Témoignages. Les éleveurs normands se préparent à une explosion des cas de fièvre catarrhale ovine

Publié le Écrit par Baptiste Renaut
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Depuis début août, la France connaît une épidémie de fièvre catarrhale ovine, mortelle pour les ruminants. Alors qu'un premier cas a été détecté en Normandie, les éleveurs s'inquiètent des conséquences pour leurs exploitations.

Dans sa ferme située à Saint-Mard-de-Réno, dans l'Orne, Guillaume Gueunet élève une soixantaine de moutons pour leur viande. Depuis qu'il a appris la détection d'un cas de fièvre catarrhale ovine dans son département, jeudi 29 août, l'éleveur est inquiet. Son troupeau n'a pas encore été vacciné contre cette maladie virale.

Le France connaît une épidémie de cette "maladie de la langue bleue", qui touche tous les ruminants et provoque de la fièvre, des troubles respiratoires et une cyanose de la langue, causant une couleur bleue. Si la maladie n'est pas contagieuse pour l'homme, elle peut être mortelle pour le bétail.

342 foyers de contamination ont été détectés en France, la plupart le long de la frontière belge. Mais le premier cas dans l'Orne, annoncé par le ministère de l'Agriculture vendredi 30 août, fait craindre une explosion à venir des contaminations en Normandie.

Propagation rapide

Transmis par un moucheron, le virus se propage très vite. Apparue aux Pays-Bas en 2023, l'épidémie est entrée en France le 5 août, et a déjà atteint les prés normands. "C'est d'autant plus rageant que beaucoup de troupeaux avaient été vaccinés au printemps, mais c'est un autre variant de la fièvre catarrhale qui est arrivé, et très rapidement", explique Sylvain Delye, le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de l'Orne. "En quelques semaines, l'épidémie traverse la France", précise-t-il, provoquant "une forte mortalité, surtout chez les moutons".

"Dès qu'on perd une brebis, on perd aussi des agneaux, donc ça impacte financièrement l'exploitation, s'inquiète Guillaume Gueunet. Et on met du temps à monter un troupeau, on y met de l'affection, on s'attache à nos moutons".

Il n'existe pas de solution médicamenteuse contre le virus, mais le vaccin peut atténuer les symptômes. "C'est pas un vaccin miracle, il n'empêche pas la propagation, mais il atténue les effets secondaires", précise Sylvain Delye. L'État en a acheté 11,7 millions de doses depuis juillet, mises gratuitement à disposition des éleveurs. Une large campagne de vaccination a été annoncée par le ministère de l'Agriculture pour septembre.

Commerce au ralenti

"On désinsectise le plus possible contre le moucheron, on reste en lien avec le vétérinaire et on fera le vaccin, mais en dehors de ça on ne peut pas faire grand-chose", témoigne un autre éleveur ovin de l'Orne, qui souhaite rester anonyme.

Le premier cas normand de fièvre catarrhale ovine a aussi une autre conséquence : la Normandie fait désormais partie d'une "zone régulée", qui s'étend de la frontière belge au Cotentin et jusqu'en Ardèche. Les mouvements d'animaux depuis cette zone vers le reste de la France sont conditionnés au dépistage du bétail, ce qui les ralentit.

"Notre crainte, c'est surtout pour l'export des animaux vivants. Il va falloir trouver des procédures pour qu'ils puissent partir, avance Sylvain Delye. Pour ceux qui vendent en Italie ou en Espagne, il faudra bien que les animaux partent. On est dans l'attente d'un protocole, qu'on espère le plus simple possible, pas une usine à gaz qui empêche tout commerce", affirme le représentant de la FDSEA.

Vendredi, le ministère de l'Agriculture a annoncé conduire des travaux avec le Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) pour indemniser les éleveurs touchés.

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