Un refuge d'animaux à Rouen (Seine-Maritime) déplore une recrudescence d'abandons, notamment de lapins. L'établissement appréhende l'arrivée de l'été, une période marquée par des abandons massifs d'animaux de compagnie.
Avec ses grandes oreilles et sa bouille adorable, le lapin en fait craquer plus d’un. Il est curieux, joueur, affectueux et doux… Pourtant, c’est un des animaux les plus abandonnés en France.
Dans ce refuge de Rouen, les appels pour se débarrasser de cette petite boule de poils n’en finissent plus. “Nous recevons entre 3 et 4 appels par jour concernant les lapins dans la région”, déplore Cécile Royer Martin, présidente du refuge de la SNPA de Rouen.
L'animal le plus abandonné en France
La Normandie n’est pas la seule région concernée par ces hausses d’abandon. La France est championne d’Europe avec ses 100.000 abandons chaque année, dont 60.000 durant la seule saison estivale, avec en tête des abandons : les lapins.
Si ceux qui préfèrent remettre leur animal en forêt ou dans la nature pensent lui rendre service, c’est voué à l’échec, car les lapins domestiques ont peu de chance de survie hors domicile.
Les abandons sont toujours très fréquents, mais depuis 2022, cela s’est aggravé selon les établissements d'accueil. “Nous nous sommes retrouvés avec de plus en plus de lapins laissés sur la voie publique, dans la rue ou dans la forêt, c’est de pire en pire”, déplore Cécile Royer Martin.
Un carton rempli de lapins abandonnés
Dans la mémoire de la présidente du refuge rouennais : ce carton déposé l’année dernière devant son établissement avec 17 lapins à l’intérieur. “C’est désolant”. Il y a quelques mois, le même scénario s’est répété : 5 lapins dont 4 femelles, toutes gestantes.
Entre les animaux retrouvés dans la rue, ceux que les mairies et les gendarmes apportent et les abandons par téléphone, le refuge est submergé. “C’est comme les chats et chiens, les gens n’ont plus le temps de s’en occuper, certains changent de situation personnelle et professionnelle, d’autres développent des allergies”, explique la présidente.
La situation empire depuis 2022
Pendant le COVID et les confinements, tous les refuges ont reçu de nombreuses demandes d’adoption. “Cela faisait une distraction, quand on était à la maison le petit animal était présent, mais depuis que les activités ont repris, l’animal dérange”, note Cécile Royer-Martin.
À en croire les abandons, l’animal est devenu trop encombrant. Car le lapin mérite une attention particulière. L’animal ne doit pas vivre en cage, “certains doivent les enfermer, ce qui rend l’animal agressif”.
Les animaux sont souvent adoptés bébé mais une fois qu’il grandit, il devient moins mignon, donc les gens les abandonnent.
Cécile Royer-Martin, présidente du refuge de Rouen
Avec les vacances du mois de mai et celles de cet été, le refuge craint de nouvelles arrivées car pour le moment, l’établissement est saturé. “Il n’y a pas autant d’adoptants que d’animaux à adopter”, regrette-t-elle. “La fourrière est pleine, il y a encore quatre lapins à l’adoption”.
Pas assez de réglementations
Cécile Royer Martin espère qu’à l’avenir, l’État adopte les mêmes lois que pour les chats et chiens. Depuis le 1er janvier, les animaleries ne peuvent plus vendre ces animaux “pour des raisons éthiques et sanitaires”, ce qui n’est pas le cas pour les animaux de compagnie, comme les lapins.
On n'achète pas un lapin, comme une robe ou un pantalon, il faut bien réfléchir
Cécile Royer-Martin, présidente du refuge de Rouen
“Il faut bien réfléchir avant, même si on trouve mignons les animaux, il faut bien se renseigner sur son bien-être, sa durée de vie, son environnement et être capable de s’en occuper toute sa vie pour ne pas faire d’achats compulsifs”, conclut-elle.