La Région Normandie envisage de réduire les doubles voies sur le tronçon qui relie la gare d'Argentan (Orne) à celle de Granville (Manche). Un collectif d'usagers crie au "scandale", craignant une baisse des fréquences des trains qui condamnerait le développement des villes situées sur cet axe.
"Une attaque de la Région contre la desserte Paris-Granville". C'est ce que dénonce, dans un communiqué du mercredi 6 décembre, un collectif d'usagers de la ligne SNCF entre Paris et Granville (Manche).
Le Collectif de défense des axes Sud Normandie est vent debout depuis que la Région Normandie a fait part de la possibilité de réduire les doubles voies sur le tronçon qui relie la gare d'Argentan (Orne) à celle de Granville, le terminus.
Sur cet axe Argentan-Granville, qui traverse quatre départements normands, plusieurs tronçons ont déjà été réduits à une voie depuis 2011.
Un trafic ralenti ?
Une réduction supplémentaire réduirait mécaniquement le nombre de trains qui pourront circuler sur la ligne. Sur un tronçon à une seule voie, impossible pour deux trains de se croiser. Pour qu'un train venant de l'ouest puisse s'engager, il faut attendre que les transports arrivant de l'est aient dégagé la voie et vice versa. Il est alors nécessaire d'organiser des point de croisement en gare, et donc parfois faire patienter les trains à quai, ce qui ralentirait le trafic.
"Ça complique tout et le moindre retard de train impacterait les autres trains, déplore Philippe Denolle, le président du Collectif de défense des axes Sud Normandie. On vit déjà cette situation entre Argentan et Granville où, pour faire des économies de bout de chandelle, on a déjà démonté les doubles voies."
Le moindre retard de train impacterait les autres trains.
Philippe Denolle, président du collectif d'usagersà France 3 Normandie
Sur les 130 kilomètres de rail entre Argentan et Granville, 80 kilomètres sont déjà passés à une voie. Seules les trois portions entre Briouze et Flers, entre Viessoix et Vire et entre Folligny et Granville restent à deux voies. Le collectif d'usagers est donc vent debout pour défendre les tronçons restants.
"Condamner le développement des villes"
Sur le trois portions encore en doubles voies, la Région n'a pas indiqué lesquelles pourraient être réduites à une voie.
"Le scandale, c'est qu'aujourd'hui, tout doit conduire à développer le réseau ferré. Et le fait de rabougrir le réseau, ça interdit tout développement du train", regrette Philippe Denolle.
C’est la volonté à terme condamner le développement des villes situées sur cet axe et reléguer l’aménagement du territoire et le désenclavement du Sud Normandie aux oubliettes.
Philippe Denolle, président du collectif d'usagersà France 3 Normandie
"Plus il y a de trains, plus les gens vont le prendre. Et comme, d'une entreprise à une autre, les horaires varient, il faut augmenter la fréquence des trains. Si vous savez que vous êtes renvoyés à une heure plus tard si vous ratez le train, vous choisissez la voiture...", conclut le président de collectif.
Sollicitée, la Région Normandie n'a pas répondu à France 3 Normandie à l'heure de la parution de cet article.