Le réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville (Manche) est confronté à une "anomalie notable" de soudures sur son circuit secondaire, d'après l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Anomalie notable des soudures
Le réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville (Manche) est confronté à une "anomalie notable" de soudures sur son circuit secondaire.Autrement dit : EDF s'était engagé à construire un réseau secondaire qui ne pouvait pas exploser, en s'imposant des normes supérieures à celles demandées. Mais cet engagement n'a pas été respecté. Les soudures effectuées répondent (d'après EDF) aux normes classiques.
Pourquoi ces soudures ne sont-elles pas "supérieures" comme la Charte de construction le prévoyait ? Parce que, toujours selon EDF, les documents stipulant l'augmentation de ces normes n'ont pas été transmis aux personnes qui travaillent sur le terrain.
"C'est une anomalie qui est notable. Le sujet est instruit sérieusement par l'ASN", a indiqué Hélène Héron, chef de l'antenne normande de l'ASN. Mme Héron était interrogée par des journalistes après la réunion de la commission locale d'information (CLI) de la centrale de Flamanville. La CLI réunissait aujourd'hui dans la commune des Pieux, industriels, ASN, syndicats, élus locaux et antinucléaires. Une commission locale tendue et plus longue que prévue.
Ecoutez Bertrand Michoud sur les raisons de cette anomalie de soudures :
EDF confiant...
EDF est "confiant dans sa capacité à démontrer que ces soudures sont tout à fait aptes à répondre aux sollicitations qu'elles connaîtront pendant les 60 ans d'exploitation" du réacteur, a de son côté déclaré Bertrand Michoud, le directeur EDF du chantier de l'EPR durant la réunion. Aujourd'hui, "la démonstration n'a pas encore été apportée à l'Autorité de sûreté", a-t-il précisé.Le calendrier qui prévoit un démarrage fin 2018 du réacteur n'est pas modifié, a-t-il assuré. Son coût estimé est toujours de 10,5 milliards d'euros, selon EDF.
... Greenpeace un peu moins...
Le chargé de mission nucléaire de Greenpeace France Yannick Rousselet a de son côté estimé pendant la réunion que ce problème "pourrait avoir des conséquences extrêmement importantes". Ce "nouveau problème de qualité impacte gravement la sûreté sur l'EPRde Flamanville", a de son côté jugé sur son compte Twitter Yves Marignac, directeur de l'agence Wise-Paris et membre du groupe permanent d'experts pour les réacteurs nucléaires à l'ASN. "On parle de soudures extrêmement sensibles sur des pièces très importantes pour la sûreté", a-t-il souligné.
Bertrand Michoud a par ailleurs admis qu'il y avait eu "quelques difficultés" pendant les essais à chaud d'un réacteur EPR à Taïshan en Chine, chantier qui est en avance sur celui de Flamanville. "Mais rien de majeur à ma connaissance. Les essais se sont plutôt bien déroulés", a ajouté le directeur EDF du chantier de l'EPR.
A Flamanville, les essais à chaud sont prévus en juillet.
Reportage : S.Rouil