Le conseil des prud'hommes du Havre a rendu, ce vendredi 8 novembre 2024, sa décision concernant le référé déposé contre leur direction par les salariés du Leader Price de Lillebonne, dont les salaires n'ont pas été versés depuis deux mois et demi. Déçus, ils n'ont obtenu que le paiement du mois d'août, et quelques centaines d'euros de dédommagement.
Encore une déception pour les salariés de quatre magasins Leader Price de la région havraise, dans la tourmente depuis des mois. Les supermarchés de Lillebonne, Goderville, Harcanville-Doudeville et Gonfreville-l'Orcher, appartiennent à la même société Distri Deauville.
Le conseil de prud'hommes du Havre statuait aujourd'hui sur le cas des salariés de l'enseigne Leader Price de Lillebonne. Les cinq employés du magasin avaient assigné leur direction en référé le 25 octobre dernier pour réclamer leurs salaires, non perçus depuis deux mois et demi.
Les prud'hommes ont rendu leur décision ce vendredi après-midi, et n'ont accordé que le paiement du mois d'août, et pas ceux de septembre et octobre. Pour Stéphane Leroy, représentant syndical CFDT, cette décision s'explique peut-être par le fait que les employés ne disposent pas de bulletins de salaire pour les deux derniers mois.
"Qu'ils nous licencient et qu'on aille à Pôle emploi !"
Chantal Lemesle travaille depuis 30 ans chez Leader Price. Elle a connu plusieurs directions, mais jamais une situation aussi piteuse. "On est vraiment dépités, on avait demandé trois mois de salaire. C'est une toute petite avancée, et encore, il va falloir attendre le redressement judiciaire, et les AGS - régime de garantie des salaires - pour toucher quelque chose. On ne peut rien faire," se désespère-t-elle.
Tant que leur contrat de travail n'est pas rompu, les salariés sont toujours dans l'entreprise, même s'ils ne reçoivent pas de salaire. Pas de dépôt de bilan, pas de liquidation judiciaire, pas de possibilité pour les salariés de s'inscrire à France travail (ex Pôle emploi) ou de chercher un emploi. Ce qui laisse peu de marge de manœuvre aux salariés.
En attendant on va au CCAS - centre communal d'action sociale -, mais ce sont des aides ponctuelles. Heureusement on a des compagnons, mais ça peut pas durer longtemps, on ne va pas tenir.
Chantal Lemesle, salariée du Leader Price de Lillebonne
Les prud'hommes ont également condamné la direction de Distri Deauville à payer à chacun des salariés de Lillebonne, 700 euros au titre de leur action devant les tribunaux, et 1 000 euros pour le préjudice.
Vers de nouvelles procédures
Ce vendredi 8 novembre matin, ce sont aussi les salariés du magasin de Goderville qui sont venus au conseil des prud'hommes effectuer la même démarche que leurs collègues de Lillebonne. "Il est fort probable que la décision des prud'hommes pour les salariés du magasin de Goderville sera un copier-coller de celle d'aujourd'hui pour les salariés de Lillebonne", commente Stéphane Leroy, le représentant syndical CFDT qui soutient les salariés.
Quant au magasin d'Harcanville-Doudeville, la liquidation judiciaire a été validée le 5 novembre par le tribunal de commerce de Rouen.
Stéphane Leroy n'en a pas fini avec les démarches, il envisage maintenant d'engager de nouvelles procédures aux prud'hommes, notamment pour obtenir la résiliation judiciaire des contrats de travail.