais la réunion de famille va virer au désastre.


Collaborateur de Terrence Mallick, un de ses cinéastes de référence, Trey Edward Shults tente, pour sa première réalisation, un croisement entre le "Festen" de Thomas Vinterberg et le "Shining" de Stanley Kubrick, deux sources d'inspiration clairement revendiquées. Malheureusement, il semble que le jeune metteur en scène se soit pris les pieds dans le tapis de sa cinéphilie.

Dés l'ouverture du film, le réalisateur affiche ses ambitions formelles en livrant un long plan-séquence de huit minutes. Narration éclatée par le montage, cadrages anxiogènes et bande-son dissonante, le réalisateur use et surtout abuse d'effets pour surligner la tension dramatique qui va crescendo tout au long du film.

Si le réalisateur martèle formellement que ce thanksgiving va tourner au vinaigre, son scénario en revanche nous livre très peu de clés pour comprendre l'issue de cette histoire. Les motivations des personnages, évoquées en pointillé, à peine suggérées, peinent à justifier une telle emphase dramatique. 

Ce déséquilibre contribue à instaurer un sentiment de malaise, le sentiment que toute une famille s'acharne injustement sur le personnage principal, à commencer par le réalisateur qui interprète dans son film le fils de Krisha. Les quelques faux-pas de la sexagénaire durant cette réunion familiale entraînent, chez les autres protagonistes, des réactions qui semblent complètement disproportionnées au regard des maigres informations dont dispose le spectateur. Ne reste au final que le désagréable spectacle d'une famille rejetant l'un des siens, déjà bien abîmé par la vie.


Les quelques déclaration du réalisateur en conférence de presse sur la création de son film accentue un peu plus le sentiment de malaise. "C'est une fiction mais il y a énormément de choses personnelles dans ce film. Certains événements se sont déroulés comme dans le film. Krisha est un mélange de plusieurs membres de ma famille et notamment de mon père, de la relation qu'on avait avant sa disparition". Le film a été tourné en 9 jours dans la maison de sa mère avec un casting réunissant des comédiens professionnels et des amateurs, dont certains proches du réalisateur qui évoque "une expérience cathartique positive". 

Trey Edward Shults ne compte malheureusement pas s'arrêter là: il annonce travailler sur un film d'horreur "très personnel" qu'il a écrit juste après le décès de son père. On en frémit d'avance.

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