Actions contre le terminal méthanier au Havre : quelles réquisitions pour les activistes de Greenpeace et les journalistes présents ?

Sept personnes comparaissent ce mardi 1er octobre 2024 devant le tribunal maritime du Havre (Seine-Maritime). Ils sont poursuivis pour avoir mené l'an passé une action empêchant l’installation d’un terminal méthanier flottant dans le port du Havre (Seine-Maritime).

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Ils sont une petite quinzaine ce matin devant le tribunal maritime du Havre venu soutenir les cinq membres de l’ONG Greenpeace et les deux journalistes convoqués ce mardi 1er octobre 2024 devant la justice. Ces sept personnes sont poursuivies pour "abordage" et "navigation illégale dans le port". Elles encourent jusqu'à 150 000 euros d'amende et un an d'emprisonnement.

Le 18 septembre 2023, ils sont accusés d'avoir participé à une action, alors que le terminal méthanier flottant "Cape Ann" devait s'amarrer au Havre. Des activistes de toute l’Europe s'étaient mobilisés en mer pour tenter de bloquer son arrivée. À l’aide d'un zodiac, les militants avaient inscrit "Gas kills" ("le gaz tue") sur le navire. 

Sept personnes devant la justice

Malgré ces actions, le Cape Ann avait finalement réussi à s'amarrer dans le port. À l'avenir, il doit permettre d’injecter jusqu’à cinq milliards de m3 de gaz naturel par an dans le réseau national français. Ce que dénoncent Greenpeace et ses militants, qui jugent ce terminal méthanier "délétère pour des questions de sécurité et d'environnement".

À la suite de cette action, 11 personnes avaient été placées en garde à vue près de 24 heures. Sept d'entre eux sont aujourd'hui jugés par le tribunal maritime du tribunal judiciaire du Havre, compétent pour juger les délits commis dans les zones maritimes. 

À la barre : cinq militants de Greenpeace, âgés de 35 à 60 ans, un photographe et un caméraman. Parmi les militants de Greenpeace, on retrouve quatre activistes et la porte-parole sur les questions du climat et des énergies fossiles. 

Deux journalistes poursuivis

Les deux journalistes, qui se trouvaient au moment de l'action à bord d'un bateau dédié à la presse, confient être "étonnés de se retrouver au tribunal".

Cela relève de la liberté de la presse. Notre mission est de couvrir l'événement, et non pas de faire une action.

Journaliste, devant le tribunal maritime du Havre.

Pour eux, filmer cette action l'an passé relevait d'un "débat d'intérêt général, de faire des images"."Une infrastructure de la sorte, qui a un impact sur l'environnement, mérite un débat. Et ce débat doit avoir lieu grâce aux images que l'on fait", explique un des journalistes. 

Le photoreporter lui a confié au tribunal son "inquiétude pour sa profession". "Je suis de moins en moins serein à l'idée de couvrir des actions, en tant que professionnel de l'image, je constate depuis cinq ans que sur le terrain, je dois prendre davantage de précautions".

"Un danger pour la vie d'autrui"

Pour le parquet, l'action des militants de Greenpeace, a mis en danger la vie d'autrui. "C'est un danger, car le méthanier ne pouvait pas s'arrêter, il a dû faire des manœuvres d'évitements, ce qui a mis en danger les personnes à bord et celles sur le port, indique le procureur de la République du Havre. Nous ne sommes pas dans la liberté d'expression mais dans la mise en danger de personnes.

Le procureur de la République du Havre a retenu uniquement l'infraction d'avoir navigué trop près du terminal méthanier, alors qu'un arrêté de la préfecture maritime interdisait de s'en approcher à moins de 1 850 mètres (1mile).

Interdiction de paraître dans le port du Havre

Il a requis une amende de 5 000 euros dont 2 000 euros avec sursis pour les activistes de Greenpeace avec une peine complémentaire d'interdiction de paraître dans le port du Havre pendant deux ans.

"C'est une peine sévère, a réagi leur avocat, Maître Alexandre Faro, qui a plaidé la relaxe notamment au nom de la liberté d’expression. Ce qui me choque le plus, c'est l'interdiction de paraître dans le port. C'est une entrave à la liberté de se déplacer."

Concernant les journalistes, le procureur a demandé la relaxe. Deux autres activistes de Greenpeace devaient comparaître aujourd'hui devant le tribunal maritime, mais ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel.

En effet, le 18 septembre dernier, lors de l'action, ils se trouvaient sur le port avec une banderole, et non en mer. Le délibéré sera rendu le 10 décembre prochain à 13h30.

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