Des réfugiées ukrainiennes embauchées aux thermes de Bagnoles de l'Orne : "Ce travail, c'est un cadeau pour moi et ma famille"

Cinq Ukrainiennes ont commencé à se former au métier d'agent thermal à Bagnoles de l'Orne. À l'issue de leur stage, elles se verront proposer un contrat saisonnier. Les thermes manquent de bras. L'établissement souhaite tenter l'expérience malgré la barrière de la langue.

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Le geste n'est pas encore assuré. Yuliia tente de répartir au mieux l'argile sur le dos d'une patiente. Sa formatrice a l'œil attentif. "Tout le monde commence par l'application de l'argile qui détend les muscles, élimine les toxines et permet de lutter contre l'arthrose", explique Odessa Jouan, la référente formation des Thermes de Bagnoles qui porte un prénom prédestiné. Ses stagiaires du jour sont ukrainiennes.

Le barrière de la langue ne facilite pas l'intégration des Ukrainiens

"La formation est exactement la même que celle des autres employés. Le matin on fait les boues et l'application d'argile, l'après-midi les bains. Les trois derniers jours, nous ferons les douches, précise Odessa. Ensuite, elles iront quelques jours en binômes pour bien comprendre le travail avec les curistes. Puis elles seront en poste".

La seule différence avec les formations des autres agents, mais elle est de taille, c'est la barrière de la langue qui n'est pas toujours simple à franchir. Un traducteur a été appelé à la rescousse pour nommer en ukrainien toutes les zones du corps sur lesquelles appliquer l'argile. "Ensuite, en fonction du protocole des médecins, je pourrai me faire comprendre", espère la formatrice.

Le fossé linguistique, c'est ce qui a fait hésiter la direction des Thermes. "C'est l'inconnue. On essaye. Peut-être y aura-t-il des difficultés, mais en quelques heures, elles ont déjà appris de nouveaux mots en français. Ça va assez vite", se félicite le Bruno Tola, le directeur du "B’o resort", qui n'exclue pas de prolonger la formation de quelques jours si nécessaire. Cinq stagiaires sont arrivées. Elles se verront proposer un contrat saisonnier et un logement sur place.

La "solidarité" des Thermes de Bagnoles-de-l'Orne

Depuis le début du mois d'avril, "les personnes déplacées d’Ukraine peuvent demander une protection temporaire en France qui les autorise notamment à exercer une activité professionnelle", indique le ministère du Travail. Pour un établissement comme les Thermes de Bagnoles-de-l'Orne qui manque de bras, c'est une opportunité.

C'est vrai qu'on manque de personnel. Si on le fait, c'est qu'il y a des postes et des chambres disponibles pour les accueillir, mais c'est d'abord un geste de solidarité. Les équipes se mobilisent. C'est un projet d'entreprise qui crée de l'émulation.

Bruno Tola, directeur des Thermes de Bagnoles-de-l'Orne

Il y a quelques jours, les 150 agents de l'établissement ont été informés de l'arrivée des nouvelles collègues ukrainiennes. Une haie d'honneur se forme spontanément lorsqu'elles leur sont présentées. "Je suis heureuse qu'elles puissent s'intégrer dans votre équipe", explique Oléna Mistal qui a joué les intermédiaires. La représentante de l'association France-Ukraine Normandie compte sur le travail pour faciliter l'intégration de ses compatriotes.

"J'espère que cet exemple dans ce bel établissement qui a une longue histoire va encourager d'autres Ukrainiens à oser. Bagnoles-de-l'Orne est une station thermale.. Il y a des restaurants et d'autres possibilités. Il ne faut pas avoir peur de demander", poursuit Oléna Mistal. 

Le travail permet de retrouver une vie normale, même si chaque soir au téléphone elles ont des nouvelles de leur mari, de leur fils, qui ne sont pas toujours très bonnes.

Oléna Mistal, association France-Ukraine Normandie

Yuliia poursuit son apprentissage de l'argile, sans rechigner. En Ukraine elle était journaliste, ce qui ne la prédestinait pas à travailler un jour pour des curistes, en Normandie, si loin de son pays. Avec l'aide du traducteur, elle confie : "Ce travail est un vrai cadeau, pour moi et ma famille. Cela va me permettre de retrouver une vie active et d'envoyer un peu d'argent à ma famille en Ukraine". Si tout va bien, elle prendra son service à la fin du mois de mai. Yuliia travaillera jusqu'à la fin de la saison. Il est difficile de se projeter au-delà. Comme la plupart des refugiés qui ont fui la guerre, Yuliia appris à vivre au jour le jour, dans l'incertitude du lendemain.

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