La FNSEA, premier syndicat agricole, considère que les promesses du gouvernement faites l'hiver dernier n'ont pas été tenues. Les agriculteurs envisagent donc de manifester leur mécontentement dès le 15 novembre prochain, et se disent "prêts à aller loin". Rencontre avec un éleveur laitier installé à Catenay, en Seine-Maritime.
Chaque semaine ce sont 400 litres de carburants qu'avalent les tracteurs de Stéphane Donckele, éleveur laitier à Catenay en Seine-Maritime. Un poste lourd dans la gestion de sa petite entreprise, mais allégé ces derniers mois, depuis que l'agriculteur n'a plus à avancer les taxes sur l'essence. Une faveur obtenue de haute lutte l'année dernière, après des semaines de mobilisation du monde agricole, pendant lesquelles l'exaspération des paysans s'était fait entendre dans tout le pays.
Mais voilà qu'une nouvelle colère gronde. La FNSEA, Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles, premier syndicat de la profession, a annoncé cette semaine une nouvelle mobilisation dès le 15 novembre.
Une attente déçue et des promesses non tenues
Sur l'exploitation de Stéphane Donkele, rien n'a changé ou presque, depuis ces mois de mobilisation. Le gouvernement avait pourtant multiplié les annonces, notamment en matière de simplification administrative. Mais les mesures se font attendre, et la trésorerie est à flux tendu en raison d'une mauvaise récolte 2024, ce qui laisse peu de visibilité à l'agriculteur.
S'il attendait beaucoup de ces résolutions, l'éleveur est pessimiste et s'inquiète aussi du nouveau contexte politique.
Il faut recommencer tout, parce qu'il y a eu une dissolution de l'assemblée nationale, un nouveau gouvernement, une majorité un peu différente. Au niveau de l'Europe c'est la même chose. Aujourd'hui je suis désolé de la dire, mais il faut recommencer
Stéphane Donckele, éleveur laitier à Catenay (76), FDSEA 76
Voir le reportage de Maxime Fourrier et Dounia Sirri, FTV
Le nouveau gouvernement Barnier semble pourtant dans la lignée du précédent en ce qui concerne les mesures agricoles. Mais les professionnels craignent que la pression sur les finances publiques ne les concerne aussi. "On va remettre un certain nombre de taxes, sur les carburants, sur les énergies comme l'électricité...à un moment donné on va plus pouvoir charger la barque, c'est pas possible", s'inquiète Stéphane Donckele.
À cela s'ajoutent les négociations en cours sur le Mercosur, ce traité de libre-échange à l'étude entre l'Union Europénne et l'Amérique du Sud. Les agriculteurs craignent une concurrence déloyale, et redoutent que les productions de ces pays ne déferlent sur le marché européen alors qu'ils ne partagent pas les mêmes normes environnementales.
Stéphane Donckele s'était mobilisé à Rouen et en région parisienne en janvier dernier. Il se dit prêt à remettre la pression dès le 15 novembre prochain, tant que le gouvernement n'aura pas calmé leurs inquiétudes, et payé le prix de l'apaisement.