Un navire anglais a été dérouté jusqu'au port du Havre, samedi 26 octobre. Il lui est reproché d'avoir pêché des coquilles saint-Jacques trop petites. Environ une tonne de sa cargaison est en effet irrégulière selon le patrouilleur des Affaires maritimes. Une pratique dangereuse pour l'espèce.
C'est "la guerre éternelle de la coquille saint-Jacques" qui connaît un nouvel épisode, ce samedi 26 octobre, concède le patrouilleur des Affaires maritimes Thémis. Des batailles dans lesquelles s'affrontent la France et les autres pays pécheurs, comme le Royaume-Uni. D'un côté, des règles strictes, de l'autre, des pratiques parfois en dehors du cadre.
Forcé de rejoindre le port du Havre
Cette fois-ci, c'est l'affaire du navire anglais "Star of Jura", 19 mètres de long. Après avoir été soupçonné d'une pêche non conforme en "proche extérieur de Baie de Seine", il a été contrôlé, puis dérouté vers le port du Havre.
Chaque coquille est désormais mesurée par les services du patrouilleur des Affaires maritimes THEMIS. L'organisme estime qu'une tonne de la cargaison n'est pas conforme à la taille réglementaire des coquilles. Au total, le bateau en transportait 17 tonnes.
5 millimètres qui font toute la différence
Elles ne peuvent être extraites de mer qu'à 11 centimètres de diamètre "certaines en font 5 millimètres de moins. Ça peut paraître anecdotique, mais ce sont des coquilles qui auraient dû grossir encore pendant un an" précise le patrouilleur. Elles n'auraient donc pas dû être pêchées avant la saison prochaine. Ce sont autant de coquilles qui n'auront donc pas eu l'occasion de se reproduire. La pratique nuit donc à la bonne conservation de l'espèce.
En mer depuis quatre jours au moment du contrôle, la plupart des fruits de mer sont désormais morts. La procédure judiciaire se poursuivra dès lundi 28 octobre. Après la transmission du procès-verbal aux autorités, le plus probable est la comparution "sur reconnaissance préalable de culpabilité" du propriétaire de ce navire.
20 à 30 000 euros d'amende
Il risque ainsi une amende d'environ 20 à 30 000 euros, et la confiscation définitive de sa pêche. La transaction se fera ensuite entre l'entreprise et l’administration "L'intérêt de détourner un navire comme celui-ci, c'est qu'il comparaît tout de suite. Si on le laisse partir, il y a de forts risques pour qu'on ne le retrouve jamais" poursuit le salarié.
"Il y a une quinzaine d'années, on faisait des détournements une fois par mois ou tous les deux mois. Désormais c'est trois à quatre par an" note un salarié du patrouilleur des Affaires maritimes Thémis. Il remarque ainsi des améliorations "parce qu'il y a plus de contrôles, et que les amendes dissuadent quand même".
Sur un engin de 53 mètres de long, avec une quinzaine de personnes à son bord, le patrouilleur des Affaires maritimes Thémis est à flots pendant deux semaines. Il intervient sur demande des autorités compétentes, puis escorte le navire en faute jusqu'au port indiqué.
Pas les mêmes règles du jeu pour tous
Dans cette éternel conflit au sujet d'un or blanc convoité, ce sont deux visions de la pêche qui s'affrontent. Celle traditionnelle, principalement pratiquée en France, et l'industrielle, préférée par l'international. "Des bateaux comme celui-ci appartiennent à de grandes entreprises qui en ont 15, 20, 30 au total".
En France, les navires ne peuvent engranger qu'entre une et deux tonnes de coquilles par jour, sur quatre jours par semaine. Pour les bateaux étrangers, pas de limite.
En cette année 2024, les professionnels de l'hexagone craignent encore plus ces pratiques de pêches géantes. La pêche est particulièrement bonne, et les stocks s'écoulent déjà difficilement. La loi de l'offre et la demande devient donc de moins en moins favorable aux producteurs.