En seulement deux semaines, une dizaine de moutons ont été violemment blessés ou tués par un animal en Seine-Maritime. Les premières constatations "ne permettent pas à ce stade d'écarter la responsabilité du loup" indique la préfecture.
En sortant de sa maison le mardi 30 janvier 2024 à Froberville (Seine-Maritime), vers 22h30, Olivier a fait une macabre découverte : deux de ses moutons étaient tués de morsures à la gorge et en partie éventrés par un animal.
"Une vision d'horreur, un cauchemar"
"J'ai vu un carnage. Roméo, mon agneau de moins d'un an, avait des plaies profondes et ses organes sortaient de son corps. J'ai retrouvé une autre de mes brebis qui avait les mamelles dévorées et dont le corps gisait dans ma mare. Mes deux autres bêtes avaient des traces de morsures à la gorge. C'était une vision d'horreur, un cauchemar", se remémore le Normand.
Partagé entre tristesse et inquiétude, Olivier souhaite surtout savoir qui a eu la peau de ses animaux de compagnie.
Des attitudes de loup ?
La gendarmerie et l'Office français de la biodiversité (OFB) sont venus constater les dégâts à Froberville et mener leur enquête.
La nature des attaques - de nuit, à la gorge des moutons et avec des organes retirés - laisse à penser qu'un loup peut en être l'auteur.
"Les investigations sont en cours. Les observations visuelles opérées ne permettent pas à ce stade d'écarter la responsabilité du loup, mais peuvent également être le résultat d'une attaque de chien" indique la Préfecture de la Seine-Maritime.
Des attaques à répétition
Le mystère plane donc encore sur l'identité de l'animal auteur des attaques. Une situation qui préoccupe les éleveurs et les habitants de Seine-Maritime car les moutons morts chez Olivier ne sont pas un cas isolé.
En seulement trois semaines, au moins deux cas similaires ont été recensés dans un rayon d'une vingtaine de kilomètres autour de Froberville.
Le 17 janvier, un mouton a été tué et éventré à Saint-Martin-du-Bec. Le 24 janvier, quatre brebis étaient égorgées chez un éleveur de Tourville-les-Ifs. Les plaies étaient similaires dans les trois attaques.
"On se dit que c'est sûrement le même animal. Mais on aimerait en avoir le cœur net pour que des mesures puissent être prises ou que les gens soient au courant si un loup ou un chien errant traîne dans le coin", indique Olivier, qui rentre désormais ses deux moutons survivants dans son écurie la nuit pour limiter les risques d'attaques.
Pas de nouvelles observations de loup récentes
La présence du loup en Normandie fait beaucoup réagir. Depuis l'apparition du loup dans le département de la Seine-Maritime fin 2019, environ 80 prédations avaient été attribuées au carnivore entre 2019 et 2022.
L'OFB suit les passages d'individus dans la région et avait mis en place plusieurs dispositifs de récolte de données sur l'animal comme à l'été 2023, après l'observation d'un loup dans la Manche.
Des empreintes isolées et des déjections de canidés avaient été retrouvées à Saint-Côme et Saint-Sauveur-le-Vicompte, deux sites où des moutons avaient été blessés ou tués.
"Depuis, nous n'avons pas relevé de signalements concrets de présence du loup", indique un agent de l'Office français de la biodiversité de Seine-Maritime.
"Les dernières prédations de la part d'un loup remontent au mois d'août 2022. L'animal qui était présent sur le département a été neutralisé lors d'un tir de défense intervenu en Saône-et-Loire en 2023. A ce stade, rien ne permet d'attester que le loup est de retour dans le département" argumente la Préfecture de Seine-Maritime.
Pour rappel, le loup est une espèce protégée. La destruction illégale de cet animal constitue un délit puni de trois ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende en application du Code de l’Environnement, article L415-3.