Cet été, nous partageons avec vous des souvenirs de vacances en Normandie au fil des décennies. Avec Marie-Hélène, on replonge dans les années 50 dans la petite station balnéaire de Veulettes-sur-Mer (Seine-Maritime). Dès son plus jeune âge, elle s’y rendait avec ses grands-parents.
Même si elle était très jeune, Marie-Hélène se souvient de ses vacances d’été en Seine-Maritime. Tous les ans, elle passait trois semaines à Veulettes sur Mer avec ses grands-parents et son frère Philippe.
Ses parents tenaient une boulangerie près de Rouen et ne retrouvaient leurs enfants que le dimanche après-midi : "nous attendions ce jour avec impatience, papa et maman arrivaient dans l’après-midi. J’étais heureuse de les retrouver ainsi que mes cousins qui logeaient au camping de Veulettes. On partageait un bon dîner toujours animé". La famille dégustait les produits de la pêche des enfants : bigorneaux, crabes et crevettes ramassées avec le pousseux. Le poisson était acheté directement au pêcheur à son retour de mer.
Ses cousins possédaient l’une des premières caravanes : "c’était tout confort pour l’époque, je me souviens comme on se serrait sous l’auvent tellement nous avions froid".
Pas d’écrans mais beaucoup d’occupations
Le reste de la semaine était plus calme… Marie-Hélène la passait aux côtés de ses grands-parents et de son petit frère. Elle adorait aller pêcher à 6 heures du matin à marée basse, avec son grand-père : "je considérais ce moment comme un privilège, c’était une grande fierté".
"Papa nous avait fait un bateau avec une chambre à air de camion avec un plancher et nous l’avions appelé le "sans peur". C’est un excellent souvenir même si nous ne l’avions pas mis beaucoup à l’eau car dès qu’il y en avait trop, on ne pouvait aller loin avec car nos parents n’étaient pas tranquilles."
Concours de châteaux de sable
Parmi les occupations favorites : la réalisation de châteaux de sable sur la plage. Très impliquée aux côtés de son frère Philippe, elle mettait tout en œuvre pour ériger la plus belle création : "on cherchait des coquillages, des galets et du varech pour décorer au mieux notre château."
Si on mangeait bien, on avait le droit à des parties de Nain Jaune ou de domino. Ma grand-mère nous servait de la soupe au lait mais je n’aimais pas ça.
Marie-Hélène
Son grand-père déposait dans des assiettes des photophores creusées dans des écorces d’orange qui embaumaient la pièce de vie.
Les journées étaient rythmées avec les commissions le matin : "ça nous prenait un sacré temps : un boulanger passait avec sa camionnette, tout comme le marchand de glaces".
Le garde champêtre, l’internet des années 50
La famille attendait avec impatience le passage du garde champêtre qui leur donnait les dernières nouvelles de la région mais aussi ce qui était prévu pour les prochains jours. Les 14 juillet étaient organisées des retraites aux flambeaux "car il n’y avait pas de feu d’artifice à l’époque : on préparait pendant 3 jours nos lanternes, je m’en souviens bien".
La petite maison de vacances disposait d’un confort spartiate avec deux chambres et une salle de séjour. Il n’y avait pas de douche : "chacun son tour avec son gant et les toilettes au fond du jardin".
De sa grand-mère, elle garde l’image d’une femme sans cesse en train de tricoter quand elle n’était pas occupée aux tâches ménagères : "il n’y avait pas de machine à laver, ma grand-mère lavait au savon de Marseille dans des cuves d’eau bouillie".
Marquée par les petites culottes
Parmi les œuvres réalisées en tricot, Marie-Hélène se souvient de ses maillots de bain :
C’était une horreur, une fois mouillé ça pesait une tonne et le sable restait collé. Quand ta culotte prenait l’eau elle tombait par le poids !
Marie-Hélène
"J’ai passé mon enfance avec des petites culottes en coton perlé confectionnées par ma grand-mère, c’était horrible car quand tu restais longtemps assise tu avais toute la broderie sur les fesses". Marie-Helène avoue, en souriant, avoir jalousé sa petite sœur née 14 plus tard et vêtue de culottes "Petit Bateau".
Vêtement indispensable en Normandie, le ciré ou plutôt des capuchons cirés et les chaussures Méduses de l’époque étaient appelées des "vataleau". Déjà, à l’époque, le sable s’invitait à l’intérieur et ralentissait la course des enfants sur la plage.
L’été 1960 : celui de trop !
Marie-Hélène se souvient de l’année car elle correspond à la naissance de sa sœur. Sa maman était enceinte durant cet été pluvieux (autant que l'été 2023 !) : "il a plu énormément et maman nous disait : "ne vous en faites pas les chéris ça va se lever avec la marée"."
"Pour nous occuper, on ne faisait que de manger : petit-déjeuner, courses, repas du midi, sieste, goûter et dîner !" Après cet été pluvieux, la famille a décidé d’aller chercher le soleil. Direction l’Espagne et la ville d’Argentona. Désormais c’est dans ce pays ensoleillé que Marie-Hélène, à son tour grand-mère, passe ses vacances auprès de ses deux enfants et ses quatre petits-enfants.
Nostalgique, elle se rend encore à Veulettes-sur-Mer avec ses petits enfants qui adorent aller "à la rocaille" (terme utilisé principalement en Normandie ou en Picardie pour désigner la pêche à pied du fait de la physionomie des plages dans ces zones, galets, falaises et rochers).
Les cabanons blancs de Veulettes-sur-Mer remontent aux années 50. Un prêtre avait eu l'idée de construire de petites habitations pour que les familles modestes puissent venir se reposer face à la mer. La même vue que celle des belles villas de pierre et de silex.
Elle y retrouve le casino reconstruit en 1957 car le précédent avait été bombardé par les Allemands. Le bâtiment a été construit avec les grès de la chapelle Notre-Dame-Du-Bon-port de Saint-Valéry-en-Caux. Les armoiries du village ornent sa façade. Parmi les établissements historiques, il y a aussi l’hôtel-restaurant les Frégates, très fréquenté car il se trouve à proximité de Paluel.