Clara Fortin, 25 ans, et Martin Louchart, 19 ans, constituent le plus jeune duo de la 15e édition de la Transat Jacques Vabre. En couple à la ville, le duo de skipper manchois est parti de rien avant de réussir à monter son projet de Class40 et de le proposer au groupe Randstad. Objectif pour la course : gagner en expérience et prendre du plaisir, car être au départ, “c’est déjà une grande victoire”.
Il y a ceux qui font des promesses. Et ceux qui les tiennent. Il y a deux ans, Martin Louchart, 17 ans à l’époque, s’apprête à prendre le départ de la Transat Jacques Vabre. Il a alors pour binôme Frédéric Duchemin et navigue sur le class40 #AttitudeManche. En quittant le bassin Paul Vatine du Havre, le jeune Granvillais promet à son amie Clara Fortin (alors âgée de 23 ans) que la prochaine Jacques Vabre, ils la feront ensemble. “Quand Clara a quitté le bateau au moment du départ il y a deux ans, on s’est regardé dans les yeux et on s’est dit “Non ce n’est pas possible, pourquoi l’un part et l’autre reste ? Donc c’est parti de là, on s’est dit que cette Transat, on la ferait ensemble.”
Promesse tenue : les voilà aujourd'hui, à 19 et 25 ans, alignés au départ de cette édition 2021 de la célèbre Route du Café qui met le cap sur la Martinique. Une belle promesse et une belle histoire. Un sacré challenge aussi pour le plus jeune duo de skippers de cette édition qui n’avait pas de bateau il y a encore quelques mois.
L’objectif, c’était de réussir à monter le projet. Et ce n'était pas une mince affaire. Partir, c’est déjà une grande victoire pour nous. Maintenant, on va prendre un max de plaisir et faire de notre mieux.
Martin Louchart, skipper Randstad-Ausy
“On a réussi à monter le projet, à trouver des partenaires, avec Randstad. C’est une chance car on a pas de pression sportive, pas de pression sur les résultats”, ajoute le jeune skipper.
Des jeunes sur l’eau… et sur tous les fronts
Dans cette course contre la montre, Clara a de son côté dû composer avec des études en parallèle. Heureusement dans un domaine qui l’a servi, puisqu’elle a suivi -et obtenu avec mention- un Master 1 Management du sport. “C’est vrai qu’avoir la double casquette "sportive" et "étudiante", c’était chaud. J’ai passé une licence que j’ai obtenue avec mention TB, puis une première année de Master avec mention B. J’en suis très fière. Et puis le projet de Transat Jacques Vabre, c’est aussi un projet d’étude. Ça me donne la gniac de très bien faire !"
La course au large, Clara l’a dans la peau. Elle se souvient : “Quand j’avais 6 ans, j’étais déjà sur les quais avec mon père, à rencontrer Ellen McArthur… à me dire " Je la ferai cette course". J’y étais il y a 2 ans avec Martin et là j’y suis en tant que navigatrice !”
« Il y a de grands marins… et puis il y a nous, l’équipage le plus jeune de la Transat »
Pour Martin, c’est la 2e Transat. Avec un cap cette fois non pas vers le Brésil mais vers la Martinique. Pour Clara en revanche, c’est donc une grande première. “On a l’expérience de la préparation tous les deux mais on a encore tout à apprendre. On n’est pas encore de grands marins, peut-être qu’un jour on le sera !” s'enthousiasme le skipper, ravi de “recourir avec des personnes expérimentées et pour Clara de découvrir ça.”
L’ambition est clairement là. L’envie de bien faire. De progresser. De grandir. “Nous on a conscience qu’on est tout petit mais que grâce à ces compétitions là on peut devenir grands aussi. C’est l’ambition d’aller plus loin et d’aller chercher encore plus la performance au fil des compétitions, des années… Il faut bien commencer par quelque chose, nous c’est la Jacques Vabre”, s’amuse à dire Clara.
La jeunesse, un atout ? “On a plein d’énergie à revendre et on va essayer de tout faire pour mettre ça sur la Jacques Vabre. Après, c’est sûr qu’on n’a pas l’expérience de ceux qui naviguent depuis des années. On fera des erreurs, on prendra des bonnes et des mauvaises décisions, mais ça on ne le saura qu’après. En fait, la jeunesse, c’est une qualité et un défaut que ce soit en préparation ou sur l’eau", analyse Martin.
Partager l’aventure
Présents sur les réseaux sociaux, Clara et Martin veulent aussi partager leur parcours en mer mais aussi leur parcours entrepreneurial. “On veut en faire profiter à un maximum de monde, montrer aux jeunes que c’est possible, que quand on veut faire quelque chose, on peut le faire, il faut juste s’en donner les moyens."
On est très fiers avec Clara d’être partis de zéro, on n’avait pas 1 euro, pas de bateau… mais on avait l’envie. On a monté le projet et grâce à Randstad Ausy on a pu le faire. On veut transmettre cette passion, non pas seulement de la voile mais de l’entreprenariat, l’envie d’y aller…
Martin Louchart
La jeunesse et l’envie, l’esprit d’équipe, l’entraide, la solidarité, et le plaisir “car on fait ça par plaisir et par passion”, voilà les valeurs que ce duo normand veut porter tout au long de leur aventure et au delà.
Et côté objectifs sur cette Transat ? “Déjà arriver au bout, parce que le parcours ne va pas être simple. On a un bateau ultra performant. Sans nous, il pourrait faire un podium !” rigole Martin. “Mais on n’a aucune prétention de dire qu’on va faire un classement. Bien sûr on va tout donner pour arriver sur la ligne d’arrivée avec aucun regret et aucun remords, mais on est conscient qu’en 3 mois, on a pas pu se préparer comme on aurait voulu, même si on a pu se préparer un peu avec des personnes comme Miranda Merron (qui a fait le Vendée Globe) ou encore un autre normand, Louis Duc, avec qui on vient de passer 3 jours… “
On a encore une bonne partie du mode d’emploi à apprendre. L’idée c’est vraiment de se faire plaisir, ne pas se mettre en danger, et arriver au bout en ayant bien communiqué sur ce qu’on aura vécu.
Clara Fortin, skipper Randstad-Ausy
Performer autant que possible, se faire plaisir et poursuivre leur projet entrepreneurial sont indissociables. Les deux jeunes normands ont ainsi créé leur structure, Exsailance, dont la mission est de participer à la création et au suivi de nouveaux talents et pas uniquement dans la voile. “On a créé notre vocation et on en est super fiers” se félicite Clara.
Martin vu par Clara… et vice versa
“Martin est très prévenant, quand je grogne il sait que je dois manger quelque chose et il sait quand je suis fatiguée. Il n’hésite pas à me laisser un peu. Et puis il a l’esprit de la bricole, de la débrouille.” Clara à propos de Martin
“Sur les coups de mou, Clara est très forte pour remonter le moral” Martin à propos de Clara.
Et il y a une confiance mutuelle essentielle dans ce type d’aventure !
À noter que Clara Fortin et Martin Louchart, à bord de leur Class40 Randstad-Ausy, soutiennent la SNSM et l’Association Française des Hémophiles.
La Transat Jacques Vabre sur France 3 Normandie
De l’ouverture officielle du village jusqu’à l’arrivée des skippers à Fort de France, France 3 Normandie s'installe depuis le bassin Paul Vatine au Havre pour vous faire partager cette aventure extraordinaire : des pages spéciales, ses journaux d’information régionaux et ses émissions spéciales. Reportages, interviews, portraits de skippers, éditions spéciales du mardi 2 novembre au dimanche 7 novembre pour le départ en direct.