Le procès de Patrick, un professeur du lycée Claude-Monet au Havre (Seine-Maritime), devait se dérouler ce vendredi 29 mars 2024. Mais il a été renvoyé au 18 avril. Ce dernier avait sorti un couteau en classe. Il s'explique.
Patrick est encore sous le choc. Depuis six mois, ce professeur d'histoire-géographie du lycée Claude-Monet s'attendait à être jugé par le tribunal judiciaire du Havre (Seine-Maritime) pour avoir sorti un couteau en classe, le 21 octobre 2024. Il s'était préparé et avait envie de s'exprimer. Mais le procès a été renvoyé au jeudi 18 avril.
Cette décision est motivée par le contexte actuel de menaces terroristes. Et la présidente du tribunal a estimé que le professeur devait être jugé en collégiale plutôt que par une juge unique.
"Je regrette ces faits pour deux raisons"
Si Patrick regrette cette décision, son avocat, Me Antoine Siffert, s'en félicite. "Si la justice estime qu'il faut prendre plus de temps, c'est une bonne chose", souligne-t-il.
Dans les couloirs du palais, Patrick a tenu à s'exprimer devant les médias. D'abord, pour dire qu'il regrettait ses actes.
"Je regrette ces faits pour deux raisons, indique-t-il. Cela a fait exploser en vol ma conscience professionnelle en pleine classe, en plein cours sans aucune volonté de menacer les élèves."
"La deuxième raison, c'est que je suis aussi parent d'élève, je pense à ma réaction en tant que parent par rapport à ce que j'ai fait moi, j'aurais réfléchi moi aussi à un dépôt de plainte", confie-t-il.
Un contexte de menaces terroristes
Encore sous l'émotion, Patrick évoque pêle-mêle les menaces terroristes qui pèsent sur les enseignants. Il arbore des Unes de Charlie Hebdo évoquant les attaques de professeurs, mais il parle aussi des menaces attentat récurrentes dans les établissements scolaires ou encore de l'attentat en Russie.
Ce contexte autour de moi est toujours là, dans toutes ses composantes et cela m'empêche de me soigner jusqu'au bout. Je fais tous les efforts mais le contexte qui m'a amené à ces actes est toujours là. Je ne veux plus que ce contexte soit là.
Patrick, professeur au lycée Camille-Claudel du Havre
Son avocat, Me Antoine Siffert, rappelle le contexte très particulier du mois d'octobre. Les faits se sont déroulés peu de temps après l'attentat du 13 octobre 2023 lors duquel Dominique Bernard, enseignant au lycée Gambetta d’Arras, a été assassiné.
"Cela n'est qu'un professeur submergé par un contexte personnel, professionnel et national terrifiant", ajoute-t-il.
Ce seront aux juges de décider si l'homme est coupable d'une infraction, jeudi 18 avril 2024, à 13h30.