Les producteurs de lait de l'Ouest manifestent à partir de ce lundi soir à Laval devant le siège du groupe Lactalis. Ils dénoncent les prix bas pratiqués par l'industriel. Une de nos équipes a rencontré des éleveurs normands, à bout de nerfs.
Depuis plusieurs semaines, la colère des producteurs laitiers ne cessent de monter. Dans leur viseur, le géant du secteur, Lactalis, accusé de les étrangler en achetant au plus bas prix. Dans la région, ce mois d'août, l'industriel a été visé par plusieurs actions lancées par la FNSEA et les JA (dans l'Orne ou la Manche).
Ce lundi, c'est le siège du groupe, à Laval, qui doit être ciblé à partir de 20 h 30 par les producteurs de lait de l'ouest de la France. Les agriculteurs mayennais vont bloquer le rond-point situé à l'entrée de l'usine avec du matériel agricole. Leurs collègues des régions voisines (Bretagne, Normandie) prendront le relais toute la semaine.
Parmi eux, Jean-François Pépin, exploitant de la Ferme de la Saussaye, dans le Bessin. Il a prévu de se rendre à Laval ce jeudi. Comme ses confrères liés par contrat au géant laitier, l'éleveur calvadosien peine à joindre les deux bouts. "On aime notre métier, alors on le fait tous les jours mais c'est vrai qu'on se demande si ça va durer, on ne peut plus".
Aujourd'hui, Lactalis achète 275 euros les 1000 litres produits par l'exploitation. "Ce qui nous faudrait c'est 340 les 1000 litres pour payer tout ce qu'on doit, pour être à zéro, sans nous payer de salaire". Et 375 euros pour que les trois associés puissent se dégager un salaire. "Déjà qu'on n'avait pas de trésorerie au début de l'année, là ça devient catastrophique. On ne paye plus aucun fournisseur ".
Reportage de Thierry Cléon et Manon Descoubès
Intervenants:
- Jean-François Pépin, exploitant laitier Ferme de la Saussaye
- Olivier Porée, exploitant laitier Ferme de la Saussaye