Les retards du chantier de l'EPR à Flamanville font régulièrement la Une des journaux. Mais les deux réacteurs en fonctionnement connaissent eux aussi d'importants problèmes.
La commission locale d'information de flamanville se réunissait cette semaine. L'EPR, son chantier et ses multiples rebondissements sont régulièrement à l'ordre du jour. Comme ils font la Une des journaux. Mais la couverture médiatique et la facture astronomique du réacteur de troisième génération font parfois oublier ses deux aînés, situés à proximité, les réacteurs 1 et 2. Et leurs problèmes. Or depuis le mois de septembre dernier, ils ont tous deux été placés sous surveillance renforcée et ne produisent aucune électricité.
Adossés au bâtiment réacteur, les diesels de secours sont un élément clef de la sûreté nucléaire : ils sont chargés de prendre le relais en cas de rupture de l'alimentation électrique. La centrale "historique" de Flamanville en compte quatre, tous à l'arrêt, suite à la détection par l'Autorité de sûreté nucléaire de traces de corrosion. "Ces corrosions remettent en cause la capacité des matériels à fonctionner dans certaines situations", explique Adrien Manchon, de l'Autorité de sûreté nucléaire, "notamment en cas de séisme."
"Ça fait un peu froid dans le dos"
Chez les membres de la commission locale de Flamanville, ce n'est pas tant la corrosion, phénomène bien connu sur la Presqu'île du Cotentin, qui suscite l'étonnement que le manque, selon eux, d'anticipation d'EDF. "C'était prévisible et il n'y a pas eu de suivi rigoureux de toutes ces installations et ça fait quand même un peu froid dans le dos", a déclaré, lors de la réunion de la CLI, Guy Vastel, de l'Association pour le Contrôle de la Radiocativité dans l'Ouest (ACRO).Certains voient dans ces problèmes de corrosion le signe du vieillissement de la centrale, ce que réfute, bien évidemment, EDF. Le réacteur N°1 n'a pourtant fonctionné que 18 mois ces trois dernières années. "La vie d'un exploitant est faite de maintenance", plaide Patrice Gosset, le directeur de la centrale de Flamanville 1 et 2, "Là, on en a plus que par le passé, ce qui fait qu'on produit moins, mais ce n'est pas du tout problématique parce que ces périodes de maintenance sont intégrées dans le modèle économique d'EDF; Et puis, ce qu'on fait sur les diesels, par exemple, on le fait pour longtemps : c'est aussi pour pouvoir produire pendant de nombreuses années quand on aura fait nos opérations de rénovation."
En attendant, chaque jour d'arrêt d'un réacteur se chiffre en centaines de milliers d'euros de pertes. Le réacteur numéro 1 mis à l'arrêt en septembre dernier devait initialement redémarrer fin janvier. Ce sera finalement à la mi-février.