Dans excréments de souris et des "lits de fortune" ont été retrouvés dans une supérette de la commune de Lessay, dans la Manche. La mairie a décidé d'expulser le gérant qui occupait les lieux. Elle a également porté plainte contre ce dernier.
Sur la place Saint-Cloud à Lessay, dans la Manche, la supérette Vivéco n'a plus d'enseigne. Un geste fort pour la mairie qui l'a retiré : "Vous auriez vu l'intérieur du magasin. C'était totalement insalubre. Il y avait des denrées périssables et périmées partout avec des excréments de souris dans chaque recoin", lance Stéphanie Maubé, la maire de Lessay.
Des excréments de souris
Depuis 2020, l'épicerie a souvent été fermée et depuis juillet 2023, elle l'était totalement avec des loyers impayés : "C'est l'année du Covid que tout a commencé. Le commerce est fermé presque en continu et les loyers non honorés. La mairie a fait effectuer des constats par huissiers et entamé une procédure administrative pour récupérer son bien avec l'aide d'un avocat, en vain", explique Stéphanie Maubé.
En effet, de 2012 à 2014, pour endiguer le déclin des commerces sur la place centrale et éviter que les pas-de-porte soient irrémédiablement transformés en habitation, la mairie achète trois commerces et les restaure. L'un est loué à une fleuriste et l'autre à une esthéticienne, activités qui trouvent bien leur place au fil du temps. Le troisième commerce est loué à ce fameux épicier : "Au début, tout se passait bien, il avait de beaux fruits et légumes, c'était la petite supérette du quartier mais là, le local est abandonné", ajoute cette dernière.
Depuis plusieurs mois le voisinage immédiat de la boutique constate la présence de nombreuses souris. La mairie, garante de la salubrité publique, a donc décidé d'intervenir. Elle veut fait intervenir une entreprise de dératisation. Un recommandé est envoyé au gérant, il reste sans réponse. Alors la maire prend un arrêté d'insalubrité et a pénétré dans le commerce par la porte arrière.
Des "logements clandestins"
Et là, c'est la stupéfaction : "J'ai utilisé mon pouvoir de police de salubrité publique du maire. Il y avait des denrées périmées partout, des biscuits, des viennoiseries et plein d'excréments de souris."
Mais ce n'est pas tout : "Dans les pièces techniques à l'arrière du commerce, nous avons découvert des logements clandestins. Trois lits de fortune, en palette, carton et petit matelas sont installés, ainsi qu'une douche bricolée et une gazinière. Un reste de nourriture dans une casserole fait état d'une présence récente, et il n'y a pas de souillure de rongeurs autour des lits ni sur l'évier. L'électricité est coupée et il y a des bougies partout", nous confie Stéphanie Maubé. "Nous avons également retrouvé des cartes grises avec des noms différents ou encore des courriers à des noms différents".
Face à cette exploitation par des possibles "marchands de sommeil", la mairie estime qu'elle "se rendrait passivement complice d'escroquerie, d'abus de bien sociale et de traite humaine" si elle ne le dénonçait pas. C'est pourquoi la commune à déposer une plainte à la gendarmerie pour ces motifs. Elle a également remis tous les documents suspects trouvés dans le commerce.