Face à la colère des riverains, les responsables de l'usine Prolein Olatein située en plein coeur du quartier du Pollet, à Dieppe, ont décidé d'arrêter leur production durant une semaine. Ils ont stoppé le démarrage de la station d'épuration qui crée des nuisances olfactives jugées " insupportables. "
Ils manifestent au pied de l'usine, une pince à linge sur le nez. Les riverains de l'entreprise dieppoise ont décidé de contre-attaquer. Ils affichent avec force pancartes et slogans leur écœurement face aux odeurs nauséabondes dégagées depuis des semaines par l'usine Prolein.
Une usine rebaptisée " Pulein".
Installée sur le site de Saipol, cette entreprise compte produire une protéine de colza destinée à l'alimentation humaine. Mais ses opérations de démarrage occasionnent des nuisances olfactives devenues "insupportables" pour les habitants du quartier du Pollet, littéralement "envahis" par ces odeurs, jusque dans leurs habitations.
Certains d'entre eux n'osent même plus ouvrir leurs fenêtres, comme Hélène, qui habite juste en face de l'usine et qui se plaint d'être impactée au quotidien :
Ça sent la merde, il n'y a pas d'autre mot !
Hélène, proche riveraine de l'usine Olein & Prolein
" Ça sent la merde, il n'y a pas d'autre mot. C'est vraiment écœurant, jusqu'à en vomir. J'ai une perte d'appétit, et je reprends de la Ventoline alors que je n'en prenais plus depuis un bout de temps. Je vis cloitrée, je passe des week-ends entiers dans ma chambre, ou alors je vais chez mon fils. Là ils essayent de trouver des solutions, mais que vont-ils faire en une semaine? Ça me paraît juste pour résoudre le problème. "
Même discours chez sa voisine, Monique : " Au quotidien, je vis sur mon canapé, fenêtres fermées, séquestrée, j'ai l'impression d'être confinée, comme avec le Covid, mais avec l'odeur en plus. C'est horrible, j'ai l'odeur jusque dans la bouche, ça m'a même déclenché une sinusite. Là, je n'en peux plus, je ne peux pas vivre comme ça, il faut vraiment que ça bouge. Ce n'est pas possible, on va péter un plomb !"
Leur exaspération entendue par la direction de l'usine
Après la dernière réunion organisée avec les riverains le 10 août dernier, l'exploitant a décidé d'interrompre l'activité de sa station d'épuration pendant une semaine, le temps d'installer une unité de désodorisation. Il assure que "l’arrêt de la station de traitement devrait mettre fin aux nuisances actuelles."
Une première victoire pour les riverains, même s'ils préfèrent rester prudents, à l'image de Sophie Hédin, membre de l'association : " Plusieurs personnes nous ont dit que le piégeage des odeurs n'était pas une chose très facile au niveau industriel, même si on a obtenu gain de cause sur ça, on a vraiment peur que les odeurs reviennent au bout d'une semaine, il va y avoir des tâtonnements."
Les responsables de l'usine ont présenté leurs excuses aux riverains. Ils ont jusqu'au mardi 20 septembre pour régler le problème.
" Les excuses, c'est un minimum, poursuit Sophie Hédin, on aurait bien aimé que l'usine cherche une solution dès le mois d'août. On espère qu'il y aura un résultat. C'est pour ça qu'on a fondé notre association, car on se dit qu'il faudra rester vigilants."