Mère depuis novembre, Charlotte Goujon n'a pas pu prendre de congé maternité à la tête de la mairie de Petit-Quevilly (Seine-Maritime). Pour France 3 Normandie, elle a accepté de témoigner sur les difficultés d'être à la fois une jeune maman et une édile.
Entre maire et mère, l'équation est loin d'être évidente. Charlotte Goujon en a fait l'expérience en novembre dernier, lorsqu'à la naissance de son enfant, la maire PS de Petit-Quevilly (Seine-Maritime) s'est rendue compte qu'elle ne pouvait pas prendre de congé maternité.
En cause, un vide juridique qui prive les élues - maires mais aussi députées - de deux tiers de leurs indemnités et qui vient d'être publiquement dénoncé par la maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond'huy.
Alors que le président de l'Association des maires de France (AMF) et édile de Cannes, David Lisnard (LR), est favorable à un changement de loi concernant la maternité des élues, Charlotte Goujon a témoigné de sa situation auprès de France 3 Normandie.
Avez-vous pu prendre un congé maternité en tant qu’élue ?
J’ai ralenti mon activité mais je n’ai pas réellement pris de congé maternité. Quand on est élue et qu’on prend un congé maternité, la Sécurité sociale nous indemnise à une hauteur maximale équivalant à une perte de revenus de deux tiers des indemnités.
Il y a aussi des dossiers et sujets qui ne peuvent pas être délégués. J'ai continué de les suivre au quotidien à l’hôtel de Ville ou depuis mon domicile en distanciel.
Exercez-vous toujours votre mandat ?
Je continue de venir régulièrement en mairie pour signer des courriers et des arrêtés. Je suis aussi certains dossiers au quotidien et même à la maternité, comme celui des pistes cyclables à Petit-Quevilly.
Je continue d’exercer mon mandat mais au quotidien, c’est mon premier adjoint qui a pris le relais et qui voit les dossiers urgents avec les différents services notamment.
Est-ce que c’est une situation inconfortable ?
Ce n’est jamais reposant parce qu’on souhaiterait pouvoir couper complètement son activité pour s’occuper pleinement de l’accueil d’un nouveau-né mais il y a certains sujets qui ne peuvent pas être délégués.
Il a fallu jongler entre l’envie de pouvoir accueillir correctement son nouveau-né et le suivi malgré tout des dossiers à l’hôtel de Ville. J’ai la chance d’avoir un premier adjoint disponible à 100%.
Ce n'est pas le cas de la maire de Poitiers qui a soulevé récemment cette question dans les médias puisque sa première adjointe salariée, n’a pas été libérée à temps plein par son employeur.
C’est injuste parce qu’on se rend compte que les élues n’ont pas les mêmes droits que les autres femmes.
Charlotte GoujonFrance 3 Normandie
Il y a des vides juridiques ainsi que des problématiques qui se posent et qui n’étaient jusqu’ici pas soulevés. Les lois qui encadrent la fonction d’élus ont été faites à l’époque par des hommes et pour des hommes.