"Avoir ce gros focus des Jeux paralympiques pour montrer qu'on existe". Malgré une offre conséquente, le handisport veut gagner en visibilité en Normandie

Le comité handisport de Normandie recense près de 800 adhérents, sur un total d'environ 35 000 licenciés en France. Pour attirer davantage de pratiquants, les comités régionaux et départementaux multiplient les journées de détection et de sensibilisation, et comptent sur les Jeux paralympiques pour engendrer un essor de nouvelles inscriptions.

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Alors que les Jeux paralympiques viennent de s'ouvrir pour douze jours de compétitions, force est de constater que la Normandie est la région de France la moins pourvoyeuse d'athlètes de la délégation française. Sur un total national de 240 sportifs engagés, neuf seulement sont issus de notre région.

Toutefois, si la Normandie se situe logiquement loin derrière l'Île de France (51), elle n'est pas non plus décrochée par rapport à d'autres zones plus peuplées de l'hexagone comme la Bretagne (12) ou les Pays de la Loire (11).

Une vingtaine de disciplines dans 65 clubs en Normandie

La restructuration du Centre sportif de Normandie lancée il y a quelques années, et le développement des comités départementaux devrait permettre de démocratiser davantage les pratiques, car il est tout de même possible de pratiquer une vingtaine de disciplines dans la région. 

"Chez nous, le paracyclisme est très bien développé, détaille Muriel Elissalde, directrice du comité handisport de Normandie. "On pratique aussi beaucoup de football sous différentes formes (football fauteuils électriques, cécifoot, futsal et football pour les sourds et malentendants), l'athlétisme et bien sûr le tennis de table, qui est un peu notre discipline d'excellence". 

En effet, avec trois Normands engagés à Paris (cinquièmes olympiades pour Florian Merrien et Emeric Martin, première pour Alexandra Saint-Pierre), le para tennis de table se porte bien dans la région, et depuis longtemps, notamment grâce à l'excellent club de la Bayard Argentan.

Cela dit, la liste des pratiques sportives ouvertes aux personnes porteuses de handicap est bien plus fournie : natation, tennis, tir à l'arc, goalball, torball, basketball, volleyball, badminton, rugby, équitation, handball, voile, ou encore aviation. "Ces dernières années, on a fourni un gros effort sur le public très lourdement handicapé : on propose désormais de la boccia et de la sarbacane, qui se sont beaucoup développées", précise Muriel Elissalde.

Encore de nombreux freins au développement du parasport

Alors que le contingent de sportifs normands handicapés grimpait en flèche dans les années 2010, il a subi un coup d'arrêt, et même décru à cause de la crise sanitaire. "Après le Covid, on a eu un certain nombre de personnes qui ont eu du mal à revenir, analyse Daniel Jeanne, président du comité handisport normand. Là, on est à nouveau reparti à la hausse, ça recommence à prendre un nouvel essor.

On a beau communiquer, il y a toujours un certain nombre de personnes qui ne sont pas au courant des possibilités qui existent.

Daniel Jeanne, président du Comité handisport de Normandie

Dans l'espoir que les Jeux paralympiques génèrent une vague de nouveaux pratiquants, et surtout, une démocratisation des disciplines handisports auprès des clubs de sports "valides", mais aussi auprès des personnes handicapées elles-mêmes. 

Parfois, par méconnaissance, certains parents ne dirigent pas leurs enfants vers les clubs. "J'entends régulièrement "Ah bah moi je n'imaginais pas qu'il pouvait faire ça !", regrette Muriel Elissalde, directrice du comité handisport de Normandie. Pour tenter d'approcher et d'accrocher plus de sportifs, les comités développent les liens avec les établissements spécialisés. Un autre vecteur de licenciés est d'organiser des journées de détection et de sensibilisation aux différents sports, comme ce fut le cas sur le village paralympique lors du passage du relais de la flamme à Deauville. 

Malgré tout, il existe encore des freins, de nature logistique : le coût du matériel et la disponibilité des gymnases. "Il y a eu un gros travail de fait pour l'accessibilité des gymnases", pointe la patronne du handisport dans la région, même s'il demeure difficile d'obtenir des créneaux pour jouer.

En revanche, le développement de certaines pratiques repose sur du matériel. Les comités et les clubs s'efforcent d'en acquérir pour mettre à disposition des pratiquants débutants. "Cela va quand on est dans une optique de loisirs, mais quand on part sur l'aspect compétition, cela coûte souvent cher", concède Muriel Elissade. À titre d'exemple, la structure régionale vient de faire l'acquisition de deux fauteuils tout-terrain et de deux joëlettes pour développer la randonnée pédestre. Coût de l'opération : 35 000 €.

Des problématiques nombreuses et des solutions émergentes

S'il existe de nombreuses possibilités de subventions, la confection des dossiers et le temps de gestion des demandes en rebutent plus d'un. Sans oublier une autre problématique essentielle, celle des transports vers les clubs. "Quand les personnes sont suivies en établissement, les éducateurs s'en occupent, mais il y a une frange de la population qui est isolée, et qui ne va pas avoir le maillage géographique nécessaire", déplore Muriel Elissalde. 

Malgré tout, les comités locaux ne désarment pas. De nouvelles formations sont à disposition des éducateurs et des clubs pour accueillir et prendre en charge des parasportifs, et développer des structures adaptées dans les clubs. En espérant encore une fois que les Jeux paralympiques de Paris soient une rampe de lancement pour une plus grande démocratisation de la pratique des disciplines de parasports. 

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