En retrait de la ligne de front de la Grande Guerre, la Normandie et les Normands ont pourtant joué pleinement leur rôle. Certains pans de cette histoire sont d'ailleurs méconnus ou restent même encore à découvrir...
Cette année 2018 est marquée par les commémorations du Centenaire de l'armistice de la première guerre mondiale. Toute cette semaine, nous vous proposons de revenir sur des faits et des lieux marquants de l'histoire de la Première guerre mondiale, en Normandie.
Granville, une ville de garnison pendant la première guerre mondiale
1er aout 1914 : mobilisation générale à Granville, ville de garnison, comme partout en France. Le régiment de Granville se met en ordre de marche et 3 500 hommes quittent la ville le 8 août dans l'émotion des familles. 300 d'entre eux vont mourir dans les premiers combats à Charleroi les 21 et 22 aout. A ce moment-là, des réfugiés arrivent du Nord de la France et de la Belgique, mais aussi des blessés.
Quand aux indésirables, des hommes et des femmes ressortissants de l'empire allemand et austro-hongrois présents en France, ils sont incarcérés à la corderie Aubert, près de Granville ou, pour 650 d'entre eux, envoyés sur l'archipel de Chausey.
Les entreprises locales vont se reconvertir dans l'économie de guerre, comme Dior, connue pour sa production de produits chimiques, va produire des gaz asphyxiants, ou la fonderie Nivard qui va fabriquer des obus.L'usine Dior est connue pour fabriquer des engrais, des produits chimiques et va se reconvertir en industrie de guerre et elle va fabriquer des explosifs et des gaz asphyxiants. P. Fissot, historien
Patrick Fissot, historien spécialiste de la première guerre mondiale
Reportage : Thierry Cléon, Cyril Duponchel, Franck Leroy et Xavier Gérard
Les Chinois, oubliés de la Grande Guerre
Dans le petit cimetière britanique d'Arques la Bataille en Seine Maritime, sont ensevelis 72 Chinois. Ils sont arrivés en France comme beaucoup d'autres travailleurs chinois, venus des Etats Unis à partir de 1916 pour suppléer au manque de main d'oeuvre en France, les hommes étant mobilisés sur le Front.Ils ont travaillé dans les usines de munitions, sur les chantiers navals normands ou même sur les champs de bataille.
Tous étaient volontaires, appréciés pour leur efficacité et docilité, on leur promettait de bons salaires. Certains ont habité dans des camps comme celui de Collombelles (Calvados) ou encore à Blangy sur Bresle (Seine-Maritime), Cherbourg (Manche), Dieppe ou Caen.Ils creusaient des tranchées, nettoyaient les zones de bataille...Ils travaillaient 7 jours sur 7, 10 heures par jour. ... La population leur jetait des pierres, les appelait "Chintok. Li Ma, professeur à l'Université du Littoral Côte d'Opale.
Au total, en France, on estime à 140 000 le nombre de travailleurs Chinois venus en France pour travailler, dont 5 000 ont perdu la vie.
Li Ma, Professeur à l'Université du Littoral Côte d'Opale
Christophe Lentz, professeur d'histoire
Georges Charles, passionné d'histoire et auteur du blog "Tao-Yin"
Reportage de Jean-Baptiste Pattier, Jérôme Bègue, Alexis Molina Mounier
Les hôpitaux nord américains du Tréport
Installées au pied du Trianon, le Grand Hôtel de la cité portuaire du Tréport, de simples toiles de tente puis des baraquement en bois ont servi d'hôpitaux pour les soldats nord américains pendant la première guerre mondiale. L'endroit a été choisi en 1915 pour sa proximité avec le front et les moyens de communication. Plus de 300 000 soldats britanniques, canadiens et américains ont été soignés dans ces hôpitaux dont il ne reste plus rien aujourd'hui.
Jean-Luc Dron
Un reportage de Jean Baptiste Pattier, Jérôme Bègue, Xavier Robert et Alexis Molina-Mounier
Les Britanniques au Mont Canisy
293 soldat de la guerre 14-18 reposent dans le petit cimetière britannique de Tourgeville, dans le Calvados. Ils ont séjourné dans les installations sanitaires implantées à partir de 1917 sur le Mont Canisy, dans l'arrière pays de Deauville. Ces quatre hôpitaux militaires ont permis le désengorgement du Havre et l'accueil de 30 000 hommes entre 1917 et 1919, blessés et convalescents britanniques.
Il ne reste quasiment rien de ces baraquements, construits en bois pour la plupart, même si des découvertes de fondations en béton se font encore aujourd'hui.
Jean Moisy, historien local
Frederick Verbauwhede, Président de l'association des Amis du Mont Canisy
Reportage : Thierry Cléon, Arnaud Chorin, Régis St Estève, Marc Michel, François Hauville