L’orque perdue dans la Seine, repérée le 16 mai devait être euthanasiée. La préfecture de Seine-Maritime l’avait annoncé dimanche 29 mai 2022. Le mammifère des mers est à un stade avancé d’une maladie : la mucormycose.

>>>>> Mise à jour : L'orque a été retrouvée morte dans la Seine par l'association Sea Sheperd France. Le cadavre de l'animal va être autopsié.

L'orque devait être euthanisée

Epilogue d’une histoire qui tient en haleine les Normands voire la France entière depuis plusieurs jours. L’orque, ou épaulard, repéré dès le 16 mai 2022 près du pont de Normandie et vu ensuite dans le secteur du Mesnil-sous-Jumièges et Jumièges va être euthanasié, annonce la préfecture de Seine-Maritime dimanche 29 mai 2022

La veille, soit le 28 mai, une opération de guidage de l’orque vers la mer a été tentée par une équipe composée, entre autres, de l’Office français de la Biodiversité (OFB), du Groupe d’études des cétacés du cotentin (GECC), des pompiers et d’une brigade fluviale de la gendarmerie de la Seine-Maritime.

Le dispositif de guidage était composé de stimuli sonores et de monitoring par drones. Cette opération, indique la préfecture, a révélé que l’animal avait des réactions incohérentes aux stimuli sonores et un comportement erratique et désorienté tels que "des allers retours d’un côté et de l’autre de la berge."

"Les enregistrements sonores ont également révélé des vocalisations assimilables à des cris de détresse", souligne la préfecture. En début de soirée samedi, face à cette situation, et pour "ne pas aggraver encore son niveau de stress", l’intervention a été interrompue.

L'orque souffre d'une maladie grave de la peau

L’opération a toutefois permis de recueillir des informations sur son état de santé et les mesures de suivi se sont poursuivies le lendemain, dimanche 29 mai avec l’appui de l’ONG Sea Sheperd, intervenue en appui des équipes du GECC pour documenter et préciser la position et les déplacements du mammifère. Les données et les analyses de biologistes et vétérinaires ont révélé que l’animal était dans un état de santé critique, indique le communiqué de la préfecture.

Des ulcérations et une dermatite profonde, laissant apparaître des lésions nécrotiques.

Préfecture de la Seine-Maritime

Communiqué de la préfecture

Selon les experts, l’animal souffrirait d’une mucormycose, une maladie émergente observée sur des mammifères à plusieurs endroits du globe notamment en Amérique du Nord. Les spécialistes n’ont, à ce jour, aucune "connaissance de cas comparables en Europe." Cette maladie est une affection profonde du derme et de l’épiderme susceptible de toucher des animaux immunodéprimés qui peut "s’emboliser au niveau sanguin et atteint les reins, le cœur, et le cerveau ce dernier point étant susceptible d’expliquer le comportement désorienté de l’orque", détaille la préfecture.

La maladie a atteint un stade très avancé au point qu’elle causerait d’importantes souffrances à l’animal. (…) S’il n’est pas encore possible d’établir précisément l’origine de la contamination de l’orque, les experts s’accordent à dire que cette maladie est transmissible à d’autres mammifères marins immunodéprimés.

Préfecture de la Seine-Maritime

communiqué de la préfecture

De manière unanime, le groupe des experts a conclu que "la seule solution envisageable consiste à euthanasier l’animal afin, d’une part de mettre fin aux souffrances subies par l’orque et, d’autre part, de mener des analyses poussées sur la pathologie dont il est porteur."

"Les services de l’état comme leurs partenaires" préparent l’intervention et indiquent qu’ils "ne communiqueront pas pendant sa conduite afin d’empêcher tout rassemblement ou affluence à sa proximité."

Retour sur le parcours de l’orque

Le mammifère marin, un mâle, a été aperçu pour la première fois le 16 mai entre Honfleur et Le Havre, près du Pont de Normandie. Durant plusieurs jours, le GECC était en charge du suivi de son parcours. Le 25 mai, Gérard Mauger, vice-président de cette association, basée à Cherbourg et missionnée par l'OFB pour l'étude et la préservation des mammifères marins en Manche, s’alarmait de l’état de santé de l’animal.  "Le pronostic vital est engagé. On est vraiment très très inquiets. Son état de santé est très dégradé", indiquait-il.

"Plus il reste dans l'eau douce, plus ça va accélérer la dégradation de son état de santé. Elle est très loin de la mer. C'est vraiment compliqué de trouver des solutions pour essayer de l'inciter à reprendre le chemin de l'eau salée", ajoutait Gérard Mauger, fondateur du GECC en 1997. La longueur de l'animal "très amaigri" mais pesant probablement plus d'une tonne est "compliquée à estimer" mais "on est dans les 4/5 mètres" a précisé M. Mauger, "à la forme de son aileron c'est un mâle, même si l'aileron est complètement couché."

Face à ce constat, le vendredi 27 mai, la préfecture de Seine-Maritime décide d’une intervention pour guider l’épaulard vers la mer. Le 28 mai, l’opération démarre et les constats sur l’état de santé de l’animal sont faits. Le 29 mai, la préfecture annonce et explique sa décision de l’euthanasier.

Ce n’est pas la première fois qu’un orque est repéré en Normandie. Début avril dernier, un bateau de pêche a filmé une orque aux environs au large de Grandcamp-Maisy (Calvados).

D'ordinaire, ces animaux sont observés en Ecosse, en Islande, en Norvège ou encore dans le Golfe de Gascogne. Ils pourraient utiliser la Manche comme couloir de déplacement entre la mer du Nord et l’Atlantique.   

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