De nombreuses plages de Normandie ont été fermées à la baignade la semaine dernière. Mairie, préfecture, agence régionale de Santé ou encore communauté de communes… on vous explique le rôle de chacun dans la gestion de la propreté des eaux de mer.
Petit couac la semaine dernière à Deauville. Le drapeau violet – signe d'un risque important de pollution –, a été hissé par erreur par les sauveteurs en mer, en plus du drapeau rouge. L’agglomération Côte fleurie attendait encore le bulletin de pollution de l’Agence régionale de santé lorsqu’elle a fait le choix d'interdire la baignade “par mesure de précaution”.
Un “outil d’anticipation” maison
“Nous ne voulions prendre aucun risque pour les baigneurs. Les résultats d’analyse officiels nous parviennent généralement sous 48h”, raconte Marc Bourhis, directeur de la communauté de communes Cœur Côte Fleurie, pour expliquer ce recours préventif au drapeau violet. De Vierville à Deauville, les maires ont pris un arrêté préfectoral pour avertir les vacanciers et promeneurs de la fermeture provisoire du littoral.
Ce n’est pas la première fois que les collectivités prennent les devants sur la Côte Fleurie. Ils se réfèrent depuis 20 ans à leur propre “outil d'anticipation” des risques, financé par la communauté de communes. La mesure dite par microplaque – importée des Pays-bas –, leur permet d’établir des profils de vulnérabilité précis, soit une grille pour anticiper les risques de pollution à la bactérie E.Coli.
Aujourd'hui, nos résultats matchent à 90% avec les résultats de l'Agence régionale de Santé.
Marc BourhisDirecteur de la communauté de communes Cœur Côte Fleurie
Courant des vents, pluviométrie, rejets des ruisseaux ou des marées... Grâce aux croisements des données météorologiques par Veolia − en charge du relevé et de l'analyse des échantillons –, la qualité d’une eau peut-être donnée en trois heures (48h pour l'eau douce). "Plus le temps passe et plus nos indicateurs sont fiables car nous cumulons les données", appuie Marc Bourhis.
Un classement dressé par l'ARS
Pour autant, ces analyses rapides d'autosurveillance sont à la marge et ne sont pas reconnues par l'ARS. L’agence régionale de Santé organise le contrôle sanitaire de la qualité des eaux conformément à la directive européenne et réalise 10 à 20 prélèvements par an en Normandie, selon la sensibilité du milieu.
"Nous analysons les résultats, gérons les informations recueillies, les transmettons aux responsables des eaux de baignade, les publions et établissons le classement en fin de saison", explique l'agence régionale de santé. Ce classement évalue la qualité des eaux de baignade selon quatre classes : excellente, bonne, suffisante et insuffisante.
Les responsables des eaux de baignade (collectivités ou propriétaires privés) ont par ailleurs une obligation d’information auprès des habitants, du préfet et de l’organisme en cas d’alerte. Même si dans la majorité des cas, les alertes à la pollution sont souvent transmises par l'ARS aux communes.
De 5 à 20 prélèvements par an
À Port-Bail-sur-Mer, dans la Manche, la plage du poste de secours est interdite à la baignade depuis vendredi dernier. La maire a été prévenue par téléphone de la contamination de l'eau par la bactérie E.Coli. "Nous payons l'ARS pour qu'elle suive l'état des plages. Elle m'a contactée par téléphone afin de mettre en place un arrêté rapidement", explique Frédérique Boury.
Dans la commune du Cotentin, la plage très fréquentée du poste de secours est contrôlée 20 fois en saison estivale. Les deux plages voisines le sont moins, à hauteur de 5 prélèvements de juin à septembre. "Nous n'avons pas la main sur le contrôle de la qualité car la responsabilité revient aux laboratoires de sous-traitance", appuie l'édile.
De leur côté, les collectivités ont la responsabilité d'avertir le public en cas de "mauvais" résultats. Lesquels sont consultables sur le site internet de l'ARS. Selon son dernier classement, 92% des sites de baignades en Normandie sont de bonne ou d’excellente qualité en 2022.