Témoignage. "Je ne voyais plus le ballon !" Mamadou perd la vue, mais il ne quitte pas le terrain de foot

Publié le Écrit par Manon Loubet

Mamadou Wadou, 35 ans, perd la vue en raison d'une maladie de l'œil. Il doit renoncer à sa passion : le football. Pour la journée nationale des aveugles et des malvoyants, il raconte comment il continue d'œuvrer pour le ballon rond.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Mamadou Wadou, habite à Caucriauville au Havre (Seine-Maritime). Cet homme de 35 ans, a été atteint d'une maladie rare de l'œil, la rétinite pigmentaire, quand il était encore adolescent.

"Je ne voyais plus le ballon"

À l'occasion de la journée nationale des aveugles et des malvoyants, mercredi 4 octobre 2023, le trentenaire raconte comment il a dû arrêter sa passion du ballon rond en raison de cette maladie. Mais aussi comment il a réussi à relever la tête en créant un projet de nouveau complexe de football indoor à Gonfreville-l'Orcher, qui peut accueillir du cécifoot.

"Je ne voyais plus le ballon, souffle-t-il. J'avais 12-13 ans, je faisais beaucoup de foot, je m'entraînais tous les soirs, mais je ne voyais plus bien dans le noir et j'avais aussi des problèmes pour la vue de loin."

L'adolescent se voit alors dans l'obligation d'arrêter sa passion. "On m'a prescrit des lunettes, mais ça ne changeait rien." Le jeune homme fait beaucoup d'examens. Et le couperet tombe, Mamadou Wadou est atteint de rétinite pigmentaire. Au fur et à mesure des années, il perd les bâtonnets de la rétine, responsables de la vision périphérique et dans l'obscurité. Quand la maladie progresse, elle touche les cônes, qui permettent une vision de jour et des couleurs. La rétinite pigmentaire peut provoquer une cécité totale.

Une maladie sans remède

C'est une maladie héréditaire et sans aucun remède. Tout jeune homme qu'il était, cette annonce lui fait l'effet d'un électrochoc. "J'ai fait quelques bêtises à cette période", reconnaît-il, sans vouloir rentrer dans les détails.

Un peu plus tard, il essaie de trouver un emploi, mais avec sa maladie, il essuie plusieurs refus. "Chez Renault, après la visite médicale, on m'a refusé. J'ai voulu passer mon BAFA, mais j'ai dû annuler les séjours, car il y a de la surveillance de nuit..."

Le jeune homme se retrouve alors sans emploi. Il touche une allocation aux adultes handicapés de 960 euros par mois. Heureusement, sa femme travaille en tant qu'aide-soignante. "Sinon, ce ne serait pas possible", constate, amer, ce papa de deux adolescents de 13 et 14 ans. 

Plus on grandit, plus la maladie s'aggrave. Aujourd'hui, je suis encore autonome en journée mais je ne peux plus conduire, ni sortir la nuit. Pour lire, je dois zoomer sur mon téléphone et pour regarder la télévision, je ne vois pas net.

Mamadou Wadou

Mamadou Wadou est suivi par le centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts à Paris. "J'ai également fait des tests au CHU de Nantes, ils sont en pointe aussi", assure-t-il. Mais pour l'heure, s'il y a déjà eu des greffes de rétine, tout est à l'état de test et il n'y a pas de solution pour sa maladie.

"J'espère garder la vue le plus longtemps possible"

Le Havrais reste positif. Sa femme est très présente et l'aide beaucoup, notamment pour la gestion de l'administratif. "Mais j'arrive encore à gérer des choses. Les devoirs des enfants, je le fais en général. Même si je ne vois pas tout, je peux répondre aux questions. J'espère garder la vue le plus longtemps possible."

Mamadou continue à évoluer dans le milieu du foot. "J'étais éducateur sportif pour les U6-U9 de 2015 à 2021. Sur les petits terrains, en journée, je vois encore assez bien pour les coacher. Et aujourd'hui, j'ai un projet de complexe de football indoor adapté au cécifoot et au public du handicap."

Ce beau projet, baptisé Indoor football connecté (IFC), pourrait voir le jour en début d'année 2024 à Gonfreville-l'Orcher. Sur une surface de 2 000 m2, cinq terrains de football indoor doivent être construits.

"Avec mes deux associés, nous souhaitons installer un complexe de foot qui utilise les nouvelles technologies avec des capteurs et des ballons connectés. Nous souhaitons également proposer du cécifoot et des plages horaires pour les publics plus spécifiques comme les autistes par exemple. Il y a un réel manque là-dessus."

Du cécifoot avec des ballons spéciaux

Pour le cécifoot, il suffira de s'équiper en ballons spéciaux, qui émettent des bips pour se repérer. "Mais pour le football en fauteuil, on ne va pas pouvoir faire ça tout de suite, car il faut des terrains spéciaux et nous n'en avons pas encore les moyens."

L'idée serait aussi de sensibiliser au handicap. "Pourquoi pas organiser des matchs en reproduisant les handicaps en bandant les yeux par exemple", propose le jeune entrepreneur.

Le projet de Mamadou se chiffre à 260 000 euros. "Il nous manque actuellement 20 000 euros pour le prêt", indique celui qui vient d'être sélectionné par le programme French tech tremplin du ministère de l'Économie.

Mamadou Wadou a également reçu le prix Talents des cités France Télévisions 2022.

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information