Pour les 20 ans de La Cité de la mer de Cherbourg, Marine Barnérias et l’équipe de Littoral se sont rendues dans la ville phare du Cotentin pour rencontrer Bernard Cauvin sans qui rien n’aurait pu se faire. Il nous raconte comment la gare maritime a été sauvée et transformée en un site de découverte unique, reconnu par les explorateurs de toute la planète.
L’ADN de Cherbourg, c’est d’abord la mer. Et c'est ici, à la pointe du Cotentin, que s'érige d'ailleurs fièrement la Cité de la mer, dans l'ancienne gare maritime transatlantique. Un complexe qui ne constitue rien d'autre que la plus grande construction de France après le château de Versailles. Et qui depuis 20 ans émerveille des visiteurs de tous âges venus du monde entier.
C'est le 29 avril 2002 que la Cité de la Mer a ouvert ses portes au public. Depuis sa création, ce lieu dédié à l’aventure sous-marine a attiré 4,5 millions de visiteurs.
Avant elle, dans les années 30, se tenait en lieu et place une magnifique gare maritime et ferroviaire dédiée aux traversées transatlantiques. "Cherbourg faisait partie de ces grands ports d’émigration entre 1880 et 1939. Il y avait beaucoup de compagnies de paquebots : française, américaines, anglaises, allemandes, suédoises… Les migrants fuyaient la misère et partaient vers un nouveau monde."
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Il y a toujours eu cette ouverture à Cherbourg. Souvent on entend que Cherbourg est au bout du monde et moi je réponds "Non ! Cherbourg est au bord d’UN monde", c’est une plateforme vers la mer, vers la Manche, vers les autres. C’est essentiel de garder ces valeurs là car elles sont au cœur de l’humanité aujourd’hui.
Bernard Cauvin, PDG de la Cité de la mer
La Gare maritime Transatlantique de Cherbourg
La deuxième maison de Bernard Cauvin, c’est la Cité de la mer, installée dans le seul bâtiment qui subsiste de l’époque des grands paquebots.
"Cet incroyable bâtiment art déco datant de 1933 a été la plus grande gare maritime transatlantique du monde, mais aussi la plus vaste construction de France après le Château de Versailles", explique Bernard Cauvin.
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Pendant quelques années, ce fut l’âge d’or des transatlantiques à Cherbourg. Hélas, le destin de la gare fut stoppé net avec les bombardements de la seconde guerre mondiale. Partiellement amputée, elle a poursuivi malgré tout sa carrière encore quelques années, voyant passer des voyageurs du monde entier comme les stars de cinéma de l’époque, tels Liz Taylor ou Fernandel.
A partir de la deuxième moitié des années 60, l’aviation transatlantique prend largement le pas sur les paquebots qui vont progressivement non pas disparaître, mais réduire considérablement leur nombre d’escales. "Moi un bâtiment comme ça, ça me faisait rêver", confesse le Cherbourgeois. "Je fais partie d’une équipe, avec quelques personnes qui s’est dit ce n’est pas possible que ce patrimoine disparaisse. Si la Cité de la mer n’était pas venue, ce bâtiment-là n’existerait pas. Il fallait trouver un projet qui pourrait sauver ce patrimoine hors du commun."
Le Titanic de retour à Cherbourg
Tiens, vous voilà dans la Salle des Bagages. Touristes fortunés, émigrants rêvant de jours meilleurs, tant de destins se sont croisés ici : la gare n’est plus mais les murs de la cité gardent toujours la mémoire de ces foules anonymes. Toutes les classes sociales se retrouvaient dans ces gares et ils sont plusieurs centaines de milliers de migrants a être passés par Cherbourg.
Sur une borne interactive de la Cité de la Mer, le visiteur peut consulter les registres des passagers transatlantiques et voir si un ancêtre a fait partie de ces voyageurs.
En descendant un escalier, le visiteur se retrouve voyageur lui même, plongé dans l'univers légendaire du Titanic. "Le Titanic a fait escale à Cherbourg et ç’a été la seule escale européenne qu’il ait faite" raconte Bernard Cauvin. C'était le 10 avril 1912. On y découvre l’épopée des passagers à travers des objets remontés du paquebot naufragé.
Le Titanic émerveille-t-il encore ? "Oui, et cela va bien au-delà du film de James Cameron. Les visiteurs qui se baladent dans cette exposition, c’est comme dans un paquebot, tu peux t’y perdre un peu, tu vas dans les coursives, tu ne vis pas la même chose, tu rencontres des passagers"…s'enthousiasme Virginie Brenot Beaufrère, responsable de l'offre culturelle de La Cité de la Mer. L’exposition est très immersive, et permet de visiter et de découvrir l’ambiance de tous les ponts.
Le Redoutable, construit à Cherbourg et fleuron de la Cité
Mais la Cité de la Mer, c’est aussi le passé militaire de Cherbourg. Et une de ses pièces phare est sans conteste le Redoutable, le premier sous-marin nucléaire français, construit non loin de la Cité de la mer et lancé le 29 mars 1967. Désormais sorti de la flotte, il vit une retraite paisible à la Cité et permet au visiteur de plonger dans l’époque de la guerre froide.
C’est le 4 juillet 2000 que le Redoutable est arrivé, conduit par la marine nationale, pour loger ses quelques 8.000 tonnes dans la darse construite exprès pour lui.
Le Redoutable en chiffres, c’est 128 mètres de longueur sur 10,60 mètres de largeur. C’est 20 ans sous la mer et pas moins de 90.000 heures en plongée. Aujourd’hui, il permet au public de comprendre la vie d’un sous-marin et d’en percer quelques secrets.
L’arrivée du Redoutable symbolise le début de l’aventure de la Cité de la mer.
C’était au départ le mariage improbable d’une cathédrale art déco des années 30, la gare maritime, et du premier sous-marin nucléaire français lancé par le Général De Gaulle en 1967.
Bernard Cauvin, PDG de la Cité de la Mer
>> Document – 4 juillet 2000, le transfert du Redoutable
Développer l’imaginaire et transmettre
L’océan, c’est lui qui assurera l’avenir de nos civilisations humaines. L’Océan c’est la clé !
Bernard Cauvin, PDG de la Cité de la Mer
Bernard Cauvin dit volontiers que la Cité, "c’est la maison des découvreurs des abysses". La Cité de la mer, c’est un lieu qui rassemble énormément de connaissances avec une magnifique scénographie et une pédagogie qui permet à tous d’y apprendre, d’y découvrir, d’y rêver aussi.
Le vœu de Bernard pour la suite ? "Que cette Cité continue à être ce qu’elle est, qu’elle devienne un, -non « LE »- centre d’éducation ouverte, où tous les publics de toute nation et de tout âge pourraient comprendre l’enjeu de l’Océan et pourquoi il est essentiel de le préserver. Car l’océan, c’est lui qui assurera l’avenir de nos civilisations humaines. L’Océan c’est la clé ! et le pire c’est que Jules Verne l’avait prédit !"
Infos pratiques :
GARE MARITIME TRANSATLANTIQUE
50100 CHERBOURG-EN-COTENTIN
Tel : +33(0)2 33 20 26 69
A voir. Littoral : La Cité de la mer de Cherbourg, 20 ans d’aventures sous-marines
Samedi 26 mars à 9h40 sur France 3 Normandie et disponible dès le lendemain sur France.tv
Pour les 20 ans de La Cité de la mer de Cherbourg, Marine Barnérias est allée rencontrer Bernard Cauvin, le PDG de la Cité. Dans ce nouveau numéro de Littoral, Marine part découvrir le Redoutable, le premier sous-marin nucléaire français, elle se plonge dans l’histoire de Cherbourg, du Titanic, puis rencontre un élevage insolite de méduses.