La députée de Cherbourg Sonia Krimi a annoncé sa candidature aux municipales. Pour l'heure, pas d'investiture de la République en Marche. La bataille des municipales promet d'être âpre dans la capitale du Nord-Cotentin.
Le suspens n'était pas insoutenable. A Cherbourg-en-Cotentin, on attendait surtout le moment où Sonia Krimi officialiserait sa candidature pour les municipales. Celle qui fut la députée la plus mal élue de France lors de la vague En Marche! aux législatives, au terme d'un hold-up soutenu par les notables de la Manche au détriment du candidat investi officiellement par LREM, a annoncé ce vendredi 15 novembre vouloir maintenant briguer la mairie. Prête donc pour la deuxième manche.
Je serai tête de liste du mouvement « Citoyens dans la ville ». C’est un moment important car je veux mieux vivre dans ma ville.
Selon toute vraisemblance, l’élue LREM ne demandera pas l’investiture du parti présidentiel à l’occasion de cette élection mais ne la refuserait pas forcement si on lui proposait. Elle devrait travailler avec des gens de droite et de gauche, du Modem aussi. " Les gens veulent que ça marche, c'est tout, c'est obsolète la droite et la gauche". Le credo macroniste, sans le tampon. Et sans les soutiens antérieurs des notables locaux, pour beaucoup devenus des ennemis officiels. L'un d'entre eux qui veut rester anonyme: "elle nous a blousé, elle ne travaille pas, on s'est fait avoir".
Sonia Krimi n'ignore pas les attaques qui viennent de part et d'autre.
Cet irrespect envers un élu national...j'ai compris que c'est une manière de faire...totalement aigrie, dépassée, clivante...Je me suis dit, on ne peut pas laisser Cherbourg comme ça.
" Tout sauf Krimi"
Sonia Krimi est connue au niveau national pour ses prises de positions dites "frondeuses", un franc-parler, un certain culot, une façon de s'ériger sur la crise migratoire en Méditerrannée ou encore sur la reconnaissance du génocide arménien. Du buzz qui lui ouvre la porte des plateaux parisiens, en quête de nouveaux visages politiques télégéniques et friands de division dans la majorité présidentielle.
A la pointe du Cotentin, certains ironisent dont le PS local qui redoute de perdre son fief historique. Il ne manque pas de mettre en avant les contradictions de l'élue locale, entre ses prises de positions médiatiques et ses votes à l'Assemblée nationale. " Elle ne vote jamais contre la majorité présidentielle, a minima elle s'abstient."
Le matin avec #GretaThunberg ✅
— PS Manche (@PS_Manche) July 23, 2019
L’après-midi favorable au #CETA ❌
Pour la cohérence de @Sonia_Krimi à l’@AssembleeNat, c’est encore raté ?♂️ https://t.co/sZX9pzbjCy
Mais à Cherbourg, Sonia Krimi a peu à peu gagné l'affection des habitants. " Madame Sonia" entend-t-on sur le marché. La députée claque la bise, prend dans ses bras. " Elle parle simple". Le lien qu'elle a tissé avec les habitants est réel et puis " avec elle, ça change, on en a marre de voir toujours les mêmes".
Bref, tout du pedigree d'une adversaire à abattre. Médiatique, populaire, avec du tempérament.
Comme l'écrivent nos confrères de France Bleu Cotentin dans un papier au titre ironique "Municipales à Cherbourg : un petit air de Dallas!", on apprend que deux de ces concurrents déclarés, un LR et un PS, pourraient s'unir pour la déboulonner.
En l'occurrence, le Républicain David Margueritte, toujours pas officiellement tête de liste à Cherbourg, mais qui devrait le dévoiler, lui aussi vers la mi-novembre, aurait passé un pacte tacite avec le maire sortant socialiste Benoît Arrivé, héritier de Bernard Cazeneuve, ennemi juré à Cherbourg du candidat Les Républicains! C'est en tout cas ce que plusieurs sources, dont des élus du Cotentin, pour certains proches des candidats, nous confirment. Selon eux, les deux hommes ont échangé et imaginé un partage gagnant gagnant : la ville de Cherbourg-en-Cotentin pour Benoît Arrivé, l'agglomération pour David Margueritte. Article France Bleu Cotentin par Benoît Martin.
Une salle de spectacle et du bio à la cantine
Ce matin, Sonia Krimi a dévoilé dans une conférence de presse les 4 axes de sa campagne: la santé, l'environnement, l'éducation et la culture, et enfin, la solidarité et la proximité.
Gratuité des transports publics, repas bio et de saison dans les cantines scolaires, une salle de spectacle entre 3 000 et 3 500 places, un rythme scolaire à 4 jours ou encore une projet de patinoire figurent parmi ses propositions.
A Cherbourg, les enjeux de campagne se dessinent aussi d'eux-mêmes comme le sort de l'hopital Pasteur Cherbourg-Valognes à propos duquel Sonia Krimi est critiquée, accusée d'avoir validé la suppression de 200 postes. "Lors d'une réunion , elle s'était dit favorable aux suppressions de postes afin de réduire le déficit de notre établissement", soulignent les syndicats.
Premier meeting de Sonia Krimi le 29 novembre à la salle Davoury, rue Ferdinand Buisson à Equeurdreville.