Les 12 et 19 juin, les électeurs de la 9e circonscription de la Seine-Maritime vont choisir leur député. Stéphanie Kerbarh, élue en 2017, se représente face à 11 candidats, dont Marie-Agnès Poussier-Winsback, maire de Fécamp. Propositions des candidats et enjeux de ce scrutin dans le débat organisé par France 3 Normandie.
Située à l'ouest du département, la 9e circonscription de la Seine-Maritime s'étend du bord de mer à la vallée de la Seine, entre l'agglomération havraise et le centre du Pays de Caux.
Elle comprend les cantons de Fécamp, Valmont, Criquetot-l'Esneval, Goderville, Saint-Romain-de-Colbosc, Fauville-en-Caux et Bolbec, et comptait (en 2019), 126.592 habitants, dont la moitié, selon les données de l'INSEE, a plus de 42 ans.
Entre mer et Seine
Cette circonscription est à la fois agricole et touristique (avec le littoral et les falaises d'Etretat), mais aussi industrielle (citons l'usine Renault de Sandouville). C'est un territoire où les questions de défense de l'environnement et d'écologie sont présentes, que ce soit en bord de mer avec les projets de parcs éoliens ou en vallée de la Seine avec la présence d'entreprises pétro-chimiques et la notion de risques d'accidents industriels.
Une majorité d'ouvriers et d'employés
L'INSEE nous apprend aussi que parmi ces habitants, 57% sont des employés et des ouvriers, les cadres et les professions intellectuelles ne représentant que 8%. Les trajets domicile-travail (effectués à 85% en voiture) y sont extrêmement importants puisque 76% des habitants travaillent dans une autre ville que celle où ils habitent. Toujours en 2019, un peu moins de 10% (9,9%) de la population y avait un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté (14,5% au niveau national).
> Vidéo du débat organisé par la rédaction de France 3 Normandie
L'ancienne circonscription de Frédérique Bredin
En 1988, alors qu'elle est conseillère de François Mitterrand à l'Elysée, l'énarque Frédérique Bredin est "parachutée" en Pays de Caux et se présente comme candidate du PS aux législatives dans la 9e circonscription de la Seine-Maritime où elle sera élue députée, puis, l'année suivante maire de Fécamp. En 1991, elle est nommée ministre de la Jeunesse et des Sports.
Législatives de 2017
Aux élections législatives de 2017, Estelle Grelier, la députée sortante PS (et alors secrétaire d'Etat chargée des Collectivités territoriales) s'était présentée à sa réélection, mais avait été éliminée dès le premier tour avec 16,99 % des suffrages, battue de 176 voix par la candidate du Front National.
Au second tour, Stéphanie Kerbarh (candidate LREM) avait été élue à 62,94 % des suffrages, devant Geneviève Salvisberg (37,06 %)
L'élection présidentielle
En avril 2022, dans la 9e circonscription de la Seine-Maritime, Emmanuel Macron n'a obtenu que 47,9% des suffrages, derrière Marine Le Pen (52,1 %).
Les candidats aux législatives 2022
Si la députée sortante Stéphanie Kerbarh se représente, ce n'est plus, comme en 2017, en tant que candidate de la majorité présidentielle puisqu'elle a été exclue en mai 2021 de La République en Marche après s'être présentée aux élections régionales à la tête d'une liste dissidente de celle du candidat officiel LREM.
Elle aura face à elle onze candidats dont la vice-présidente du Conseil régional de Normandie : Marie-Agnès Poussier-Winsback.
Maire de Fécamp, l'ancienne LR, qui a rejoint Horizons (le parti d'Edouard Philippe), est officiellement investie comme candidate de la majorité présidentielle.
Quant au Rassemblement National, il a envoyé un candidat venant de l'agglomération rouennaise : Nicolas Goury, un cadre départemental du parti.
Liste officielle des candidats aux élections législatives (1er tour) dans la 9e circonscription de la Seine-Maritime (source : ministère de l'Intérieur) :
- 1 - M. Jean Marc BLED (Reconquête !)
- 2 - M. Victor BALIER (Les Républicains)
- 3 - M. Jean-Paul MACÉ (Divers extrême gauche)
- 4 - M. Patrick BUCOURT (Droite souverainiste)
- 5 - Mme Marie-Agnès POUSSIER-WINSBACK (Ensemble ! (majorité présidentielle)
- 6 - Mme Stéphanie FOUANI (La France Insoumise)
- 7 - M. Nicolas GOURY (Rassemblement National)
- 8 - M. Victor FOURNIER (Divers centre)
- 9 - Mme Annabelle BETEMPS FOLAIN (Divers droite)
- 10 - M. Mickaël BARON (Divers gauche)
- 11 - Mme Carole SERVAIS (Ecologistes)
- 12 - Mme Stéphanie KERBARH (Divers centre)
Mobilité et coût de l'énergie
Le pouvoir d'achat est une préoccupation de nombreux habitants de la 9e circonscription de la Seine-Maritime. Surtout pour ceux qui utilisent chaque jour leur voiture pour aller travailler.
Pour Marie-Agnès Poussier-Winsback (Horizons - Ensemble! Majorité présidentielle) la remise carburant de 18 centimes n'est pas suffisante : "L'indexation des retraites sur l'inflation, c'est une première mesure qui devra être votée. La retraite à 1100 euros minimum, c'est également ce qui devrait être voté dès cet été. Donc on voit bien que l'on doit trouver, au regard de la perte de pouvoir d'achat liée à l'inflation, des solutions pour nos concitoyens."
Réduire les taxes et bloquer les prix, c'est la solution défendue par Stéphanie Fouani (La France Insoumise - NUPES) : "C'est ce que nous proposons dans le programme de la Nouvelle Union Populaire, parce que nous pensons que c'est indispensable. Vu le prix de la vie, là, les gens ne pourront pas s'en sortir avec juste 18 centimes en moins sur le prix du carburant."
Evoquant une "opposition constructive", Gilles Lebreton (Rassemblement National et suppléant de Nicolas Goury) affirme avoir la solution pour maintenir le pouvoir d'achat : "Je rappelle que nous avons des mesures que nous essayerons de mettre en avant : c'est baisser le prix de la TVA sur l'énergie, sur l'électricité, sur les carburants, en la ramenant de 20% à 5,5%. Et ça, ce serait une mesure concrète qui a été plébiscitée par les Français à la présidentielle."
Quant à Stéphanie Kerbarh (députée sortante ex-LREM - Parti radical), les mesures d'accompagnement et d’aides, doivent être mieux étudiées : "Nous devons entendre cette population et par exemple, dans le cadre du projet de loi du pouvoir d'achat, il va y a avoir aussi certains points très concrets à regarder (…) On a bien vu dans ce quinquennat [qu'on] a voté des lois fabuleuses : sur l'économie circulaire, sur la transition écologique, etc Ce que j'ai pu voir sur le terrain, c'est que jamais ça n'arrivait au kilomètre zéro, au plus près de la population. Donc aujourd'hui quand on parle de pouvoir d'achat (…) il faut arrêter les grandes idées idéologiques ou des actions qui, on le sait, ne bénéficieront pas à la majorité de la population."
> Ci-dessous : la vidéo de l'intégralité du débat organisé par la rédaction de France 3 Normandie, présenté par Bénédicte Drouet
Comment améliorer l'accès aux soins ?
La présence, préoccupante, de "déserts médicaux" a été l'autre thème de ce débat télévisé. Comment conserver les médecins actuellement installés ? Comment en attirer dans les communes (surtout rurales) où ils manquent ? Faut-il salarier les médecins ? La création de maisons médicales est-elle la solution miracle pour permettre à un accès aux soins à la population ?
Selon Gilles Lebreton (Rassemblement National et suppléant de Nicolas Goury), un des moyens d'attirer les médecins serait "une tarification différente de l'acte médical selon la zone d'exercice. C’est-à-dire qu'il faudrait inciter les jeunes médecins à venir s'installer dans les zones rurales délaissées en leur promettant que chaque acte [prescrit] serait davantage rémunéré qu'ailleurs."
Recruter des centaines de milliers de professionnels de santé : c'est le programme de la NUPES, a rappelé Stéphanie Fouani (La France Insoumise - NUPES) expliquant que la crise sanitaire a permis de constater la présence des déserts médicaux et "les problèmes que les gens peuvent rencontrer à aller se soigner."
Pour Stéphanie Kerbarh (députée sortante ex-LREM - Parti radical), qui observe que les médecins ne veulent plus "travailler seuls mais en équipe", les solutions "doivent être trouvées avec les médecins, les professionnels de santé, et les collectivités. Aujourd'hui, dans la loi, il n'y a aucune contrainte pour les médecins de venir s'installer dans une région donnée. Je pense qu'il faut laisser une liberté d'installation"
Quant à Marie-Agnès Poussier-Winsback (Horizons - Ensemble! Majorité présidentielle) elle a cité l'exemple d'une initiative locale unique en Normandie : "Je me suis émue que notre initiative [à Fécamp] de centre intercommunal de santé n'a pas été accompagnée par l'Etat lorsque nous avons voulu le faire. Ce centre n'est pas une maison de santé, gérée par des médecins privés : nous, nous avons décidé de salarier ces médecins (…) Aujourd'hui, qu'est ce que les médecins ne veulent plus faire ? Ils ne veulent plus être ennuyés par les tâches administratives, qui, pour eux, ne font pas partie de leur métier."
Débat de la 8e circonscription de la Seine-Maritime
Retrouvez ci-dessous la vidéo de l'intégralité du deuxième débat organisé par la rédaction de France 3 Normandie le mercredi 1er juin 2022 avec trois des sept candidats aux élections législatives dans la 8e circonscription de la Seine-Maritime : Jean-Paul Lecoq (député sortant / Parti communiste-NUPES), Isabelle Le Coz (Rassemblement National) et Magali Cauchois (Lutte ouvrière).
Liste officielle des candidats aux élections législatives (1er tour) dans la 8e circonscription de la Seine-Maritime (source : ministère de l'Intérieur) :
- 1 - M. Jean-Paul LECOQ (COM)
- 2 - Mme Isabelle LE COZ (RN)
- 3 - Mme Magali CAUCHOIS (DXG)
- 4 - M. Wasil ECHCHENNA (ENS)
- 5 - M. Tony LEPRÊTRE (DSV)
- 6 - M. Joachim LEGENDRE (ECO)
- 7 - Mme Isabelle DUCOEURJOLY (REC)
Liste de la signification des abréviations des appartenances politiques des candidats sur le site du ministère de l'Intérieur
> Retrouvez toutes les vidéos des débats des législatives 2022 en Normandie sur le site francetv.fr
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