Une planificatrice de mariage, une "wedding planner" n’a pas honoré ses contrats et a laissé sans nouvelle plus d’une quinzaine de couples dans la région dieppoise, pour ensuite se mettre en liquidation judiciaire. Camille, victime, a souhaité témoigner de cette mésaventure.
Camille est en colère. Depuis six mois, avec une quinzaine d’autres personnes, elle essaye d’avoir réparation suite à "un faux bon" d’une "wedding planner", une planificatrice de mariage. Elle a décidé d’alerter sur les réseaux sociaux des agissements de cette créatrice.
"Je lui faisais vraiment confiance, je ne me suis pas méfiée"
Tout commence quelques mois avant la date de la cérémonie. Camille apprécie le travail de cette créatrice de tableaux en bois et la contacte : "Nous nous sommes vues, on a mis des choses en place. Je l’ai prise sur la partie décoration". Camille lui a versé 1 800 euros. Puis les jours, les semaines passent… Son interlocutrice donne très peu de nouvelles, mais elle continue de lui faire confiance.
Trois semaines avant son mariage, elle se rend à un anniversaire et une connaissance lui explique qu’il a entendu dire qu’une "wedding planner" ne s’était pas présentée à plusieurs mariages… Inquiète, elle déchante en découvrant les avis sur sa page Facebook. Il s'agit de la même personne.
Elle faisait faire des faux devis. En tout, elle a dû toucher au moins 30 à 40 000 euros sur notre dos.
Camille, victime de "la wedding planner"
Insultes, liquidation judiciaire et plaintes
La jeune femme a réussi à se rendre chez la personne pour avoir une explication, pour essayer de comprendre pourquoi elle avait encaissé la somme, tout en ne fournissant pas la prestation. Sans succès, le ton est même monté : "Son mari a sorti le malinois et nous nous sommes fait insulter. Il nous a dit qu’il fallait laisser sa femme tranquille, parce qu’elle était en burn-out. Il a promis sur la tête de son fils qu’il allait rendre l’argent. Puis, elle s’est mise en liquidation judiciaire".
Camille ne veut pas en rester là et en juillet 2023, elle dépose plainte auprès de la gendarmerie."1 800 euros foutus en l'air, une décoration à acheter 15 jours avant le mariage... Et heureusement que je n'étais passée par elle pour le fleuriste et le traiteur !", écrit Camille sur Facebook.
Un mois plus tard, une nouvelle plainte est déposée par une autre victime, Manon. Son mariage, est prévu en août 2024. Le couple avait prévu de verser 1 995 euros pour la prestation, mais grâce aux alertes des internautes, au final, "que" 600 euros seront versés. "J'ai vu les publications affolantes, on a donc tout suspendu."
Pour elle, ces agissements sont irrespectueux, "elle a sûrement ses raisons, je n'essaye même plus de rentrer en contact avec elle" ,avance-t-elle. Elle conclut : "On a perdu une somme, mais on n'a pas tout perdu". Certains plaignants ont dû contracter des crédits pour finaliser leur projet...
"Elle prenait six à sept mariages par week-end"
Camille ne cache pas que "psychologiquement, cela a été compliqué, mais heureusement j’ai été bien entourée. Ma famille nous a aidés, soutenus, mais cela nous a beaucoup marqués". Six mois après cet événement, Camille reste déterminée. "Juridiquement, on n’a pas lâché l’affaire."
Ils sont désormais une quinzaine de victimes à s'être mis en contact. "On s’est rendu compte qu’elle prenait six, sept mariages par week-end, alors qu’elle était toute seule. Certains couples avaient tout prévu avec elle."
Sur la toile, les pages de la structure sur les réseaux sociaux ont été changés, les commentaires limités. Sur le site societe.com, l'entreprise est toujours déclarée active, même si la liquidation judiciaire est indiquée. France 3 Normandie a tenté de rentrer en contact avec cette créatrice, par le biais de ses différents comptes sur les réseaux sociaux. Mais nos sollicitations sont restées sans réponse.
Du côté de la gendarmerie de Yerville, plusieurs plaintes ont été enregistrées mais la gendarmerie n'a pas souhaité en communiquer le nombre car l'enquête est toujours en cours d'instruction. Une fois clôturée, elle sera transmise au procureur de la République.