A cinq mois du scrutin municipal, les candidats se dévoilent à Alençon : après Darcissac (LREM), Pueyo (PS) et Douvry (LR) viennent de s'engager. Au delà des divergences politiques, la préfecture de l'Orne s'apprête à vivre une campagne sur fond de calculs politiques et divergences personnelles.
Réélu de justesse en mars 2014, Joachim Pueyo a quitté ses fauteuils de maire d'Alençon, et de président de la Communauté urbaine, en juillet 2017, leur préférant celui de député lorsque le cumul des mandats a cessé d'être une option. Avant de partir, il a pris soin d'installer Ahamada Dibo, fidèle de toujours, sur le siège de la CUA. Emmanuel Darcissac, son ex-directeur de campagne et 1er adjoint s'asseyait sur celui d'édile, même si Pueyo aurait préféré que Dibo occupe les deux fonctions, craignant qu'un fossé ne se creuse entre les deux collectivités. La droite, elle, prédisait "l'explosion".
A raison, car trois ans plus tard, Alençon est régi par la dissension. Enfin émancipé, Darcissac a souhaité s'affirmer, n'en déplaise à certains élus de son propre camp, qui lui reprochent de s'attribuer des mérites qui ne lui reviendraient pas, et surtout, d'opposer la Ville à l'Agglomération. Voyant le pacte d'entente et de non aggression rompu, et devant l'insistance du collectif nostalgique "Ensemble Alençon 2020", Joaquim Pueyo a décidé de revenir dans la danse, quitte à abandonner son mandat de député. L'ancien maire (2008-2017) va donc concourir pour retrouver sa place, via une "liste de gauche qui ne sera investie par aucun parti".
En Marche redistribue les étiquettes
Sauf qu'entre-temps, Emmanuel Darcissac a anticipé la riposte. Bien décidé à rester sur le trône alençonnais, il a profité de la réoarganisation politique initiée par un autre Emmanuel, Macron. Et a obtenu cet été l'investiture En Marche pour les Municipales de 2020. A la surprise de beaucoup, le conseiller départemental centriste et élu d'opposition Patrick Lindet (UDI) a suivi son sillage. Le duo détonne, d'autant plus qu'en 2015, les deux hommes étaient concurrents pour un poste de conseiller départemental. Arrivés à égalité parfaite, le second l'avait emporté sur le premier, au bénéfice de l'âge.
Le ralliement de Lindet, puis celui de Ludovic Assier, patron de l'UDI ornaise, font grincer des dents dans l'alliance de centre-droit bâtie par Alain Lambert il y a près de deux décennies. Devant le déchirement de la gauche, le groupe d'opposition municipale LR-UDI voulait apparaître fort et rassemblé. Pour preuve la création du groupe de réflexion "Construisons Alençon 2020" dès le mois de février 2019. Une initiative "qui patinait et sans dynamique" selon Patrick Lindé, qui a donc choisi de se délester de son aile droite pour recentrer sa trajectoire.
Tant pis déclare-t-on dans l'opposition municipale qui a trouvé en Sophie Douvry (UDI) un successeur à Christine Roimier, maire de 2002 à 2008, et battue sur le fil en 2014. Mise à l'étrier par cette dernière en 2014, et par Alain Lambert en 2015, celle qui est aussi vice-présidente du Conseil Départemental sera entourée de co-listiers d'horizons divers, Virginie Mondin (LR), Maximilienne Bakot (LREM), Vincent Brault (gauche) ou encore Guillaume Hofmansky (Agir), autour d'un programme basé sur "la disponibilité pour les habitants, le développement économique et l'environnement". Notons que cette candidature n'est pas soutenue par Alain Lambert.
L'enjeu pour moi n'est pas de rassembler la droite et la gauche, l'enjeu est de rassembler les Alençonnaises et les Alençonnais#alencon2020 pic.twitter.com/DGPDLEkdJu
— sophiedouvry (@sophiedouvry) November 4, 2019
Un ticket Insoumis-Gilets Jaunes
La gauche socialiste s'étant recentrée, la place s'ouvre pour la France Insoumise, qui soutient une "liste populaire", chapeautée par François Ferrette, ancien conseiller municipal (PCF-Front de Gauche). Dans cette candidature "anti-système", devraient se mêler "des Gilets jaunes, des personnes de la société civile, de collectifs, d’associations et des citoyens d’Alençon", mais pas de représentanst du NPA, ni du PCF.
Ces derniers trouveront peut-être grâce en la candidature de Joaquim Pueyo, à moins qu'ils ne décident de se lancer eux aussi. Quant au Rassemblement National, il n'apparaît pas en ordre de marche pour le moment. Il n'avait d'ailleurs pas constitué de liste lors du derniers scrutin municipal, en 2014.
Les élections municipales auront lieu les 15 et 22 mars 2020.