Covid et fermeture des cantines: des milliers de yaourts fermiers invendus et des producteurs locaux sous pression

Avec la fermeture des écoles et donc des cantines scolaires, la ferme de la Frémondière, près de Coutances (50), se retrouve avec un stock de deux milles yaourts invendus. Ses propriétaires ont décidé de vendre aux particuliers ces produits périssables afin d'éviter un énorme gaspillage.

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Le coup d'arrêt a été brutal et les exploitants de la ferme de la Frémondière dans la Manche ont dû réagir vite. Cette exploitation laitière d'une centaine de vaches alimente beaucoup d'écoles, de collèges ou de lycées dans la région de Coutances. La fermeture quasi immédiate des cantines scolaires, le 2 avril dernier, leur a laissé un stock d'invendu de deux milles yaourts.

Une opération anti-gaspillage

Pour éviter que tous ces yaourts nature fabriqués à la ferme ne soient jetés à la poubelle, Stéphanie Bouteiller qui gère avec son conjoint l'exploitation a décidé de les vendre directement au public.

Publiée par Ferme De La Fremondiere sur Jeudi 1 avril 2021

Une opération "sos yaourts nature" qui rencontre un vrai succès puique la moitié du stock des deux milles pots a déjà été écoulé grâce à la vente directe à la ferme de la Frémondière ou dans un magasin de produits locaux à Coutances.

On n'a pas anticipé la fermeture des écoles et on s'est retrouvé avec deux milles yaourts sur les bras. Il fallait faire quelque chose pour les vendre et ne pas les jeter.

Stéphanie Bouteiller, Gérante de la ferme de la Frémondière

Dans quelques jours, les deux milles yaourts devraient tous avoir été vendus. Une bonne nouvelle pour les exploitants qui vont pouvoir ainsi limiter les pertes financières sur cette commande.

Au régime sec

La ferme de la Frémondière produit chaque année 750 000 litres de lait dont une bonne partie est vendue à la laiterie. Mais depuis quelques années, ses exploitants ont développé l'activité "transformation" en investissant dans un laboratoire tout neuf pour fabriquer des produits laitiers destinés aux collectivités locales. Aujourd'hui 40% de la marchandise est vendue aux écoles, collèges et lycées de la région. La fermeture des cantines est un mauvais coup "qu'on ne comblera pas avec la vente à la laiterie ou la vente à la ferme", ajoute Stéphanie Boutiller.

Les producteurs de fruits et légumes souffrent aussi

Vincent Lecarpentier est producteur de fruits et légumes à Fontenay, près de Montivilliers, en Seine-Maritime.

Sur les soixante hectares de son exploitation familiale, il a développé depuis quelques années une production de fruits et légumes destinés aux cantines scolaires. Il alimente une trentaine d'écoles, de collèges et de lycées entre le Havre et Rouen. La restauration collective peut représenter jusqu'à 90% de son activité. La pandémie met en danger son exploitation.

C'était difficile déjà avant le confinement avec les jauges imposées dans les cantines scolaires qui ont réduit le volume des commandes, alors depuis la fermeture, c'est pire encore.

Vincent Lecarpentier, producteur de fruits et légumes

Comme pour beaucoup de ses collègues, les ventes à la ferme que Vincent Lecarpentier a développées ne suffisent pas a compenser les pertes occasionnés par la fermeture des cantines scolaires. Si la situation ne s'améliore pas rapidement, il craint pour la pérénité de son activité.

La filière courte souffre 

La coopérative Inter Bio Normandie Services (IBNS) qui regroupe plus d'une cinquantaine de producteurs locaux désireux de réaliser des affaires dans la restauration hors domicile (cantines scolaires, restaurants d'entreprises, restaurants administratifs) le constate depuis le début de la crise sanitaire : la filière est en souffrance. La fermeture des écoles est un coup dur qui s'ajoute à celui du premier confinement. Si beaucoup d'entre eux compensent les pertes avec la vente directe, ceux qui ont misé sur la restauration scolaire commencent à avoir le couteau sous la gorge. De nombreuses collectivités ont annulé leurs commandes précipitamment, plaçant les producteurs locaux dans l'embarras.

Le problème, c'est que les collectivités locales n'ont pas le droit de payer quelques choses qu'elles n'ont pas reçu. Certaines jouent le jeu et assurent une partie de la commande, ce qui permet aux producteurs de payer leur matière première, mais d'autres se contentent d'annuler purement et simplement.

Dominique Gosselin, Co-gérant de la Coopérative Bio Normandie Service

La cooperative Inter Bio Normandie Services a mis en place un système de solidarité pour les producteurs qui font face à des difficultés, mais cela est loin de suffire à compenser les pertes. La crise risque même de jouer un mauvais tour à la coopérative d'intérêt collectif qui est financée par le chiffre d'affaires généré par les producteurs.

Sa pérénnité pourrait être remise en question si la situation ne s'amiélore pas. Cette structure a été crée en 2008 pour faciliter la vie des producteurs dans leurs démarches avec les collectivités sur les cinq départements normands. Elle compte comme clients des grosses scructures comme la cantine centrale de Rouen ou la ville du Havre mais aussi beaucoup de petites communes comme Saint-Jean-le-Blanc dans le Calvados.

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