Le maintien par Bruxelles, malgré la mobilisation de nombreux élus français, de l'autorisation de la pêche industrielle avec la technique dite de la "senne démersale" est considéré comme une menace pour la pêche artisanale et la ressource.
La senne est le nom que l'on donne à un filet de pêche de grande dimension. Et démersal, selon la définition du Larousse, est un adjectif qui concerne ce qui vit au fond de la mer.
Ces deux mots sont depuis plusieurs semaines dans l'actualité avec la mobilisation d'associations et d'élus qui dénoncent les conséquences de la pêche industrielle avec la technique de la senne démersale.
Le 29 septembre 2022, l'Union européenne a débattu de la suppression de cette technique controversée, et de son interdiction dans les eaux françaises.
Finalement, tard dans la nuit, les instances de l'Union européenne ont décidé de maintenir l'autorisation de cette pratique. Une décision qui suscite la colère et l'incompréhension d'élus des Hauts-de-France et de Normandie, comme à Dieppe, le député d Sébatien Jumel (lire plus bas)
"Une pêche capitaliste"
Pour Claire Nouvian, présidente de l'association environnementale Bloom, qui œuvre pour la protection de l'océan et des espèces marine, défendre la senne démersale n'est pas rationnel : "Le soutien du gouvernement français à un projet industriel étranger contre les pêcheurs français, c'est incompréhensible !"
Claire Nouvian explique que cette pêche est un menace pour la ressource et l'économie de la pêche française. Elle dénonce les moyens mis en œuvre :
"Quelques très grands bateaux ultra-efficaces, ultra-technologiques. Et aussi ultra-financiarisés, parce qu'on parle-là de pêche industrielle néerlandaise, d'un pays où on pratique l'évasion et l'optimisation fiscale agressives. Nous sommes donc face à des modèles de pêche qui ne sont absolument pas humains, qui se contrefichent de savoir qu'elle va être le futur et l'avenir des territoires, de la dynamique économiques des ports de pêche."
"La senne démersale, ce sont de gros filets qui raclent tout, qui tuent la pêche, qui tuent l'emploi et qui abîment l'océan."
Sébastien Jumel, député (NUPES-PCF) de Seine-Maritime
Avec les députés NUPES, François Ruffin et Sébastien Jumel la présidente l'ONG Bloom a a milité pour l'interdiction de la pêche à la senne démersale.
Claire Nouvian alerte sur les pratiques des industriels de la pêche, et de leurs conséquences sur l'avenir des pêcheurs français et du maintien de la ressource en poisson sur les côtes françaises :
"C'est pas leur sujet : leur sujet c'est d'attraper la ressource le plus vite possible pour, en gros, avoir un retour sur investissement par rapport à leur immobilisation capitalistique. C'est de la pêche capitaliste ! Ce n'est pas un modèle de pêche que l'on peut défendre ! C'est un modèle de pêche qui doit disparaître car ce sont vraiment des prédateurs mobiles qui aujourd'hui passent de Mer du Nord à Manche Est et Manche Ouest en Normandie, et qui demain vont aller en Afrique…"
"On a cédé au lobbies industriels"
Le vendredi 30 septembre 2022, invité en direct dans la matinale de France Bleu Normandie, le Dieppois Sébastien Jumel a commenté le maintien de l'autorisation de la pêche à la senne démersale.
Répondant aux questions de Thomas Schonheere, le député NUPES-PCF de la 6e circonscription de la Seine-Maritime, connu pour défendre les pêcheurs de Dieppe et du Tréport, a déploré la décision de l'Union européenne :
"Cette proposition de résolution a rassemblé 143 parlementaires de tous les bancs. C'est un sujet qui a fait consensus chez les pêcheurs français, chez les politiques français (j'avais à mes côtés Xavier Bertrand). Le gouvernement est seul contre tous et c'est incompréhensible que le nouveau ministre ait cédé aux lobbies industriels."
"Si la France avait tapé du poing sur la table en disant 'on interdit la pêche senne démersale', elle aurait obtenu satisfaction ! Le gouvernement a trahi, une fois de plus les pêcheurs français. Emmanuel Macron préfère ses amis de la finance, y compris lorsqu'ils sont représentants d'étrangers néerlandais, plutôt que la pêche artisanale française."
Sébastien Jumel a indiqué qu'il allait continuer de défendre l'interdiction de cette pêche industrielle avec ces filets géants, notamment à l'Assemblée nationale en mai 2023.