William Péronne et Marilyne Huchet vont courir le marathon du cercle polaire, au Groenland, le samedi 28 octobre 2023. Avant leur voyage, ils s'acclimatent dans le terminal frigorifique du port de Granville (Manche) où les températures avoisinent les - 20°.
Elle saute à la corde sous les néons blancs du hangar. Lui déambule à petite foulée entre des dizaines de palettes en bois, étiquetées "pêche française". William Péronne et Marilyne Huchet s’échauffent en combinaisons sportives, cagoules noires sur le visage, dans les allées du Terminal frigorifique de Granville (Manche).
Préparation d'une course de l'extrême au Groendland
Le thermomètre affiche -20°… Le couple, imperturbable, se prépare au Circle Polar Marathon, une course de l'extrême organisée le samedi 28 octobre, au Groenland.
Les sportifs, originaires du sud de la Manche, s'entraînent pour la dernière fois dans le congélateur géant de Granville. Après les pas chassés, ils passent au vélo statique puis, les yeux toujours braqués sur la montre, à une course à pied l’un derrière l’autre.
Une séance parfaitement orchestrée sur leur temps de pause déjeuner. "Il faut vraiment éviter tout arrêt parce que comme l'on transpire un peu, les sous-couches de vêtements peuvent être humides et le froid se ressent d'autant plus", s'essouffle Maryline, les joues rougies par l’effort.
Trois couches de vêtements
Depuis plus d'un mois, l'entrepreneur et l'enseignante-chercheuse se préparent plusieurs fois par semaine dans des conditions extrêmes. Chaque entraînement dure entre une et deux heures. À la température glaciale, s'ajoutent l'enfermement et le bruit sourd des machines frigorifiques. Du givre tapisse d'ailleurs le plafond du local industriel.
Je pense qu'on est pire que dans les conditions réelles.
William Péronne
"L'une des raisons pour laquelle on réalise cette expédition c'est qu'on aime la nature et les grands espaces. S'entraîner dans un congélateur enfermé, c'est moins fun", sourit William, au milieu des allées de palettes.
Lors de la session, les deux aventuriers ont pu expérimenter leurs équipements sportifs, notamment les trois couches de vêtements qui les protègent du froid. Une étape d'autant plus cruciale pour Maryline, qui souffre de la maladie de Reynaud.
"La dernière trouvaille est le short au-dessus du legging car j'avais des brûlures au niveau de la peau des cuisses avec le froid. C'était douloureux", explique la coureuse, équipée de moufles noires recouvertes d'une surcouche en néoprène.
Les imprévus de la course
Physiquement, le couple de sportifs est prêt pour le grand départ. Il ne leur manquait plus que la mise en situation mentale, "les images" pour affronter la compétition.
Les inconnus climatiques risquent d'être nombreux. "Évidemment, il y aura de la glace mais on ne sait pas en quelle quantité et si ce sera sur tout le parcours. Ce qu'on espère, puisque l'on y va pour ça, explique Maryline. Nous observerons par nous-mêmes les conséquences du dérèglement climatique".
Surnommée avec une pointe d'ironie "le marathon le plus cool du monde", le Polar Circle Marathon se déroule chaque année à Kangerlussuaq, au Groenland. En octobre dernier, il avait été repoussé de 24 heures en raison de la météo difficile. À cette période, les températures peuvent tomber jusqu’à - 40°C.
Le parcours de 42 kilomètres débutera sur la calotte glaciaire – les routes sont strictement balisées pour éviter toute chute dans les crevasses –, et se poursuivra sur une route de gravier enneigée. Les participants auront 7 heures maximum pour atteindre la ligne d'arrivée. Passé ce temps, ils seront récupérés en voiture par les organisateurs.
L'année précédente, un français originaire des Bouches-du-Rhône, Maxime Bondue, avait décroché la première place devant 42 coureurs avec un chronomètre de 3 heures et 11 minutes. Les résultats de l'édition 2023 seront disponibles à la fin du marathon, sur le site du Polar Circle Marathon.