Francis Le Goff est directeur de la Ligue de voile de Normandie. Il a occupé une place centrale à Cherbourg-en-Cotentin pour l'arrivée de la Rolex Fastnet Race 2021 et sera le directeur de course de la prochaine Transat Jacques Vabre. Fastnet, TJV, voile en Normandie au top... Interview !
Sur la Rolex Fastnet Race, course mythique qui est arrivée pour la première fois de son histoire en France, Francis Le Goff, directeur de la ligue de voile Normandie à l'année, a fait depuis la capitainerie de Port Chantereyne à Cherbourg-en-Cotentin le lien entre la direction de course -qui est anglaise- et l'organisation de la ville d'arrivée. "Avec les équipes, on met à disposition les zodiacs, on organise les rotations, on s'assure avec le port de plaisance que chacun va avoir une place pour amarrer son bateau", nous expliquait-il en milieu de semaine.
Nous avons interrogé ce spécialiste et passionné de cette course au large sur la légendaire Rolex Fastnet Race, sur la prochaine Transat Jacques Vabre dont il est le directeur sportif (le départ sera donné le dimanche 7 novembre au large du Havre, à vivre en direct sur France 3) et plus largement sur l'engouement que la voile connaît en ce moment avec une région Normandie particulièrement dynamique dans le domaine.
- La Fastnet 2021 qui est en train de s'achever à Cherbourg a tenu toutes ses promesses avec un beau spectacle, une météo pas évidente et aussi malheureusement pas mal d'abandons... mais c'est ce qu'il fait sa particularité, non ?
Entre Gitana Edmond de Rotschild qui a gagné et les derniers IRC4 qui sont des bateaus de moins de 10 mètre, entre les amateurs et les professionnels, avec une météo engagée et très changeante, comme les courants... cette Fastnet est très exigeante mais aussi très bien placée en plein été, c'est ce qui fait son succès ! Avec en plus une arrivée magnifique ici à Cherbourg-en-Cotentin.
- L'arrivée inédite à Cherbourg, Charlie Dalin vainqueur en Imoca et Alexis Loison bien placé en IRC... la Normandie est à l'honneur sur cette édition 2021 !
C'est vrai ! C'est l'aboutissement d'un travail de longue haleine de la Ligue de voile de Normandie et de tous ses clubs, de la Baie du Mont Saint-Michel jusqu'au Tréport, depuis Le Havre avec tout l'axe Seine jusqu'aux Andelys, il y a un travail de près de 80 clubs à l'année qui forment les marins de demain et on est bien heureux qu'à l'occasion de cette Rolex Fastnet Race, certains d'entre eux s'illustrent aux premières places et pas des moindres, en Imoca et en IRC.
- Dans un peu moins de 3 mois sera donné au Havre le départ de la Transat Jacques Vabre dont tu es le directeur de course : comment se présente cette édition 2021 ?
Ça va être une édition record déjà de par la participation : on est à pratiquement 90 inscrits, dont 24 Imocas, 51 Class40, 7 Ocean50 et 5 Ultim qui seront tous présents au Havre dans les bassins, donc ce sera l'occasion de venir admirer toutes ces machines. Et puis cette Transat qui s'annonce c'est une nouvelle destination vers la Martinique, c'est inédit tout comme les parcours différents pour chacune des classes avec une grande fête -je l'espère- et que la joie revienne en Martinique durement touchée par la crise sanitaire en ce moment. On espère que tout cela sera derrière eux au mois de Novembre et que l'on puisse faire une belle fête à l'arrivée.
- Beaucoup ont dit que cette Fastnet était un test grandeur nature en vue de la Jacques Vabre, côté sportif mais aussi au niveau sanitaire.
La Rolex Fastnet jouait un rôle particulier car elle était qualificative pour la Transat pour ceux qui avaient choisi de courir en double. Cette semaine, certains ont eu des déboires, des démâtages qui nécessiteront de pouvoir remettre le bateau en état pour pouvoir être présent au Havre et faire la qualification entre temps.
Pour le côté sanitaire, le village départ de la Transat, au Havre, sera sous pass sanitaire comme on l'a vu ici à Cherbourg. Les skippers sont pratiquement tous vaccinés donc ça aide. Mais il faut toujours rester vigilant. On a toujours la possibilité d'un confinement avant le départ si on voyait des risques ou que des variants viennent à muter... Ce serait une catastrophe pour la Normandie et pour le Havre qu'on ne puisse pas donner le départ mais c'est pas d'actualité, tout le monde travaille dur pour proposer les meilleures conditions pour pouvoir donner le départ et le faire vivre le mieux possible.
- Le Vendée Globe a été LE grand rendez-vous sportif de 2020, très suivi par les médias et sur les réseaux sociaux... Plus largement, comment expliques-tu l'engouement que connaît depuis quelques temps le milieu de la voile auprès du grand public ?
C'est un des sports qui a été le moins impacté par la crise sanitaire parce que très tôt on a pu faire comprendre, avec la Fédération, avec l'ensemble des Ligues et des clubs, qu'on était en mesure, en extérieur, de pratiquer notre sport avec les distanciations sociales nécessaires. On l'a fait très tôt, on a été suivi, on a pas connu de cluster dans les clubs ou dans les centres d'entraînement. On a respecté des protocoles drastiques notamment sur le Vendée Globe. Donc ça nous a donné de la crédibilité et on a été un sport source d'évasion pour beaucoup de gens. Cet été, il y avait beaucoup de sessions pleines et les clubs tournent à plein. Alors on espère récupérer plein de jeunes les mercredis, les samedis, les dimanches, toute l'année, pour former les marins de demain.