Les journées du patrimoine, ces 19 et 20 septembre, permettent de découvrir des monuments mais aussi les personnes qui les font vivre. À Vimoutiers (Orne), Jean et Yvette, 88 et 82 ans, animent eux-même la visite de leur moulin où ils moulent la farine depuis un demi-siècle.
"Ça, c'est le blé dur pour faire les pâtes. Ça, c'est le blé tendre pour la farine et le pain," énumère Jean Brêteau, pointant des céréales à l'aide de sa canne.
À 88 ans, le Normand tient à faire la visite du moulin de Vimoutiers, au coeur du pays du Camambert (Orne). Rien de plus normal, quand on sait qu'il a tenu l'établissement pendant 49 ans avec Yvette, sa femme.
Le couple a passé une vie à moudre ces céréales pour produire de la farine. Jean a cessé son activité en 1995 mais a remis son moulin en eau deux ans après pour transmettre l'amour de son métier au public. "On accueille 4 000 à 5 000 visiteurs par an, signale Jean Brêteau. Je connais mon moulin comme ma poche. Pour me coincer, vous tombez mal !" prévient-il.
L'octagénaire a débuté comme meunier à l'âge de 14 ans. "C'était un métier très dur. On portait des sacs de 100 kilos sur le dos tous les jours, on se levait à 2 heures du matin. Tout ça, c'est fini," raconte Jean Brêteau.
Un clan pour le moulin
Les journées du patrimoine, il y tient. Mais à 88 ans, il passe doucement le relais à chaque étage du moulin , on peut y trouver un frère, un beau-frère ou un ami/ pour expliquer son fonctionnement."C'est important, en tant que membre de la famille, de les épauler et de réceptionner les gens qui sont visiblement intéressés. Ils sont courageux, insistants, c'est vraiment leur truc, souligne Pierre Degoulet, beau-frère d'Yvette Brêteau. Ça fait un temps qu'ils travaillent et la fatigue est forcément visible."
Quelqu'un prendra la relève, je l'espère, car c'est le seul moulin de la région qui fonctionne partiellement et c'est important de garder ça.
Yvette l'épouse de Jean, toujours active lorsqu'il s'agit d'accueillir les visiteurs. Elle se délecte des commentaires laissés par les visiteurs, venus de toute la France.
Une connaissance des Brêteau se désole : "Ce serait dommage de fermer, ce serait une page qui se tournerait à Vimoutiers. Et puis il faut montrer à la jeunesse comment on fabrique la farine, histoire de savoir ce qu'on mange." Le couple a acheté cette bâtisse en 1961 et se voit gardien de ce patrimoine pour toujours.