C'est une exclusivité de nos confrères du Parisien. Ils ont eu accès aux déclarations de la policière mise en examen pour meurtre, après avoir tiré sur un jeune homme le 9 juin à Cherbourg. La gardienne de la paix affirme s’être "sentie en danger", mais l’IGPN n'a retenu "ni l'état de nécessité, ni la légitime défense" dans cette action. Le jeune homme tenait un téléphone dans sa main. Il n'était pas armé.

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"Je n’ai pas eu d’autre choix, je me suis vraiment sentie menacée par une arme". Le 9 juin vers 23h30, la gardienne de la paix Valérie B. a tiré sur Sulivan, 19 ans, avec son arme de service alors que le jeune homme prenait la fuite à pied après un refus d’obtempérer à Octeville, près de Cherbourg.

"Je me suis sentie en danger, j'ai eu peur"

Mise en examen pour "homicide volontaire" et placée sous contrôle judiciaire strict, la policière de 46 ans maintient avoir agi sous le sentiment de menace que représentait Sulivan. C'est ce qui ressort des déclarations qu'elle a faites à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et au juge d’instruction. Nos confrères du Parisien ont pu consulter les PV d'audition.

Dans la pénombre, la policière a cru voir une arme :  "J’ai vu l’individu qui était sur le trottoir me désigner de sa main droite, il avait quelque chose dans sa main, pour moi, c'était une arme de poing. Sa main venait de l’arrière ou au niveau de la poche de son pantalon dans ma direction. Ce n’était pas un geste naturel de course, pour moi, je l’ai interprété comme étant une sortie d’arme. Je me suis sentie en danger, j’ai eu peur." 

L'IGPN ne retient "ni la légitime défense, ni l'état de nécessité"

Mais ce que la policière croit voir est en réalité le téléphone portable de la victime. Le jeune homme n’avait aucune arme sur lui. Le Figaro rapporte les propos de son avocat Me Thomas Baudry : "Elle a agi en quelques secondes dans l'adrénaline d'une course-poursuite. Valérie n'est pas un cow-boy, elle a vu son collègue sortir son taser alors, elle s’est dit qu'elle devait sortir son arme."

Pourtant, à l’issue de ses investigations, l’IGPN n'a retenu "ni l'état de nécessité, ni la légitime défense", dans son rapport. Elle estime que le tir d’un autre fonctionnaire de police avec son pistolet à impulsion électrique au même moment " s’inscrivait parfaitement dans le cadre de nécessité et respectait l’exigence de proportionnalité de la menace". Par conséquent, le tir de la gardienne de paix est estimé comme non réglementaire par l’IGPN.

Le parquet de Coutances consterné


C'est le parquet de Coutances, dans la Manche, qui est en charge de l'instruction. Le procureur de la République, Gauthier Poupeau, que nous avons joint, ne mâche pas ses mots : 

"Je dois vous avouer être consterné de la violation du secret de l'instruction puisqu'il aura été remis aux journalistes du Monde et du Parisien la copie de la procédure... Mais je vous en confirme le contenu"

Gauthier Poupeau

Procureur de la République de Coutances

La mort de Sulivan a provoqué un vif émoi. Plus de 600 personnes ont participé à une marche blanche le 12 juin à Cherbourg. Une autre manifestation s'est tenue le samedi 15 juin devant le palais de justice pour protester contre la mesure de contrôle judiciaire à laquelle est astreinte la fonctionnaire.

"La remise en liberté de cette policière scandalise grandement tout son entourage et tout son quartier" déclarait alors Yassine Bouzrou, l'avocat de la mère de la victime, interrogé par l'AFP. Dans un communiqué publié quelques heures plus tôt, l'avocat soulignait que "100% des personnes qui viennent de commettre un crime vont en prison, au moins les premiers jours de l'enquête". Depuis la mort de Sulivan, le quartier des Provinces où il vivait a connu plusieurs nuits d'émeutes urbaines.

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