Terrible méprise : un homme enlevé, tabassé, séquestré par erreur, secouru par la police

Au milieu de l'été, un homme d'une trentaine d'années a été enlevé et séquestré dans l'Orne, a priori pour une dette liée à un trafic de drogue. Délivré par la Police après des heures de calvaire, il affirme avoir été pris pour cible à tort. Ses ravisseurs ont été arrêtés, ils risquent jusqu'à 20 ans de prison.

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C'est une histoire rocambolesque et terrifiante. Le 29 juillet, un habitant de Flers-de-l'Orne (61) a vécu un supplice inouï. Au milieu de la nuit, il quitte la discothèque Le Garden dans le centre-ville et rentre chez lui en voiture, au sud-est de la commune du Bocage. 

C'est alors qu'il est pris à partie par deux hommes, d'une vingtaine d'années. Très vite, ils l'embarquent de force dans le coffre de leur voiture, une Citroën C3, l'attachent et le bâillonnent avec du ruban adhésif. Un riverain assiste à la scène. Médusé, il appelle le commissariat de police, qui envoie une patrouille sur place. 

La victime retrouvée grâce à la plaque d'immatriculation

En chemin, les policiers croisent le véhicule décrit par le témoin comme étant celui des ravisseurs. Ils somment le conducteur de s'arrêter mais celui-ci accélère pour s'enfuir. Dès lors, une course-poursuite s'engage pendant plusieurs kilomètres en direction d'Argentan. Les contrevenants finissent par semer les forces de l'ordre à hauteur de Bellou-en-Houlme. 

Toutefois, ces derniers n'ont pas tout perdu, ni dit leur dernier mot. Durant la traque, ils ont réussi à relever la plaque d'immatriculation du véhicule. S'engage alors une nouvelle course, contre-la-montre cette fois, pour retrouver le propriétaire de la voiture en fuite. L'Officier de police judiciaire est avisé, il déclenche immédiatement une enquête.

Au petit matin, les policiers se rendent à Argentan, où est en principe domicilié le véhicule. Le détenteur de la C3 affirme qu'il la prêté la veille au soir à des connaissances. Dans le quartier, les agents tombent sur la voiture et se mettent à inspecter les immeubles aux alentours. Dans l'un d'entre eux, ils entendent des gémissements et des appels à l'aide étouffés par le bâillon.

Le séquestré défiguré, les ravisseurs interpellés

Une fois la porte enfoncée, ils découvrent la victime présumée, au sol, surveillée par un chien de garde. Une fois libéré, l'homme enlevé et séquestré raconte son calvaire aux policiers. Selon lui, ses kidnappeurs se sont trompés de personne, il aurait été enlevé à tort. Il explique que ses ravisseurs cherchaient un homme en rapport avec une dette d'argent liée à un trafic de stupéfiants. Le trentenaire a le visage tuméfié, le nez cassé, des blessures aux yeux. Frappé au thorax, il présente également des côtes brisées. 

Ses bourreaux, eux, ont pris la poudre d'escampette. Mais l'enquête pour les retrouver se poursuit, car ils sont désormais identifiés. Ils ont une vingtaine d'années, habitent à Argentan, l'un d'eux sort tout juste d'un court séjour en prison. Trois jours plus tard, le 1er août, la police les interpelle dans le quartier de Perseigne à Alençon. Ils se seraient réfugiés auprès du commanditaire de l'enlèvement, qui leur aurait promis plusieurs dizaines de milliers d'euros en contrepartie de ce "service". 

Nous nous sommes battus pour que les faits soient reconnus comme un crime et non un délit. Mon client a vécu les cinq à six heures les plus terribles de sa vie. Il veut que les auteurs des violences qu'il a subies soient condamnés à la peine qu'ils méritent.

Me Lori Helloco, avocat de la victime

Jugés en CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité), les deux kidnappeurs ont été condamnés pour le délit d'enlèvement et séquestration. Ils sont depuis en détention provisoire. L'un à Caen (14), l'autre à la maison d'arrêt du Mans-Les-Croisettes (72).Sauf que l'avocat de la victime a fait valoir qu'il s'agissait selon lui d'un crime, non d'un délit. "Lorsque les criminels libèrent volontairement une victime sous sept jours, c'est un délit", explique Me Lori Helloco, avocat de la victime. Là, en l'occurrence, ce sont les policiers qui l'ont libérée, ce n'était pas la volonté des ravisseurs. Pour moi, cela relève du crime."

Un avis partagé et suivi par le juge. Pour les auteurs, la différence est grande. D'une peine maximale de 5 ans de prison, ils encourent désormais 20 ans de réclusion. L'affaire est désormais dans les mains du juge d'instruction. Son enquête va sans doute durer plusieurs mois, elle doit déterminer la nature précise des infractions commises par les ravisseurs et leur renvoi éventuel devant une autre juridiction.  

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