Complexée par son corps pendant 25 ans, Charlène Loquet a appris à accepter ses formes. Après des années de moqueries, de jugements, et de discrimination, elle a réussi à vivre en faisant fi du regard des autres, bien aidée par sa participation au concours Miss Curvy France.
"Je suis obèse, on ne va pas se mentir. Je dirais même que je suis grosse, mais ce n'est plus péjoratif." Charlène Loquet n'y va pas par quatre chemins au moment d'évoquer son physique.
À l'approche de la trentaine, elle a appris à accepter son corps, après avoir perdu de trop nombreuses années à en avoir honte.
Des moqueries d'enfants à la discrimination professionnelle
Devenue boulimique à cause de traumatismes vécus dans l'enfance, elle se rappelle avoir été malmenée dans sa jeunesse, subissant les moqueries et les jugements des autres enfants. Pourtant, elle estime ne pas avoir été victime de harcèlement à proprement dit.
En revanche, une fois ses études de coiffure terminée, elle confie avoir subi de la discrimination à l'embauche. "J'ai reçu trois ou quatre refus par rapport à mon physique. Ça a été difficile à gérer émotionnellement", avoue-t-elle. Alors, malgré ses diplômes, elle a abandonné.
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"J'ai la chance d'avoir une famille qui m'a toujours soutenue", explique-t-elle. Cela dit, les comparaisons régulières avec sa petite sœur, à la morphologie bien différente, l'ont parfois agacée. "On nous a souvent comparées, avec des phrases du genre 'Vous êtes sœurs mais vous n'êtes pas faites du même moule', ça n'était pas très agréable."
Longtemps complexée, Charlène décide pourtant de prendre son courage à deux mains, et de suivre l'exemple d'une amie en s'inscrivant au concours de Miss Curvy Normandie.
Réservée aux femmes de taille 42 ou plus, la compétition avait métamorphosé sa copine, "elle a été encore plus bénéfique pour moi", s'enthousiasme la Manchoise. "Pour une fois dans ma vie, j'ai osé, et j'ai bien fait."
Ca a été incroyable sur beaucoup d'aspects. Sur mon acceptation, j'ai arrêté de m'interdire de faire des choses par honte de mon corps. Sur le plan professionnel, j'ose beaucoup plus. Sur le plan social, je suis moins timide.
Charlène Loquet, 2e dauphine Miss Curvy France
Miss Curvy n'est pas qu'un simple concours pour les jeunes femmes en surpoids, c'est aussi une sorte de thérapie. Chaque semaine, le jury organise des défis photo, qui aident les candidates dans l'acceptation de leur corps.
Charlène termine deuxième du concours régional. Mais avant l'épreuve nationale, la lauréate normande tombe enceinte. C'est donc sa première dauphine qui se rend à Mezos, dans les Landes pour le grand concours.
Elle y termine 2e dauphine de Miss Curvy France. Un podium inattendu qui lui a donné encore plus de force au quotidien.
"Je ne fais pas l'apologie de l'obésité"
"Je ne me prive plus de me mettre en débardeur, j'ai accepté mon corps, j'ai appris à l'aimer comme il est." Aujourd'hui, Charlène s'attache à vivre sa vie comme elle l'entend, ne se privant pas "d'aller au restaurant" ou de "manger une pizza".
Toutefois, elle ne fait pas l'apologie du surpoids, bien au contraire.
Je ne prône pas l'obésité, mais l'acceptation de soi. Les gens ont tendance à confondre. L’obésité est une maladie, on lutte contre ça parce que ça peut engendrer des problèmes de santé.
Charlène Loquet
Suivie par 1 200 followers sur Instagram, Charlène Loquet est devenue un modèle pour les femmes bien en formes. "Si jamais je peux en inspirer certaines qui n'ont pas encore franchi le pas de l'acceptation. On est toutes passées par le rejet, ça les aide de voir que nous avons réussi".
Elle affirme répondre à tous les messages de personnes qui en ont besoin. Son principal conseil à celle qui la sollicite : "Il faut se voir à travers les yeux des personnes qui nous aiment, et rester soi-même, toujours. Le jour où on s'accepte, les autres nous acceptent aussi".