Le Marité, dernier terre-neuvier français, attend d'être rénové à Port-en-Bessin (Calvados). Rongé par un champignon, l'emblématique trois mâts ne pourrait être remis à flot qu'à coups de millions d'euros de travaux. Son avenir est en suspens. Un appel aux dons devrait être lancé pour le sauver.
Le Marité a triste allure. En cale sèche à Pont-en-Bessin (Calvados), privé de ses voiles et recouvert d'une bâche verte, le navire n'a plus rien à voir avec le majestueux trois-mâts qui voguait fièrement sur les flots lors de l'Armada 2019 et 2023 de Rouen.
Le dernier terre-neuvier de France, dont la coque est grignotée par un champignon, ne peut plus être mis à l'eau. Les travaux de rénovation annoncés sont pharaoniques, chiffrés à plusieurs millions d'euros.
De fait, l'avenir du Marité inquiète et amène de nombreuses questions notamment financières.
Un financement par mécénat ?
Le groupement d'intérêt public (GIP) et le département de la Manche, qui détiennent le bateau rattaché au port de Granville, se réunissent ce vendredi 25 octobre 2024 pour évoquer les solutions possibles afin de remettre à flot l'élégant trois-mâts construit en 1921 à Fécamp (Seine-Maritime).
Parmi les pistes envisagées, celle d'un financement par mécénat reste la plus imaginable, afin de couvrir les dépenses abyssales qui se pointent à l'horizon.
"Je vais demander aux membres du groupement d'intérêt public l'autorisation de lancer une campagne de récolte de fonds de mécénat auprès des entreprises et des particuliers. Afin de redonner une nouvelle vie au Marité", souligne Marie-Pierre Fauvel, vice-présidente du Conseil départemental de la Manche et la présidente du GIP.
En signant une convention avec la Fondation du patrimoine, "qui est prête à nous accompagner" précise Marie-Pierre Fauvel, une défiscalisation serait possible pour les entreprises (à hauteur de 60%) et les particuliers (66%), ce qui pourrait favoriser les dons.
Deux marins licenciés
En fonction de l'engouement des généreux donateurs et des temps de travaux, le chantier devrait durer plusieurs années. Un laps de temps aussi long qu'incertain, qui sonne le glas de l'avenir des marins professionnels du Marité.
"Nous allons devoir faire un licenciement de nos deux emplois de marins, annonce Maire-Pierre Fauvel. Lorsque le Marité retrouvera sa nouvelle vie et sera prêt à naviguer à nouveau, nous lancerons une campagne pour recruter de nouveaux marins. Les deux employés historiques, qui n'ont plus à démontrer leur professionnalisme, seront bien entendu prioritaires s'ils souhaitent revenir sur le Marité."
Ces marins auraient dû repartir sillonner les mers du globe à bord du fameux trois-mâts à la fin du printemps, mais tous sont bloqués à terre depuis. Le temps de, potentiellement, trouver un moyen de sortir de cette mauvaise passe et redonner au grand voilier son élégance incomparable.
Le sort du Marité, vitrine normande qui rayonne bien au-delà des frontières de la région, est plus que jamais incertain.