À Dieppe, les soignants de l'hôpital posent nus pour soutenir la grève des infirmiers anesthésistes

Ils sont sages-femmes, aides-soignants, ou encore chirurgiens de l'hôpital de Dieppe et ils ont accepté de "se mettre à poil" pour soutenir leurs collègues infirmiers anesthésistes en grève depuis le 2 novembre. Un message fort pour se faire entendre.

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Elle a choisi la mise en scène de sa photographie : debout dans une salle d'opération, la poitrine cachée par l'appui-bras de la table d'intervention. Fabienne Lechevalier est aide-soignante depuis 20 ans en bloc opératoire à l'hôpital de Dieppe et n'a pas hésité une seconde à se mettre nue devant l'objectif. "Des corps, on en voit tous les jours. Les patients qui viennent se faire opérer sont dénudés aussi et demain ça pourrait être moi sur la table d'intervention, donc ça s'est fait tout naturellement", raconte t'-elle.

"Sans infirmier anesthésiste, je suis à poil"

Fabienne et d'autres soignants de l'hôpital de Dieppe ont accepté de se déshabiller devant l'objectif pour exprimer leur soutien à leurs collègues infirmiers anesthésistes en grève depuis le 2 novembre : "je travaille tous les jours avec eux, ce sont des infirmiers qui ont bac+5 ou bac+6 et leurs années d'étude doivent être reconnues. Ils ont quand même chaque jour la vie de patients entre leurs mains et cette prise en charge des patients, il faut la maintenir avec un personnel qualifié", poursuit l'aide-soignante.

 L'idée de cette séance photo a émergé dans la tête de Maïlys Lejeune, infirmière anesthésiste à l'hôpital de Dieppe : "pour nous c'est compliqué de faire une grève complètement, on ne peut pas faire déprogrammer toutes les interventions et puis on n'est que 11 000 en France donc la meilleure façon de se rendre visible, c'est d'être à poil !". L'infirmière lance l'idée dans les couloirs de l'hôpital sur le ton de l'humour et très vite ses collègues se manifestent. 

Interpeller sans choquer

Ces photos, postés sur les réseaux sociaux sont selon les infirmiers anesthésistes, le meilleur moyen de se faire entendre et de sensibiliser le grand public et donc les patients à leur cause : "notre travail c'est aussi d'endormir les patients, et quand ils se réveillent ils nous oublient, alors que c'est grâce à nous et au médecin anesthésiste". L'infirmière concède que la démarche peut paraître choquante, mais ce n'est pas l'objectif de ces professionnels : "Nous on veut juste interpeller. S'il est écrit à poil sur les photos, c'est parce que sans IADE (Infirmier Anesthésiste Diplômés d'Etat ndlr), l'hôpital public est vraiment à poil, et sans statut on est nu".

Quatorze clichés de sages-femmes, de médecins et d'infirmiers ont ainsi été pris au sein de l'hôpital par une chirurgien digestive, passionnée de photographie. D'autres devraient être publiés prochainement.

 Une reconnaissance de leur statut

Cela fait deux semaines que la profession est en grève pour réclamer une reconnaissance de son statut d'auxiliaire médical de pratique avancée. Une énième grève depuis les années 60 pour défendre l'autonomie des infirmiers anesthésistes. 

Au quotidien, ce sont eux qui assistent au réveil des patients "derrière chaque patient, il y a un médecin qui supervise mais celui qui gère le patient de l'anesthésie jusqu'au réveil c'est l'infirmier anesthésiste", explique Nicolas Paysan, salarié de l'hôpital de Dieppe. "Dans la réalité, on a une pratique qui s’apparente aux infirmiers cliniciens, dans la prise de décision, même sous supervision des médecins, mais pas le statut", poursuit l'infirmier.

On ne veut pas notre indépendance, on veut que la réalité du terrain soit reconnue et que la notion de pratique avancée soit reconnue

Nicolas Paysan, infirmier anesthésiste à l'hôpital de Dieppe

France 3 Normandie

Ces professionnels de santé suivent deux années de formation théorique et pratique spécialisées après les trois ans d'école d'infirmiers.

Tout comme ses collègues, l'infirmier anesthésiste s'inquiète de voir arriver dans les blocs opératoires des infirmiers moins bien formés : "on a vu de nouvelles filières d'études émerger et on craint que la qualité de la prise en charge des patients passant par les blocs opératoires soit diminuée", explique t'-il.

La grève devrait se poursuivre jusqu'au 25 novembre.

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