A quoi ressemblera la région en 2 100 ? Si le réchauffement paraît inéluctable, peut-on limiter la hausse de la température à moins de 4 degrés ? Comment éviter le scénario catastrophe prédit par les experts avec notamment plus de 400 communes qui se retrouveraient sous les eaux à la fin du siècle ? Réponses dans Dimanche en politique.
Il n’est pas trop tard pour agir.
Benoît LaignelCo-président du Giec Normand
Benoît Laignel, co-président du Giec Normand estime qu’il faut tout faire pour limiter la hausse des températures à moins de 3 degrés pour éviter des conséquences qui pourraient être irréversibles.
Le littoral normand submergé
Deux tiers de nos côtes sont déjà touchés par la montée des eaux et le processus pourrait bien s’accélérer d’ici la fin du siècle avec 1 000 Km2 des terres normandes qui pourraient se retrouver sous les eaux dans le cas d’une hausse des températures de 4°.
Les analyses qu'on a effectuées montrent très bien qu'on a déjà sur toutes nos stations normandes depuis 1970, des réchauffements globalement entre 1,2 et 2,2 degrés. On a plus de nombre de jours de fortes chaleurs, on a une diminution du nombre de jours de gel. C'est vraiment une réalité.
Benoît LaignelCo-président du Giec Normand
Ce sont 428 communes normandes, 122 000 habitants, 16 000 entreprises qui pourraient être submergées. En 2 100, les communes de Réville (50), Dives sur mer et Grandcamp-Maisy (14) font partie des communes menacées de disparaître de la carte.
C'est très très inquiétant. Une femme est décédée à Rouen, un homme est décédé cet été projeté sur une façade de restaurant. Aujourd'hui, on estime que les événements climatiques extrêmes peuvent faire des morts, ça pourrait être pire heureusement. Effectivement les projections ne sont pas du tout rassurantes, et l'action politique n'est pas à la hauteur.
Alma DufourDéputée Seine-Maritime LFI-NUPES
Construire des Digues pour se protéger de la montée des eaux
Avec plus de 630 km de côte, la Normandie est l'une des régions les plus exposée à la montée du niveau de la mer, elle pourrait voir sa superficie diminuer de 3,5% à la fin du siècle. Comment éviter le déménagement des populations ? Devra-t-on nous protéger de digues ou autres barrières anti-inondations pour permettre aux habitants de continuer à vivre dans les zones côtières ? Qui va payer ces travaux ? Les communes n’ont pas les moyens de payer cette facture colossale, des investisseurs privés se disent prêts à financer ces ouvrages sous condition de pouvoir aménager le bord de mer comme ils l’entendent.
Aujourd'hui, on a pas été collectivement à la hauteur. Je suis d'une génération où on regarde que depuis 10 ans, 20 ans, 30 ans, ce sont les experts qui tirent la sonnette d'alarme et les choses ne se passent pas suffisamment radicalement ou suffisamment vites, on est dans une alerte où il faut accélérer très vite très loin et plus on attend, plus il faudra faire des choses radicales.
Grégoire FratyMembre de la convention citoyenne pour le climat (Modem)
Comment se déplacer demain en Normandie ?
Les transports et notamment les voitures particulières représentent 80% des émissions de CO2. C’est dans ce secteur qu’il nous faudra faire des efforts passant par des modes de déplacements plus doux.
La voiture électrique est-elle la solution ?
A ce jour, seulement 1% des véhicules roulent à l’électrique et seulement 12% des acheteurs choisissent de passer chaque année à l’électrique. La question du prix et de la recharge sont encore aujourd’hui des freins pour les clients même si le réseau de bornes continue de s’étoffer en Normandie avec plus 1 500 points de recharge installés aujourd’hui dans la région.
Le vélo apparaît dans les grandes villes comme la solution la moins polluante, les pistes cyclables doivent encore se développer, certains projets comme le périphérique de Caen à vélo lancé en 2019 sont cités en exemple mais en 3 ans, seuls 5 km ont été aménagés, il en reste 10 !
Pour sortir les voitures des villes, l’intermodalité apparaît comme une priorité régionale. Comment concilier le vélo, le train et les transports en commun, et réussir à laisser sa voiture au garage ?
Le site commentjyvais.fr mis en place en Normandie permet en quelques clics de savoir quels modes de transports respectueux de l’environnement et peu coûteux sont à votre disposition.
L’Industrie devra faire des efforts
Il y a quelques jours, les 50 plus gros pollueurs de l’hexagone étaient convoqués à l’Elysée avec une mise en demeure de faire des efforts pour réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre dans les 10 ans qui viennent en échange d’une enveloppe de 10 milliards d’euros.
La Normandie compte à elle seule 5 sites parmi les plus polluants du pays :
- 4 en Seine-Maritime
- 1 dans le calvados
L’industrie qui représente des milliers d’emplois dans la région est responsable de 20% des rejets de CO2 dans l’atmosphère mais les grands groupes sont-ils prêts à s’engager sur la décarbonation comme leur demande l’exécutif ? Faudra-t-il mettre demain, un système plus contraignant avec des pénalités pour ceux qui ne joueraient pas le jeu, le débat est ouvert.
Les industriels n'ont pas le choix. Il faut les former, les contraindre, on se rend compte que les décideurs économiques, les comités de direction ne connaissent rien à la transition écologique.
Grégoire FratyMembre de la convention citoyenne pour le climat (Modem)
Aujourd'hui, il faut accompagner mais contraindre aussi. Ce n'est pas vrai que Total Energies ne sait pas ce qui se passe en terme de changement climatique. Dès la COP21, ils tablaient sur un réchauffement pragmatique à 3,5 degrés. Il y a des acteurs systémiques comme Total Energies qui ont une responsabilité aussi lourde que l'Etat français, dans le fait que le monde entier n'arrive pas à lutter contre le changement climatique.
Alma DufourDéputée Nupes de Seine-Maritime
La Normandie face au défi du changement climatique, à découvrir ce dimanche à 11h30 sur France 3 Normandie et en replay sur la plateforme France.TV