Entre canaux, portes à flots, domaines et marais entrelacés qui se jettent vers le large, la baie des Veys regorge de trésors terrestres et maritimes qui font vivre les naturalistes, éleveurs et agriculteurs. Vincent parcourt cette baie unique en Normandie, à pied et sur l’eau, à la rencontre de ces passionnés.
La baie des Veys est un golfe de la Manche qui fait partie du Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin. Située sur la côte Ouest, elle recueille les eaux de quatre fleuves, la Douve et la Taute d’une part, la Vire et l’Aure de l’autre.
En 1046, c’est à marée basse que Guillaume le Conquérant traverse la baie à cheval en pleine nuit pour échapper à ceux qui veulent l’assassiner. Son nom baie des Veys, vient donc des anciens passages à gué, le grand Vey et le petit Vey (grand et petit désignant le niveau de la marée).
Ce passage était durant des siècles, emprunté pour rejoindre le nord du Cotentin car il permettait d’éviter les dangers d’une traversée des marais. Elle est formée de deux zones naturelles visuellement distinctes : les herbus et les vasières recouverts à chaque marée.
Les digues des polders, qui sont des étendue artificielle de terre gagnée sur l'eau et les portes à flots, délimitent précisément cette entité dans sa partie avale.
Frontière naturelle et difficilement franchissable entre le Cotentin et le Bessin, elle a peu à peu été aménagée. Plus de 2 300 hectares ont ainsi été gagnés sur l’estran entre 1856 et 1972 pour créer des polders.
En amont de la baie, des portes à flots empêchant l’eau salée de pénétrer dans les marais intérieurs, ont été peu à peu édifiés à partir de 1708. Comme chaque estuaire, la baie est une zone de passage écologique, un lieu d’échange important et complexe entre les écosystèmes marins et continentaux.
Chaque jour au rythme des marées, la baie se transforme par son paysage mais aussi par la salinité du milieu et la concentration de l’eau en matière de suspension. Biotope qui se distingue par sa richesse et sa rareté, il constitue un vaste centre d'accueil pour la vie de la faune migratrice. Des milliers de canards ou de petits échassiers y font escale ou s’y arrêtent l’hiver.
Le caractère exceptionnel de la baie se manifeste aussi par la présence emblématique de la plus importante colonie de phoques veau-marin en France.
La baie des Veys est aussi un espace économique de première importance puisque s’y concentrent des activités de pêche et de conchyliculture.
Les invertébrés marins sont très étudiés pour des raisons variées : le suivi de la qualité environnementale, l’évolution du trait de côte, les ressources alimentaires des oiseaux, des poissons, des stocks de pêche, la conservation d’habitats naturels... Leur répartition dans les estuaires est liée à l’évolution du milieu. Un suivi des habitats naturels est réalisé à partir de photographies aériennes et de campagnes d'observation in situ depuis 1972. Elles permettent notamment de mettre en évidence la progression des prés salés dans la baie des Veys.
La particularité de la baie des Veys est son aménagement hydraulique : avec ses ponts, ses écluses, ses portes à flots et ses canaux, la mer est contenue et n’envahit pas les terres, contrairement à la baie du Mont-Saint-Michel.
Ainsi, les terres et la végétation sont particulièrement préservées et propices à l’agriculture et à la botanique.
C’est en pays de Caux qu’on voit apparaître pour la première fois des bateaux vikings, en 820. Leur présence s’accentue pendant toute la seconde moitié du IXème siècle. C’est à cette même période que Charles le Simple, roi de Francie occidentale, conclut un pacte avec le chef des Vikings Rollon et son armée afin de protéger le territoire : le fameux traité de Saint-Clair-sur-Epte. Cet accord
cède aux Normands le territoire correspondant à la Haute Normandie. Les terres vikings vont cependant s’étendre au fil des conquêtes pour former le duché de Normandie. C’est ainsi que ces premiers normands gagnent le nord du Cotentin.
L’histoire du Dreknor débute à l’automne 1999, quand la réplique d’une galère cosaque ukrainienne, du XVème siècle entre dans le port de Cherbourg, sous le regard intrigué de Marc et Nathalie Hersent.
« Le but du Dreknor est de faire connaître l’histoire de la période viking sur le territoire normand en dehors des livres, des films ou bien des conférences. Les gens ont la possibilité d'arrêter leur lecture ou de partir de la salle de conférence. Alors que si les gens naviguent à bord d’un bateau, ils seront obligés d’écouter l’histoire jusqu’au bout. Le but étant de faire quelque chose de ludique en apprenant la vraie histoire des vikings de Normandie, ceux qui ont marqués l’histoire de la région »
Nathalie Hersent
En 2003, commence alors la construction du bateau qui dure cinq ans. Un rêve fou, porté à bout de bras par une équipe de bénévoles déterminés et talentueux, rassemblés au sein de l’Association Dreknor - créé par Nathalie Hersent et son mari en 2001 - qui devient en peu de temps le centre d’intérêt, la fierté et le symbole de toute une région.
« Tout le bois utilisé est du bois normand provenant de la forêt de Bellême. Je suis une vraie puriste normande, donc cela me paraît tout à fait normal de faire une reconstitution en essayant de la faire à l’identique avec des matériaux qui nous viennent de notre magnifique territoire. Les deux moteurs pour faire avancer le bateau sont des volvo pour avoir une marque scandinave et la voile a été créée spécialement en Ukraine ».
Nathalie Hersent