Transdev et la Région Normandie vont bientôt faire rouler un car dont le moteur diesel sera remplacé par un moteur électrique alimenté à l'hydrogène. Le prototype circulera à la fin du premier trimestre 2022 sur la ligne régionale express Evreux-Rouen. Une première mondiale.
Zéro émission de CO2 et 30% d'autonomie en plus par rapport à un moteur électrique classique. D'ici quelques semaines, un car Nomad va subir une transformation profonde. Ce modèle qui roule depuis 10 ans au Diesel sur le réseau régional va être retrofité, c'est-à-dire que son moteur sera converti pour devenir un véhicule électrique alimenté à l'hydrogène. Une première mondiale, que Transdev et la Région Normandie lanceront en 2022.
"L'objectif est d'enlever toute la partie du moteur thermique pour le remplacer par une batterie électrique. La spécificité, c'est qu'il sera aussi alimenté par de l'hydrogène.", explique Amandine Allard, directrice clients Transdev Normandie.
C'est une grosse prouesse technique ! On retire entièrement la chaîne thermique pour passer sur une chaîne électrique.
VIDEO. Tout comprendre sur la transformation
Un véhicule beaucoup moins polluant
Depuis 10 jours, des ingénieurs comparent l'impact sur la qualité de l'air d'un car retrofité par rapport à une motorisation classique. Leur constat est sans appel : 0 émission pour l'hydrogène quand un trajet Evreux-Rouen rejette à l'heure actuelle 45 kilos de CO2.
Si on multiplie par le nombre de trajets annuel, on arrive à peu près à 1.500 tonnes de CO2 qui vont être économisées lors du retrofit hydrogène sur ce véhicule.
Autre avantage, l'autonomie : +30% par rapport à un car électrique classique. "Ce plein permettra une autonomie d'une journée, c'est-à-dire environ six trajets entre Rouen-Evreux et Evreux-Rouen", explique Julien Hinault, ingénieur CERTAM.
Mise en circulation à partir de 2022
La phase de tests est en cours et la conversion sera effective en fin d'année. Le prototype circulera à partir du deuxième trimestre 2022 sur la ligne régionale express Evreux-Rouen. Une première mondiale dont se félicite la Région Normandie à l'origine du projet :
"Vous n'émettez dans l'atmosphère que de la vapeur d'eau. Pour le réchauffement climatique et la qualité de l'air en ville, on a deux excellentes raisons de soutenir cette opération", indique Hubert Dejean de la Batie, vice-Président de la Région Normandie en charge de la transition environnementale et énergétique.
Le coût du projet de ce premier car à l'hydrogène est évalué à près d'un million d'euros. La Région Normandie apporte presque la moitié de la somme.
Le retrofit électrique autorisé en France
Un décret du 13 mars 2020 relatif "aux conditions de transformation des véhicules à motorisation thermique en motorisation électrique à batterie ou à pile à combustible" a été publié au Journal Officiel le 3 avril 2020 et est entré en vigueur dès le lendemain. Ce texte prévu par la loi d'orientation des mobilités met ainsi un cadre réglementaire pour définir les conditions permettant de transformer en toute sécurité un modèle thermique (hors véhicules de collection), qu'il soit à essence ou au diesel, en véhicule électrique à batterie ou à pile à combustible.
Le décret permet d'électrifier les véhicules de catégories M (voitures particulières et utilitaires légers), N (camions, bus et cars), L (deux et trois-roues motorisés) à condition qu'ils aient été immatriculés en France dans une version définitive et que la première immatriculation ait eu lieu il y a plus de cinq ans (ou trois ans pour les deux ou trois-roues).
Ce texte encourage ainsi la remise en circulation de vieux véhicules, d'autant que certaines aides sont d'ores et déjà disponibles."Nous n'avions aucune obligation d'agir dès maintenant mais nous avions la volonté politique de le faire", indique Hubert Dejean de la Batie.