De gigantesques incendies ont ravagé l'Australie laissant d'innombrables orphelins parmi les animaux. Des couturières cherbourgeoises ont répondu à l'appel d'un parc animalier pour réaliser des poches destinés aux bébés.
Ce sont des images qui ont suscité de fortes émotions. Dans des paysages de fin du monde, ravagés par les flammes, des animaux blessés errant parmi les cendres et cherchant de l'aide ou un refuge. Parmi ces âmes en peine, bon nombre de bébés. Les incendies qui ont ravagé depuis septembre dernier l'Australie auraient causé la mort de plus d'un milliard d'animaux. Et laissé d'innombrables orphelins. Début janvier, le Parc Australien, un parc animalier situé à Carcassonne, a lancé un appel sur les réseaux sociaux, un appel qui a été entendu jusque dans le Nord-Cotentin.
Dès le 11 janvier, Sandrine Lefebvre, couturière professionnelle travaillant notamment pour la Marine nationale, a organisé à Cherbourg un premier atelier. "Ma fille étant en Australie, on a pas mal parlé des incendies parce que j'étais inquiète pour elle et de fil en aiguille on s'est mise à parler des animaux. Etant couturière de métier, ça me semblait une évidence de participer et j'ai décidé de lancer cette action à Cherbourg. L'objetcif, c'était de rassembler des couturières, novices ou confirmées."
Objectif largement atteint puisque Sandrine a organisé ce samedi 24 janvier un second atelier. "J'ai plein d'autres groupes qui n'ont pas pu venir mais qui font de la couture chez eux."
Les couturières volontaires sont invitées à confectionner des sacs supendus et des poches pour accueillir les animaux, et pas seulement les kangourous. Koalas ou wombats font également partie de la famille des marsupiaux, une espèce où le petit se développe en grande partie dans la poche ventrale de sa maman. En Australie, certains ont perdu leur mère, d'autres ont été expulsés du douillet refuge maternel sous le coup du stress causé par les incendies.
Vidéo : à quoi sert la poche des marsupiaux ?
Pas de synthétique, que de la fibre végétale
La fabrication de ces poches et sacs suspendus obéit à des règle strictes. "On est sur de la couture à l'anglaise pour ne pas que les fils soient au contact des plaies des animaux", explique Sandrine Lefebvre. Pour le choix du tissu, "100% coton, 100% chanvre ou du lin, pas de fibre synthétique, que des fibres végétales", prévient la couturière, "le synthétique va coller à la plaie. Si vous regardez une compresse, c'est de la fibre végétale. Quand on est blessé, c'est ce qu'il y a de mieux et c'est un antitranspirant." Le parc australien de Carcassonne tout comme la maison de couture Germaine Guérin, elle aussi investie dans cette opération de solidarité, ont diffusé sur les réseaux sociaux des patrons à destination des couturières bénévoles.La large diffusion de cet appel à la solidarité aux quatres coins de la France est d'autant plus essentielle que les besoins sont très importants. "Pour un kangourou, il faut 30 sacs suspendus", indique Sandrine Lefebvre, "Les animaux font leurs besoins dedans. Il faut un roulement de sacs. Pareil pour les poches, qui sont dotées de trois doublures."
Pas besoin de doigt de fée pour la solidarité
Si vous ne connaissez rien à la couture, vous pouvez quand même participer. Les centaines de poches et de sacs suspendus confectionnés dans l'hexagone ont besoin d'être acheminés en Australie. Le parc australien et la maison Guérin ont ainsi lancé des cagnottes sur internet pour financer l'expédition des colis. Dans le Cotentin, Sandrine Lefebvre a encore besoin de colis pré-payés pour envoyer les créations des couturières cherbourgeoises à Carcassonne (où se trouve le parc australien).Ce samedi, plusieurs personnes sont passées par l'atelier pour faire des dons, comme Jackie Young. Avec le contrat signé entre Naval Group et le gouvernement australien sur la vente de 12 sous-marins, plusieurs Australiens et leurs familles se sont installés dans le Nord-Cotentin.
"Il y a toujours eu des bénévoles spécialement agréés qui prenaient soin des animaux, mais maintenant, de nombreux animaux sont blessés ou ont perdu leur mère et beaucoup de gens sont autorisés à rejoindre les rangs de ces bénévoles", raconte la néo-Cherbourgeoise, "Ils emmènent les kangourous, les koalas, les wombats chez eux, pour deux ou trois semaines, et les nourrissent. Ils les emportent aussi avec eux au travail, dans ces sacs suspendus, pour pouvoir continuer à les nourrir, à la main, tout au long de la journée."
L'intiative de Sandrine Lefebvre contribue également, d'une certaine manière, à tisser des liens entre les Cherbourgeois et la communauté australienne. "Ça me fait chaud au coeur de voir que des gens de si loin veulent aider les animaux d'Australie", confie Jackie Young, "Ils aident comme ils peuvent et c'est merveilleux. Merci la France !"