Prix d'Amérique : le retour triomphal d'Idao de Tillard dans son village de l'Orne

Le meilleur trotteur du monde a retrouvé son box dans l'écurie de l'entraîneur Thierry Duvaldestin à la Ferté-Fresnel (Orne). Idao de Tillard a bien mérité un peu de repos après sa fantastique victoire dans le prix d'Amérique 2024 à l'hippodrome de Vincennes. "C'est un cheval hors-norme"

La nuit est tombée depuis longtemps quand un camion avec une simple inscription "Attention chevaux"  s'avance dans la rue principale de la Ferté Fresnel. Les supporters du champion l'attendent de pied ferme. Ils se précipitent pour former une bruyante haie d'honneur. "Il est là, il est là !" À travers la vitre embuée du camion, le cheval demeure stoïque. Les supporters chantent : "Idao, Idao !".

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Le retour du champion à la Ferté Fresnel (Orne) après sa victoire dans le prix d'Amérique ©Nicolas Massé

Au lever du jour, un pâle soleil baigne l'écurie. "C'est une vraie journée de printemps, et on a encore chaud d'hier. On a un peu fêté ça", sourit Therry Duvaldestin en marchant vers le paddock du champion : "Voici la star !"

Courir avec des chaussures de randonnées

Dans son enclos, Idao de Tillard porte la bannière étoilée, le privilège réservé au vainqueur du prix d'Amérique. Il marche nonchalamment, broutant ici et là quelques brins d'herbe. "Il n'a même pas l'air fatigué, s'émerveille Clément Duvaldestin qui le pilotait à Vincennes. Il est cool, il renifle, il mange de l'herbe. Il fait l'intéressant, il s'intéresse à nous. Ce sont des bons symptômes. C'est comme s'il n'avait pas couru. Ce cheval a une faculté de récupération incroyable".

Les circonstances de la course ne l'ont pourtant pas épargné. Face aux meilleurs trotteurs de la planète, Idao a été contraint de "faire les extérieurs", de courir le nez au vent, quand ses adversaires directs étaient encore à l'abri pour remonter aux avant-postes. "J'ai pris l'initiative d'avancer plus tôt que prévu, raconte Clément Duvaldestin. Mais on a un cheval qui a une faculté de changement de vitesse incroyable. À l'arrivée, il est tout simplement plus fort que les autres"

Son père acquiesce. Il en a pourtant vu passer des cracks, à commencer par Ready Cash avec qui Thierry Duvaldestin a remporté deux prix d'Amérique en 2011 et en 2012. Mais de l'avis général, cet Idao est à part. "En gagnant comme ça, il a marqué les esprits. En plus, il courait ferré (le cheval n'est pas à l'aise en étant déferré, NRLR). C'est comme si vous couriez avec des chaussures de randonnée. C'est une très grosse performance".

Accessoirement, il a aussi rapporté une belle somme d'argent. Le prix d'Amérique est l'épreuve la plus richement dotée. Le vainqueur empoche 450 000 euros. Le propriétaire touche 80 % de cette somme (Thierry Duvaldestin est copropriétaire). L'entraîneur empoche 15 % des gains et le driver 5 %. Une prime de 56 000 euros est aussi attribuée à l'éleveur qui a fait naître le cheval (le haras de la Vallée d'Auge à Hotot-en-Auge dans le Calvados).

Idao de Tillard a déjà glané 1 924 430 euros sur les champs de courses et il est tout juste âgé de 6 ans. Son palmarès laisse sans voix. Il totalise 28 victoires pour seulement 38 courses disputées. Difficile de faire mieux... Il n'a plus été battu à la régulière par un autre cheval depuis le 10 décembre 2022.

"Il a tout d'un grand champion"

À l'écurie, le cheval a retrouvé ses habitudes et sa lad, Susane Ohme, une jeune Norvégienne qui s'occupe de lui depuis plus d'un an. "C'est mon meilleur ami, dit-elle avec l'œil brillant. Avant la course, je l'ai préparé. Il était tranquille. Pendant la course, j'étais très stressée". L'année dernière, elle était tombée sous le charme de ce cheval "gentil, charmant, qui adore la vie. Tout est facile avec lui".

Lorsqu'il entre sur la piste, le contraste est saisissant. Idao de Tillard a l'instinct de compétition. "C'est un cheval très intelligent. Il comprend très vite les choses, il a tout d'un grand champion", souligne Clément Duvaldestin. Idao est âgé de 6 ans seulement. Il a encore quelques années devant lui pour marquer son époque. Thierry Duvaldestin ne lui fixe pas de limites : "On l'a beaucoup économisé. Il n'a pas beaucoup couru étant jeune. On l'a préservé et il va nous le rendre j'espère". Il marque une pause, manifestement ému : "On l'adore".

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