Un phoque avait échoué sur la plage d’Etretat. Malgré son transfert dans une association spécialisée (le CHENE à Allouville-Bellefosse en Seine-Maritime), il est mort le 1 février 2023.
C’est une fin prévisible. L’aventure du phoque échoué sur la plage d’Etretat en Seine-Maritime se termine mal mais était quasi certaine. En effet, après une polémique lancée sur les réseaux sociaux notamment de la part de l’association Sea Sheperd, l’animal a finalement été transféré au CHENE pour moins de 24 heures. Les activistes avaient critiqué sur leurs réseaux sociaux le manque de réactivité des autorités : "malgré le contexte et le fait que le phoque se retrouve dans un centre de soins qui n'avait pas voulu se déplacer et qui l'avait jugé à tort, comme un vieil individu, on attend du Chene qu'il lui prodigue les meilleurs soins possibles".
« Il était mourant et en hyperthermie. Il avait plus de 40° de fièvre. On savait qu’il allait mourir. Nous l’avons perfusé pour le réhydrater mais il est parti d’une hémorragie interne en vomissant du sang et des vers », nous précise un des soigneurs du CHENE. Sur la plage, le vétérinaire qui avait pu apporter les premiers soins à l’animal avait déjà émis des réserves quant à la survie du phoque.
« L’équipe du CHENE a subi un déferlement de messages véhéments »
L’équipe du CHENE, dévouée aux soins et à l’accueil des animaux depuis quarante ans, est aussi secouée par la violence des commentaires qui ont pu être postés sur les réseaux sociaux.
"espérons que le centre de soin va maintenant bien faire son boulot" ou "On ne laisse pas un animal agonir seul sur une plage" figuraient parmi les commentaires de la page Facebook de Sea Shepherd.
« On fait de notre mieux pour soigner les bêtes et cette polémique nous a fait mal. Ce n’est pas évident de déplacer ce mammifère lourd et malade », ajoute Alain Beaufils le directeur du CHENE.
L’association CHENE (Centre d’Hébergement et d’Etude sur la Nature et l’Environnement) agit depuis 1980 pour le respect et la défense de la faune sauvage et fait partie du RNE, Réseau National Échouages, qui est le principal outil de suivi des échouages de mammifères marins. Le réseau est coordonné scientifiquement par Pelagis sous la Tutelle du Ministère chargé de l’Écologie.
Fort de leurs expériences et des interventions de leurs correspondants, ils ont publié un rapport détaillé où ils expliquent comment gérer un échouage en France. Les scientifiques nous expliquent que les échouages de petits cétacés (taille inférieure à 5 m) ou phoques morts représentent 95 % des échouages sur nos côtes. Chaque jour de l’année au minimum un échouage est signalé à l’Observatoire PELAGIS et certaines journées ces signalements peuvent atteindre plusieurs dizaines.
Les phoques sont naturellement observés le long des côtes de la Manche et de l’Atlantique, ils utilisent le littoral pour se reposer, muer ou se reproduire. Il est essentiel d’évaluer leur état avant de les capturer. Contrairement aux cétacés, il existe cinq centres de soins pour les phoques en France (Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Normandie, Bretagne, façade atlantique). La majorité des cas dit d’« échouage » concernent des jeunes phoques gris (hiver) généralement sevrés, ou des jeunes phoques veaux-marins (été) le plus souvent non sevrés. Les cas d’adultes sont plus rares et concernent souvent des animaux moribonds pour lesquels la prise en charge est plus complexe et les chances de survie plus limitées.