Pour alerter sur l'exploitation minière prochaine des fonds marins par des bulldozers, Greenpeace a mené une journée d'action globale ce samedi 3 juin 2023. L'antenne locale de Rouen s'est mobilisée devant la cathédrale pour informer les passants sur ce projet.
Des bulldozers dans l'océan ? L'idée peut sembler incongrue mais pourrait devenir réalité d'ici peu selon Greenpeace. Les militants rouennais de l'ONG de protection environnementale ont mené un "happening" sur le parvis de la cathédrale de Rouen ce samedi 3 juin 2023 pour sensibiliser aux risques écologiques que représente ce futur projet industriel d'envoyer creuser des bulldozers jusqu'à 6 000 mètres de profondeur sous la mer.
Exploitation des métaux présents au fond de l'océan
Les fonds marins sont connus pour leur biodiversité mais aussi pour leurs richesses minières, ce qui intéresse vivement certains industriels miniers. "Ils veulent extraire ce que l'on appelle des "nodules polymétalliques". Ce sont des espèces de pommes de terre qui contiennent plein de métaux, dont du lithium qui pourrait être utilisé pour des batteries électriques" détaille Hervé Boutard, référent Océan pour le groupe rouennais de Greenpeace.
On connait très peu ces milieux, à chaque fois les scientifiques découvrent de nouvelles espèces. Les industriels sont pourtant prêts à les exploiter et bouleverser tous les écosystèmes pour extraire ce que l'on appelle des "nodules poly-métalliques". Ce sont des espèces de pommes de terre qui contiennent plein de métaux, dont du lithium qui pourrait être utilisé pour des batteries électriques. Il faudrait en extraire des tonnes pour en récolter quelques grammes. Or on ne connait toujours pas l'impact réel.
Hervé BoutardRéférent océan du groupe local Greenpeace à Rouen
L'application du principe de précaution
Les militants se mobilisent pour sensibiliser et stopper ce projet aux conséquences environnementales incertaines selon Hervé Boutard : "On connait très peu ces milieux, à chaque fois les scientifiques découvrent de nouvelles espèces alors on demande à ce qu'il y ait une étude d'impact avant d'autoriser cette exploitation minière".
Le gouvernement français semble vouloir respecter le principe de précaution et attendre les études d'impact avant d'autoriser le projet. Greenpeace a lancé une pétition pour qu'il fasse désormais pression sur les autres gouvernements et que cette précaution soit appliquée à l'international.
Bien que tous les risques pour la biodiversité ne soient pas encore connus, certaines conséquences environnementales engendrées par cette exploitation minière de fonds marins sont déjà soulevées par les militants écologistes. Greenpeace en liste au moins 5 sur son site internet :
- des milliers d’espèces seraient écrasées et broyées au fond de l’océan,
- la boue dégagée par cette activité au fond de l’eau crée des nuages qui asphyxient la biodiversité,
- la pollution sonore et lumineuse perturbe les espèces habituées au calme des abysses,
- des métaux lourds se diffusent et s’accumulent dans la chaîne alimentaire,
- labourer les sols marins risque de relâcher le dioxyde de carbone piégé dans les sédiments de matière organique qui s'y trouvent
Les militants de Greenpeace ont organisé cette journée d'action globale car un code minier doit être adopté en juillet 2023 afin de réguler l’exploitation minière des fonds océaniques. Si rien n'est fait, l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM) commencera à accepter en juillet les candidatures d'entreprises souhaitant exploiter le fond de l'océan.
Avec le soutien d'autres ONG, Greenpeace demande un moratoire pour suspendre ces autorisations tant que des études d'impact n'ont pas été réalisées.