Les grandes entreprises du Cotentin ne trouvent plus de main d'œuvre : Naval Group, EDF, Orano et les CMN ont décidé de créer un établissement pour rendre la soudure plus séduisante. Les premiers stagiaires seront accueillis en septembre 2022 et une école flambant neuve sera livrée en 2023.
Le manque de personnel qualifié est tel que les entreprises en sont à "débaucher des soudeurs" chez les concurrents. Dans le Cotentin, la pénurie est déjà criante. Or, Naval Group voit se profiler le programme de construction des nouveaux sous-marins lanceurs d'engin, EDF espère construire un nouvel EPR et les CMN ont un carnet de commande fourni.
Les principaux employeurs ont donc décidé d'oeuvrer ensemble à la création d'un "pôle d'excellence soudage" baptisé HEFAÏS. Le nom est inspiré d’Hephaïstos, le dieu grec de la métallurgie, parce que "sa vocation est de former les meilleurs soudeurs de France". Rien de moins.
Former les meilleurs soudeurs de France
L'établissement est piloté par EDF, Naval Groupe, Orano et les CMN. Il est soutenu par l'agglomération de Cherbourg-en-Cotentin, la CCI et l'UIMM (Union des Industries Métallurgiques). C'est Patrice Gosset, le patron de la centrale de Flamanville qui en assure la présidence. Les partenaires investissent plus de 4 M€, "les grands industriels contribuent à hauteur de 1,7 M€ au projet en finançant entre autres, les maquettes reconstituant des environnements industriels qui constituent une des grandes valeurs ajoutées de l’école".
Cherbourg-en-Cotentin lance la construction d'un bâtiment qui sera livré en 2023. HEFAÏS sera toutefois en mesure d'accueillir ses premiers stagiaires dès le mois de septembre 2022 dans un bâtiment industriel situé dans la Hague. À terme, l'école doit pouvoir en former 200 chaque année.
"Le soudage est un métier noble"
Dans un premier temps, l'école perfectionnera des soudeurs de métier. Les quatre entreprises qui ont créé l'école ont en effet besoin d'un "niveau de technicité élevé". Il faut au moins cinq ans pour former un bon soudeur de coques chez Naval Group. HEFAÏS devrait permettre de raccourcir ce délai.
Quand le nouveau bâtiment aura été livré, l'école sera en mesure de pouvoir aussi former des débutants. "On souhaite lutter contre le déficit d'attractivité, explique Sébastien Van Eslander, chef de projet d'HEFAIS. Il faut lutter contre l'image vieillissante et faire naître des vocations. Le soudage est un métier noble".